Comprendre la crise ukrainienne

UN PEU D’HISTOIRE…

Avec la chute de l’URSS en 1991, l"Ukraine redevient indépendante. Au sud de l’Ukraine se trouve une péninsule dénommée Crimée. Si elle a été rattachée en 1954 par décret à la République socialiste soviétique d"Ukraine (qui faisait alors partie de l"URSS), elle obtient en 1991 le statut de République autonome de Crimée au sein de l"Ukraine indépendante.

En 2004, a eu lieu les élections pré- sidentielles en Ukraine. L’élection du pro-russe Viktor Ianoukovitch est annulée suite aux manifestations de la population ukrainienne soutenues par les gouvernements occidentaux et les Etats-Unis déclarant que ces élections étaient entachées de fraude. Et c’est Viktor Iouchtchenko le candidat soutenu par ces derniers qui remporte ces élections lors d’un troisième tour de scrutin. Dès lors, il s’ensuit alors un rapprochement entre l’Ukraine et l’Union Européenne (UE) et l’Otan ! Mais en 2010, Viktor Ianoukovitch prend sa revanche et devient finalement pré- sident. Mais en 2014, suite à son annonce de mettre fin à l’accord de coopération avec l"UE, une vague de protestations pro-européennes le pousse à fuir en Russie et il finit par être destitué de ses fonctions.

Les protestations atteignent la péninsule de Crimée. Les pro- russes, majoritaires prennent le contrôle du parlement et demande l’aide de la Russie. Un référendum en faveur du rattachement de la péninsule à la Russie est adopté mais non reconnu par pays occiden- taux. Dans la foulée, le parlement de Crimée adopte "une déclaration d"indépendance de la république autonome de Crimée et de la ville de Sébastopol" à l"égard de l"Ukraine ; laquelle est largement approuvée par référendum. Le 18 mars 2014, la Crimée est officielle- ment rattachée à la Russie.

Un mois plus tard, deux subdivi- sions de l’Ukraine proclament elles aussi leur indépendance et devien- nent pour l’une la République popu- laire de Donetsk et pour l’autre, la République populaire de Lougansk. Et depuis, malgré des accords de paix entre pro-européens et pro- russes, les violences ne se sont jamais arrêtées en Ukraine.

D’IMPORTANTS ENJEUX GÉOPO- LITIQUES ET GÉOGRAPHIQUESPar l’étendue de son territoire et l’importance de sa population (45 millions d’habitants), et par sa situa- tion géographique de «zone tam- pon» entre la Russie, avec laquelle elle partage plus de 1500 kilomètres de frontière, et l’Union européenne, l’Ukraine représente un enjeu géo- politique majeur. Outre la Russie, l’Ukraine partage ses frontières avec la Pologne, la Slovaquie, la Hongrie, la Roumanie, la Moldavie et la Biélorussie.

Le pays bénéficie en outre de terres fertiles, d’une excellente hydrographie et d’un climat conti- nental tempéré. Presque la moitié de ses terres sont cultivées (blé et pommes de terre principalement). Or la sécurité alimentaire est un des grands enjeux géopolitiques m ondiaux, dont l’importance croît au fil des années.

Q uant aux ressources naturelles de l’Ukraine, son sous-sol renferme du charbon, du minerai de fer (6ème p roducteur de fer au monde), de l’uranium et du manganèse. Il faut enfin considérer ses usines d’arme- ment qui fabriquent différents élé- ments pour la Russie.

Côté Crimée, les enjeux géopoli- tiques ne manquent pas non plus. A commencer par les débouchés vers les mers chaudes qu’elle permet. Elle dispose en outre d’une impor- tante zone économique exclusive (ZEE) en mer Noire. D’importants gisements de gaz ont été localisés au large de la presqu’île. La perte de la Crimée est, par conséquent, significative sur le plan énergétique pour l’Ukraine. D’autant plus que celle-ci dépend étroitement de la Russie pour ses approvisionne- ments en gaz. La Russie a d’ailleurs utilisé sa position de fournisseur principal de gaz comme un instru- ment stratégique pour maintenir l’Ukraine dans sa sphère d’in- fluence. Car l’Ukraine est aussi un important pays de transit du gaz et du pétrole russes vendus aux pays européens. Un tiers environ du gaz naturel importé par l’UE provient de Russie, et l’Europe est le plus important marché d’ex- portation pour le gaz russe.

