Un carnaval sous haute protection sanitaire

Ce carnaval, comme bien d’autres est utilisé comme rampe de lance- ment de la lutte engagée depuis tantôt pour la défense des droits et libertés des suspendus mais aussi dans l’intérêt de tous ceux qui subissent les injustices notoires d’où qu’elles viennent.

A près près de deux ans de suspension, à cause de la situation sanitaire explosive ayant entraîné la privation d’une certaine liberté d’aller et de venir, le carnaval 2022 s’avère plus qu’un moment de défoulement. C’est une thérapie pour les adeptes.

L’autorisation accordée par la pré- fecture fut plutôt intelligente. Elle tient compte, d’une part de la situa- tion sanitaire et d’autre part du cli- mat social électrique ambiant qui nécessite un apaisement.

C’est une décision qui fait preuve de sagesse et de responsabilité venant de la part du représentant de l’Etat qui a su concilier protec- tion sanitaire et respect d’un élé- ment incontournable de la culture guadeloupéenne. L’enjeu en vaut la chandelle. Après toute cette période de confinement et de stress intense subi par la popula- tion, cette autorisation prise en concertation avec les organisa- teurs du carnaval et les autres par- tenaires est une soupape de sécu- rité qui contribue à faire baisser la pression sociale et à redonner espoir à un pan de l’économie gua- deloupéenne déjà impacté.

Ce carnaval 2022 est, bien sûr, une porte entrebâillée condition- née par un protocole d’accords qui doit être respecté scrupuleu- sement pour éviter une recrudes- cence du covid-19. C’est le sou- hait de tout le monde.

Il fera date et restera graver dans les mémoires car, très particulier. Il se situe dans un contexte de crise politique internationale, de crise sociale et de crise sanitaire, aigües.

Cependant, les organisateurs ayant été confrontés cette année à une période d’incertitude dans la prépa- ration du carnaval, lequel, habituel-lement, sert d’une manière géné- rale, de baromètre social, de vitrine culturelle pour notre société, parce qu’il est aussi revendicatif, sati- rique, il risque en 2022 de ne pas être en mesure d’afficher pleine- ment cette mission. Néanmoins, le peuple guadeloupéen l’aura cer- tainement beaucoup apprécié, eu égard à l’expérience et aux talents des carnavaliers.

A n’en pas douter, c’est une pre- mière de l’histoire carnavalesque de la Guadeloupe qu’il y ait cette dichotomie entre liesse populaire et crise sociale exacerbée.

En fait, pour défendre leur dignité, leur droit à la vie, leur liberté indi- viduelle et même collective, deux Guadeloupéens n’ont pas hésité à se sacrifier en entamant une grève de la faim aux risques et périls de leur vie.

Pour ceux-là, le carnaval ne peut être un moment de joie mais plu- tôt un moyen d’expression pour dénoncer de manière ostenta- toire la réalité sociale du pays à la face du monde.

Ce carnaval, comme bien d’autres est utilisé comme rampe de lance- ment de la lutte engagée depuis tantôt pour la défense des droits et libertés des suspendus mais aussi dans l’intérêt de tous ceux qui subissent les injustices notoires d’où qu’elles viennent.

Il faut briser le silence car, il y a des victimes vautrées dans le drap blanc de la peur. Des poursuites judiciaires devront être engagées à l’encontre de ceux qui se sont rendus coupa- bles de cette situation délétère.

Le carnaval 2022 prouvera la capacité des Guadeloupéens à s’organiser et à respecter les consignes arrêtées.