«Nou bon épi sa ! Kòd a yanm ka maré yanm»

Dans une communication publiée le 3 février 2022, David Dahomay, le porte-parole du collectif, «Nou bon épi sa»créé par des «élites» qui se considèrent comme la «société civile», en opposition aux militants politiques, syndicaux ou associatifs, alors que nombre d’entre eux sont des militants défroqués, certains bien planqués aujourd’hui dans les appareils de coercition et de domination du pouvoir français, s’insurge contre l’application du pass vaccinal de l’Etat en Guadeloupe.

Doit-on rire ou pleurer de voir avec quelle rapidité et quelle vexation ce Guadeloupéen qui connaît bien les pratiques des institutions, car cadre territorial de haut niveau, est contraint «de manger son chapeau». On ne va ni rire, ni pleurer, mais simplement rappeler avec force, que les compro- missions, les alliances d’intérêts, n’ont jamais servi l’éthique et la morale. Car, c’est de cela qu’il s’agit.

Dans le plus grand mépris pour la majorité de la population (70%) qui refuse de se faire vacciner, pas simplement parce qu’ils sont des abrutis comme le pense Dahomay et son clan, ignorant avec dédain et cynisme la souffrance de centaines d’agents hospitaliers suspendus de leur emploi et privés de moyens de subsistance, ils ont eu le cynisme d’inverser les situa- tions pour faire des victimes, les «bourreaux».

Sur le parvis du Mémorial Acte, ils ont appelé le préfet au nom du respect de la «loi républicaine» à réprimer les syndicalistes en grève et à «sanctua- riser» l’hôpital. En clair, à en faire un camp militaire retranché. C’est chose faite ! Leur forfait accompli, en bons supplétifs de l’Etat colonial français, ils s’attendaient naturellement à être récompensés pour service rendu.

Dans une lettre ouverte adressée au Premier ministre Jean Castex le 24 janvier, qui avait pour ambition d’échapper à la critique des forces vives du pays, dénonçant leur alignement sans nuance sur les positions de l’Etat, David Dahomay a écrit : «Nous sommes aussi soucieux du devenir de tous ces personnels des hôpitaux suspendus et privés de salaires… dans un petit territoire insulaire comme le nôtre (385.000 habitants) où la situa- tion du chômage est extrêmement préoccupant et la tension sociale extrême, cela pourrait s’apparenter à un licenciement massif aux consé- quences sociales significatives». Mais, quelle tartufferie, après avoir fait matraquer et gazer ce personnel sur le boulevard de l’hôpital ?

Croyant dur comme fer que l’Etat français allait les engager comme facili- tateurs pour lui permettre de «pacifier» la situation. lls ont osé dans la même lettre, cadrer l’application du pass vaccinal en Guadeloupe en ces termes «Son application en l’état ne ferait que rajouter de l’huile sur le feu, et pourrait conduire à de nouveaux actes de violence que nous souhaitons à tout prix éviter». Ils ont accordé leur confiance au préfet de la Guadeloupe qui selon eux, allait dans le bon sens sur cette question.

David Dahomay et ses colistiers viennent d’apprendre à leurs dépens que l’Etat colonial ne fait jamais confiance aux Harkis, aux nègres de la République, aux supplétifs. Il découvre avec stupéfaction que ce préfet en qui il mettait sa confiance, usant de son pouvoir de repré- sentant de l’Etat et du gouvernement Castex en Guadeloupe, igno- rant superbement toutes propositions des élus et des sociaux profes- sionnels a décidé que le pass vaccinal sera appliqué en Guadeloupe à compter du 7 mars prochain. David Dahomay pose cette question :«Emmanuel Macron cherche-t-il à rallumer le feu de la contestation en Guadeloupe ? Il n’a décidément rien compris».

Tout d’abord : la contestation ne s’est jamais éteinte. Elle se poursuivra sous d’autres formes certainement. Deuxièmement, il faut qu’il se rende à l’évidence, Emmanuel Macron a déclaré la guerre à la Guadeloupe en déplaçant la confrontation sur le terrain politique. La résistance à l’oppres- sion et à l’exploitation ne pourra que se poursuivre en s’organisant. L’avenir se jouera sur ce terrain.

Dans cette situation, il faut choisir son camp, sans masko. «Nou bon épi sa ! Kòd a gnanm ka maré gnanm !».