La vie d’un jeune dans le désert économique du nord Grande-Terre

Depuis la fermeture de l’usine de Beauport en 1990, c’est tout le Nord Grande-Terre qui se trouve sinistré. Plusieurs communes en ont fait les frais dont les plus touchées sont Anse-Bertrand, Port-Louis, Petit-Canal, Morne-à-l’Eau et, à moindre mesure, la commune du Moule.

Ces communes forment aujourd’hui la Com- munauté d’agglo- mération du Nord Grande-Terre, avec une population forte de 58 344 habitants. Celle-ci totalise 28% de chômeurs.

Face à ce fort taux de chômage, pour survivre, les chômeurs doivent pratiquer la politique du «aide toi et le ciel t’aidera». C’est ce qu’a fait un jeune Port-Louisien, David Nitus- gau qui a dû se débrouiller pour créer son propre emploi. Il a accepté de partager son expé- rience, afin d’encourager les autres inactifs à franchir le pas.

Comment peut-on vous présenter ?

David Nitusgau :Je suis David Nitusgau, Port-Louisien. Je suis chasseur d’images depuis quelques d’années. J’ai commencé par pho- tographier le paysage port-loui- sien, parce que je suis un amou- reux de la nature. Cela me permet aussi de mettre en évidence nos sites historiques abandonnés qui, s’ils étaient entretenus, pourraient trouver parfaitement leur place dans le circuit touristique.

En attendant qu’une décision salva- trice soit prise pour leur restaura- tion, je leur donne une nouvelle vie, je les valorise à l’aide de mes clichés. Nous avons une mangrove, qui est une richesse naturelle pour la commune. Les gens pourront la redécouvrir à travers des tableaux que je réalise.

Aussi, je mets en évidence, à travers ces tableaux, tout ce que nous avons comme monuments histo- riques, tels que l’ancien Palais de jus- tice, le monument aux morts, l’église catholique avec son archi- tecture, le port de pêche…

Je me suis donné pour mission de faire découvrir ou redécou- vrir à la population port-loui- sienne et plus largement aux Guadeloupéens, le patrimoine historique enseveli de ma com- mune, à travers mes clichés.Comment la populationpourra-t-elle en profiter ?

D’ores-et-déjà, elle peut apprécier mon travail qui ne se limite pas uniquement à la photo, en allant sur Facebook. Mon compte est le s uivant : «David Nitusgau ou encore commune de Port-Louis par David Nitusgau ou David Nitusgau photographie, joignable au 0690 14.39.97».

A part de la photographie, exercez-vous une autre activité vous per- m ettant de gagner décemment votre vie ?

Non, je tire mon revenu unique- ment de la photographie et de ses dérivés. J’ai ouvert mon entreprise. Je souhaite plus tard me lancer dans l a fabrication de produits artisanaux en lien avec la photographie. J’ai déjà commencé à démarcher les restaurants et les gîtes touristiques de la commune. D’autre part, je réa- l ise des photos à la demande, pour des baptêmes, des mariages et je fais aussi la livraison à domicile.

Comment se débrouillent les jeuneschômeurs de Port-Louis ?

Je préfère parler de ceux qui cher- chent à s’en sortir comme moi. Pour le reste, je préfère ne pas en parler c ar je pense qu’ils n’ont pas encore trouvé leur voie. Il y a ceux qui ont déjà créé leur emploi comme ven- deurs de cocos, fabricants de bijoux artisanaux… c’est vrai que c’est dur !

Qu’en est-il du développement éco- nomique de la zone ?

Pour le moment, cela ne répond pas à nos attentes. Il faut que les élus qui ont glané nos suf- frages s’investissent plus pour aider les jeunes chômeurs à s’in- sérer dans la vie active.