Au Lamentin : Jocelyn Sapotille retrouve son fauteuil de maire

Incontestablement, Jocelyn Sapotille peut s’enorgueillir de ne pas avoir été dans la situa- tion de la pensée cornélienne : «A vaincre sans péril on triomphe sans gloire», au deuxième tour des élections municipales partielles du dimanche 27 mars 2022. En effet, il avait pleinement conscience de la forte probabi- lité de sa défaite, par une coali- tion de circonstance de deux anciens chefs d’édilité et d’au- tres opposants. Sa carrière se poursuivra-t-elle par un retour au bercail socialiste ou sur le matelas éventuel qui doit l’at- tendre de Guadeloupe unie soli- daire et responsable (GUSR), présidée par Guy Losbar, prési- dent du Conseil départemental ? «Wait and see», pour plagier Lord Herbert Asquith en 1910. Nouvelles Etincelles l’a interrogé à l’issue de sa victoire.

Comment avez-vous vécu cette campagne électorale pour le deuxième tour de scrutin ?Jocelyn Sapotille :Il s’agissait d’une cam- pagne ignoble. J’ai une idée de la politique qui permet de défendre une opinion, une vision du territoire, un programme. Mais, il s’agissait, par exemple, d’acheter«espwa a mal papay». On avait en face, un candidat qui promettait d’acheter le même terrain à six familles différentes. Je parle de José Toribio. Un clientélisme politique que je n’ai jamais vu dans ma vie. Les seules promesses que j’ai faites, ce sont les projets que je vais réali- ser pour le Lamentin. Une bonne partie des gens qui ont voté pour mes adversaires sont des gens à qui on avait promis du rêve.

Sans langue de bois, n’avez-vous pas été préoccupé par une alliance éventuelle ?

Oui, beaucoup ! Alliance ou pas, j’aurais gagné !Qu’est-ce qui a fait pencher la balance en votre faveur ?

Je pense que l’électorat aujourd’hui a changé. La majorité des électeurs vote en conscience. Le vote de rai- son l’emporte sur le vote clientéliste politique. Heureusement d’ailleurs !

Entendez-vous par vote de raison, vote programme contre pro- gramme ?

C’est exactement cela. Et sur la capacité de l’équipe à réaliser ou ne pas réaliser. Ce qui a joué en ma faveur, c’est qu’ils connaissent mon- sieur Toribio. Ils sont témoins de son passage à Lamentin. Ils peuvent comparer les deux mandatures.

La campagne électorale est termi- née, vous avez entendu certaines critiques que vous jugez positives ou négatives. Entendez-vous revoir votre politique ?

Mieux ! Je sors d’une réunion avec des opposants au premier tour qui sont venus me rejoindre au deuxiè- me tour. Je vais refonder mon asso- ciation politique «Lamentin autre- ment»parce que cette campagne m’a donné l’occasion d’entendre des choses venant de personnes avec des critiques positives, et qui sont prêtes à porter leur contribution. J’ai décidé d’ouvrir «Lamentin autre- ment»à des personnes nouvelles.

Envisagez-vous un retour à la mai- son Fédération socialiste ?

Ce n’est pas à l’ordre du jour. Je ne suis pas fâché avec les socialistes. Ils étaient présents à mon combat. Avec la Fédération socialiste, on ne s’est jamais fâché. Je suis dans une dynamique où je demande à la Fédération socialiste de revoir son logiciel, par rapport à la responsabi- lité locale. Il faut s’ouvrir aux forces politiques pour pouvoir construire un projet guadeloupéen, pour plus de responsabilité locale, avec deux principes forts que je défends : le principe de subsidiarité car, on peut faire localement à la place de l’Etat, et mieux; le principe de proportion- nalité et cela ne coûtera pas plus cher aux contribuables d’avoir un Pouvoir fiscal localisé.Présentez-nous trois de vos grands chantiers prioritaires

Le premier est la fiscalité car, on ne peut pas parler de pouvoir local sans une maîtrise de la fiscalité. Le deuxième, c’est l’économie pour pouvoir créer des emplois pérennes dans des secteurs de développe- ment tels, le tourisme, l’agriculture, l’agro-transformation. Aussi des secteurs qui relèvent de l’économie moderne, puisque nous sommes une petite île au carrefour du monde. Avec internet on peut être dans le monde entier. Le troisième, s’il paraîtrait pas fondamental, on se tromperait. C’est la question de l’éducation et de la formation. On est dans un modèle déconnecté avec notre réel, un modèle hexago- nal, assimilé. Il faut sortir de ce modèle assimilationniste. Aujour- d’hui, tous nos jeunes devraient être en mesure de parler trois langues, très tôt : le Français, l’Anglais et l’Espagnol, dans ce bassin caribéen. Avec le créole, cela ferait quatre. Il faudrait aussi revoir les horaires et les programmes pour développer le sport car, ici, l’école fonctionne comme dans un climat tempéré.Que dites-vous à vos adversaires concernant Ravine chaude ?

Je leur dis qu’ils ont tué Ravine chaude. Madame Juliard, avec Ravine chaude fermée pendant cinq ans et monsieur Toribio, pen- dant six ans. Je suis arrivé et je l’ai ouverte, avec des difficultés finan- cières bien sûr mais, comme pour toute piscine communale, avec la subvention d’une collectivité. C’est tout à fait normal. Cette station est appelée à prendre une dimension internationale avec possibilité de traitement des maladies cardio-vas- culaires. L’usi-ne d’embouteillage de l’eau, c’est pour cette année.Avec vos 26 sièges sur 33, com- ment entendez-vous poursuivre votre mandat avec les minorités ?

Le problème chez moi, ce sont des anciens qui constituent une mino- rité cherchant à revenir au pouvoir. Ce n’est pas une minorité construc- tive. Au Lamentin, il y a une majo- rité et une opposition.