Revalorisation des retraites agricoles

Au mois de mars 2018, le gou- vernement a décidé de bloquer la proposition de loi du groupe communiste citoyen, républicain et écologiste (CRCE) permettant la revalorisation des retraites agricoles à 85% du Smic, en uti- lisant à nouveau la procédure du vote bloqué prévu par l’arti- cle 44-3 de la Constitution.

I# avait fait le choix de laisser les agriculteurs retraités sous le seuil de pauvreté. Certains retraités ne vivent qu’avec 300 euros par mois, c’est une misère au regard des difficultés dont ils ont à faire face.

Ils sont confrontés à des exigences de leur profession alors que l’agri- culture est d’une utilité majeure pour notre économie et pour notre autonomie alimentaire. C’est une maigre pension qui laisse en souf- france au quotidien tant de femmes et d’hommes âgés, confrontés à la hausse du coût de la vie. Ils ont des besoins d’accompagnement et de santé liés à la dépendance.

Aujourd’hui, une nouvelle loi per- met d’assurer la revalorisation des pensions de retraites agricoles les plus faibles. Après la déception pro- voquée par la petite hausse de 1% des pensions complémentaires Agirc-Arcco accordée le 1 er novem- bre dernier, les retraites de base augmenteront elles aussi selon un taux inférieur à la prévision d’infla- tion pour 2021. Fixée à 1,1% contre 0,4% au 1 er janvier 2021, la hausse qui prendra effet le 1 er janvier 2022 pour une traduction sur les pen- sions versées début février. C"est une bonne nouvelle et une avancée pour les petites retraites agricoles.UNE REVALORISATION JUGÉE UN PEU TARDIVE

C"est l"aboutissement d"un long combat qui trouve une issue posi- tive, puisque la loi du 3 juillet 2020 portant revalorisation des pensions de retraite agricole, entre enfin en application. Un exploitant ayant une carrière complète va ainsi pou- voir percevoir 85% du Smic soit 1035 euros net mensuel. Un coup de pouce apprécié certes mais jugé insuffisant et tardif, pour les agricul- teurs guadeloupéens qui, après une vie de labeur, touchent parfois péni- blement 300 à 400 euros par mois de retraite. Cette revalorisation his- torique, effective depuis le 1er novembre 2021, sera versée sur la pension de décembre2021.

Cette mesure concerne les chefs d"exploitation qui ont liquidé l"en- semble de leurs pensions obliga- toires et prennent leur retraite en novembre 2021, ainsi que les retrai- tés actuels.

Il était inacceptable que nos hom-mes et nos femmes agricul- teurs-qui ont travaillé inlassable- ment la terre pour nourrir notre population- ne puissent pas vivre dignement de leur retraite. Au regard des enjeux qui s"y rattachent en matière de transition généra- tionnelle au sein de nos exploita- tions, il faut espérer que cette dis- position puisse favoriser l"installa- tion de nos jeunes guadeloupéens formés aux métiers de l"agriculture.

Maintenant il convient de mener d’autres combats dont la mise à dis- position des terres pour les agricul- teurs, la préservation d’une surface agricole incompressible, pour les revenus, pour que les produits soient payés à leur juste prix.

En clair, permettre aux agriculteurs de vivre décemment de leur pro- duction et faciliter les plus jeunes à la reprise de l’exploitation de leurs parents.

LES AGRICULTEURS TRAVAIL- LANT SOUS D"AUTRES STATUT, CONJOINTS COLLABORATEURS ET AIDANTS FAMILIAUX, NE SONT PAS CONCERNÉS

Cette revalorisation ne concerne en revanche pas les conjoints des chefs d"exploitations agricoles. Une pro- position de loi avait été votée en juin 2021 à l"Assemblée nationale, mais elle n"a pas encore été examinée par le Sénat. Le texte, porté par le député communiste André Chassaigne, prévoit d"augmenter de 100 euros par mois en moyenne la pension des conjoints et des aidants familiaux qui ont travaillé sur les exploitations. Ils touchent, en moyenne, une pension de 604 euros chaque mois. La situation est pire s"ils n"ont pas validé 150 trimes- tres car dans ce cas, leur revenu moyen tombe à 307 euros. En avril 2021, les Chambres d"agriculture dénonçaient ainsi une «revalorisa- tion limitée» mettant de côté ces conjoints et aidants familiaux «souvent invisibles mais pourtant indispensables» au fonctionne- ment de l’exploitation.