La fin du match n’est pas sifflée !

Dans ce conflit, la ligne de démarcation entre élus, collectif contre l’obligation vaccinale et le reste de la population est claire. Chacun défend son propre camp et ses propres intérêts.

Le jeudi 17 février, toute la Guadeloupe retenait son souffle espérant que cette fois-ci serait la bonne pour sortir de la crise dans laquelle elle est plongée depuis plusieurs mois. Malheureusement, il n’en fut rien.

Pour couper court aux allégations du ministre des Outre-Mer, Sébas- tien Lecornu, qui dénonce l’inertie des élus locaux, à qui il fait porter toute la responsabilité de la crise sociale, ces derniers, ont comme d’habitude, «pondu» un catalogue de bonnes intentions, dans la préci- pitation, pour prouver à la popula- tion guadeloupéenne qu’ils ont rempli leur devoir, alors que leur stratégie et leur ligne de défense n’ont pas bougé d’un iota.

Fiers de leur exploit, sans gêne, ils n’hésitent pas à s’envoyer des fleurs en qualifiant leur collaboration uni- taire et «historique». Pour autant, rien n’est encore gagné.

Déjà, les critiques fusent venant du collectif contre l’obligation vacci- nale et d’une partie de la popula- tion, déçus de la posture de leurs représentants légitimes. Un cata- logue de propositions de bonnes intentions a été rédigé à la hâte, sans prendre l’attache de l’un des principaux partenaires de ce conflit et remis à la sauvette au président Macron par le président de l’Assem- blée départementale de Guade- loupe, Guy Losbar.

On aurait dit que les élus sont actuellement frappés par l’urgence et font feu de tout bois. Comment comprendre que cette sortie de crise peut intervenir sans le règle- ment du noeud gordien qui n’est autre que la situation des profes- sionnels de santé suspendus ?

On dirait que les élus guadelou- péens sont détachés de la réalité sociale, qu’ils profitent de la période carnavalesque pour garder leurmasque. La plupart d’entre eux oublient qu’ils ont la double cas- quette. Ils sont avant tout, les repré- sentants légitimes des citoyens, c’est-à-dire qu’ils doivent être dans le rôle de «l’avocat» pour défendre les intérêts de leurs mandants et de l’autre, ils sont les courroies de transmission de l’Etat français pour faire exécuter les lois.

Dans ce conflit, la ligne de démar- cation entre élus, collectif contre l’obligation vaccinale et le reste de la population est claire. Chacun défend son propre camp et ses propres intérêts.

Depuis le samedi 12 février 2022, un chef de famille, Denis Delou- meaux, privé de salaire dès le mois d’octobre 2021, a mis dans la balance sa vie en entamant une grève de la faim pour inciter les pou- voirs publics à prendre en compte la situation du personnel soignant sus- pendu et du droit à la vie. Aucun élu à cette conférence de presse n’en a fait état, ni manifesté de compassion envers ce brave hom- me et pourtant tous, clament en choeur aimer la Guadeloupe. C’est dire l’intérêt que portent nos élus au droit à la vie dans cette République qui leur est si chère.

Gérer dit-on, c’est prévoir. Pour assumer ces rôles, reconnaissons-le, il faut de l’étoffe. A l’heure actuelle, pour son salut, la Guadeloupe a besoin de compter sur des hommes et des femmes de la trempe de Delgrès, d’Ignace, de Solitude, de Gertrude, de Massoteau, de Rosan Girard, de Gerty Archimède et de bien d’autres qui ont su marquer leur temps en ayant le courage de se sacrifier pour leur peuple.

Il est grand temps que nos déci- deurs politiques apprennent à écouter, comprendre et cons- truire l’avenir de la Guadeloupe avec les Guadeloupéens qui n’as- pirent qu’à cela.