L’ancien lycée de Baimbridge a vécuLéopold Elatré hantera toujours le nouveau pour sa réussite

A la fin de ce mois de janvier 2022, les derniers bâtiments du lycée de Baimbridge, en façade du Boulevard des Héros, ont été livrés à l’assaut des engins mécaniques pour leur démoli- tion. Ils laissent la place pour de nouvelles structures.

En effet, pour compléter des bâtiments déjà livrés au nouveau lycée, seront édifiés dans cet emplacement des constructions annexes, dont un res- taurant scolaire et trois gymnases. Ce nouveau lycée, flambant neuf, se situera bien dans la modernité du 21 ème siècle, avec même des salles d’examen, ce qui faisait tant défaut à la Guadeloupe.

Cela n’empêchera pas plusieurs générations de se souvenir, avec beaucoup de nostalgie, de leur pas- sage dans ces locaux, en tant que lycéens, personnels de direction, de vie scolaire, d’enseignement, admi- nistratifs, ouvriers et de services. Ainsi va la vie d’une communauté. De grands moments de travail, d’ef- forts, d’exigences, de réussites, pour donner au monde des hom- mes et des femmes aptes à contri- buer au mieux-être de l’humanité, Et on ne pourra pas non plus oublier les évènements malheureux qui ont marqué la vie de cette cité, l’en- deuillant même de façon drama- tique. Comme on n’oubliera pas non plus le mouvement de mécon- tentement des lycéens lors des évè- nements de 1967

. Dans une même famille, seront en mesure de témoi- gner, des parents aux enfants.

En effet, cette cité scolaire a accueilli ses premiers acteurs le 12 janvier 1965. Son histoire, durant 50 ans, a été retracée le 20 novembre 2018, puisque ce n’est qu’en 1968 que furent livrés les derniers locaux.

Certes, aucune trace des anciens bâtiments ne survivra. Seule l’âme de feu Léopold Elatre qui a été à l’origine de cet ancien patrimoine matériel ayant permis la formation de tant de femmes et d’hommes, continuera à le hanter, sans aucun doute, pour favoriser la réussite et la sécurité des personnes et des biens. Et pourtant, à ce jour, aucun geste n’a été fait, aucune parole de reconnaissance n’a été exprimée en son souvenir, ni par les autorités académiques, ni par les différentes communautés lycéennes qui se sont succédé. Celles-ci l’ont-elles su, tout au moins ? Certainement non, avec la réserve que cette informa- tion a été portée au niveau de deux proviseurs, un homme et une fem- me, dans l’espoir que même une salle soit identifiée par son nom !

Et pourtant, feu Léopold Elatre, professeur de Français, d’Histoire, de Géographie et de morale, né le 16 octobre 1916, a combien contri- bué au développement du système éducatif en Guadeloupe et à la valo- risation de l’enseignement tech- nique. Grand syndicaliste et huma- niste affirmé, il a été celui qui a pu obtenir que le site de 14 ha de terre de Baimbridge soit mis à la disposi- tion des autorités de l’Education nationale pour la construction d’abord d’un lycée technique sur 8 ha et les 6 autres ha, réservés pour la construction d’un lycée classique et moderne. Son combat syndical avec les associations de parents d’élèves, a été des plus héroïques pour empêcher l’autorité acadé- mique d’installer en priorité le lycée classique et moderne et l’obliger à accélérer les travaux pour l’héber- gement de ce dernier provisoire- ment dans les mêmes bâtiments.

Cette opération de construction et d’installation s’est développée de 1962 à 1968. Nous avons retracé l’oeuvre éducative de ce compa- triote dans notre édition du jeudi 11 mars 2004, numéro 97, à la suite de longs entretiens avec lui.

Il est à espérer que cette dette de reconnaissance soit honorée, d’une manière ou d’une autre. En tout cas, le peuple guadeloupéen doit le savoir, ce que nous ten