L’Ukraine représente aussi un enjeu important dans la rivalité géopoli- tique entre la Russie et les États- Unis. Washington veut intégrer l’Ukraine dans la zone d’influence Euro-Atlantique, dominée par les États-Unis. Côté russe, l’élargisse- ment de l’Otan vers l’Est est consi- déré comme une politique occiden- tale visant à encercler la Russie. C’est dans ce contexte qu’il faut sai- sir la question de l’intégration de l’Ukraine soit au projet d’Union eurasiatique de Moscou soit à l’UE. Dans leur rivalité géopoli- tique, Washington et Moscou appuient des forces politiques dif- férentes : la Russie soutient les parties et le mouvement repré- sentant les populations pro-russes de l’Ukraine, tandis que les États- Unis aident, par divers moyens, les forces pro-occidentales.

ALORS QUE S’EST-IL PASSÉ POURCONNAÎTRE UN TEL REGAIN DE TENSION DANS CETTE RÉGION ?

Il faut rechercher ce regain de tension dans l’attitude du prési- dent ukrainien,Volodymyr Zelensky, élu en 2019 et affi- chant une volonté non seulement d e rétablir la paix dans le Donbass mais surtout d’intégrer l’Otan.

La situation est complexe car la population ukrainienne est très par- t agée entre le fait de garder des liens forts avec la Russie notam- ment commerciales et le sentiment d ’être protégé par l’Otan en matière de cybersécurité, de logistique et de communication. Plusieurs évènements dans la région en 2021 ont provoqué l’ef- fervescence au niveau des fron- tières à l’Est de l’Ukraine :

• la demande de sanctions contre la Russie demandée aux chefs d’états européens par le président ukrai- nien pour négocier avec la Russie de la libération de la Crimée.

• des informations, selon le chef de l’Etat ukrainien, faisant état d"un possible coup d’État contre sa personne.

• l’inquiétude de l’Ukraine face au déploiement par Moscou de dizaines de milliers de soldats pour des exercices près de la frontière ukrainienne.

De son côté, la Russie par l’intermé- diaire de Vladimir Poutine, son pré- sident, rappelle aux Occidentaux la ligne rouge à ne pas franchir à savoir «pas d’expansion de l’Otan vers l’Est». Il dit «attendre une réponse ferme des occidentaux», lui garan- tissant des sécurités immédiates. En réalité, Il estime qu"il s"agirait d"une menace pour la Russie, via notamment l"installation de matériel militaire capable d"at- teindre son pays.

De plus, au moment où les stocks de gaz sont au plus bas en Europe, apparaissent des tensions énergé- tiques entre l’Europe et la Russie. En effet, cette dernière se dit prêt à augmenter les livraisons de gaz v ers le continent européen à tra- vers de nouveaux contrats à plus long terme.

Ainsi, depuis plusieurs semaines, les r encontres se multiplient afin d’apai- ser ces tensions. Les pressions s’exercent de part et d’autre d’une p art par des discours de fermeté et d’autre part par le déploiement de forces armées. Les États-Unis jouent la carte de la soi-disant «unanimité» entre Américains et Européens.

Après avoir laissé les américains prendre les devants dans ce conflit, ce n’est que cette semaine que les allemands et les français ont réagit en rencontrant leurs homologues ukrainiens et russes. En réalité, cha- cun défend ses propres intérêts et par conséquent une possible guerre n’arrangerait personne.

Rappelons nous que la France avait «quitté» l’Otan car non seulement cette organisation défendait avant tout les intérêts américains mais était devenue un facteur de désta- bilisation ce qui était contraire à son but premier ! En réalité, elle n’avait jamais quitté l’Otan réelle- ment. Elle participait aux actions décidées sans être au commande- ment! C’est le président français Sarkozy qui pour des raisons stra- tégiques et pratiques, annonçait le retour de la France au sein de l’Otan, tout au mois au niveau de l’élaboration des opérations et par conséquent dans l’attribution de commandements. Mais en finalité, ce choix n’a fait qu’amplifier l’étouffement de la souveraineté française par l’Otan. C’est la rai- son pour laquelle, de nombreuses voix en France souhaitent la sortie de l’Otan afin que la France puisse retrouver son indépendance.

Mais au fond, que la France sorte ou pas de l’Otan, la vraie question n’est-elle pas de savoir ce que veut vraiment le peuple ukrainien ? Et c’est là, le drame ! Avec l’élection de Victor Zemenski aux élections pré- sidentielles de 2019, l’objectif de réaliser l’unification du pays qui est un pays multiculturel et de mettre fin aux confrontations avait fait naî- tre beaucoup d’espoir. Un espoir vite oublié devant l’échec du prési- dent notamment dans la lutte contre la corruption.

Ainsi, face à une division calquée sur une répartition ethnique et lin- guistique, dessiner et concevoir l’organisation d’une Ukraine paci- fique est le premier étage de la résolution des problèmes du conflit en Ukraine et non celui des intérêts des autres pays !