A quand un atelier décent pour l’artiste ?

En dehors du conflit contre l’obligation vaccinale et le pass sanitaire, l’autre sujet qui domine l’actualité porte sur les problèmes que rencontre le monde culturel. Deux ans après notre dernière rencontre avec l’artiste métallurgiste Jean-Luc Dejean, nous avons voulu pren- dre ses impressions.

Depuis notre dernière rencontre enfévrier 2020, votre situation a-t- elle évoluée ?Jean-Luc Dejean :La Ville des Abymes m’a classée sur la liste des artistes abymiens. Cela me donne un avantage par rapport aux autres qui ne le sont pas.

Comment cela se concrétise dansles faits ?

La ville des Abymes a fait appel à moi cette année. Mais, malheureu- sement, la crise sanitaire liée au covid-19 et le plan de relance pour la jeunesse ont cassé la dynamique qui était mise en place. Nous avions un projet ensemble mais compte tenu des aléas, les choses n’ont pu se concrétiser.Vous êtes un des rares sculpteursmétallurgistes contemporains en Guadeloupe, avec un atelier de «fortune» dans une ruelle très fréquentée. Avez-vous déjà reçu la visite de décideurs politiques ayant rapport avec la culture ?

Non point du tout. Cependant, avant de me pencher sur ce pro- blème, j’attendais pouvoir atteindre un niveau sérieux pour passer à une autre étape. Maintenant que c’est chose acquise, malheureusement le covid-19 a fait son apparition et a tout chamboulé

. J’ai adressé un courrier au président de Région Ary Chalus et un autre à l’Assemblée départementale sous la mandature de Mme Josette Borel-Lincertin, les deux collectivités m’ont adressé une réponse de politesse, juste pour m’informer que cela ne rentrait pas dans le cadre de leur politique. Je pense, qu’en Guadeloupe, la cul- ture n’est pas une priorité pour les gens de manière générale. C’est toujours 1% qui est réservé à l’art dans toutes les infrastructures publiques, tout juste ce que prévoit la loi. C’est une somme qui est consommée en cocktails et petits fours par les architectes.Y’a-t-il un véritable espace oùvous pourriez vous adonner à votre passion ?

Non ! Ça n’existe pas en Guade- loupe. Le top, serait un espace régional dédié à la culture, mais c’est un voeu pieu. C’était une pro- messe de la mandature de Victorin Lurel qui n’a jamais vu le jour. Ce qui est aussi regrettant, c’est que chaque artiste se bat dans son coin pour ses propres besoins. Il devrait y avoir une structure unique, comme un office de la culture majeur en charge du recensement des diffé- rentes disciplines artistiques, capa- ble de les accompagner dans leur développement dans l’intérêt général de la Guadeloupe.Etes vous en capacité à former des jeunes dans votre domaine artistique ?

C’est possible, mon objectif est de devenir un maître d’art car il n’y en a pas en Guadeloupe. Je dois partir me former en France. Le rôle de l’ar- tiste c’est : apprendre, créer et transmettre. Ensuite, il nous faudra un show-room pour que nous puis- sions exposer nos oeuvres avec en annexe un atelier pour que nous puissions continuer à travailler.