Basta les antifascistes d’un soir électoral !

«Quand donc cesseras-tu d’être le jouet sombre au carnaval des autres ou dans les c hamps d’autrui, l’épouvantail désuet». Aimé Césaire

Le Parti Communiste Guadeloupéen, qui se détermine toujours à partir du réel guadeloupéen et en étudiant, à partir de la théorie marxiste, les enjeux de la lutte des classes qui se déroule dans chaque situation considérée, ne s’est pas trompée en affirmant que les élections présidentielles françaises, dans le contexte où elles se déroulaient, n’avaient pas vocation à apporter des réponses aux revendications existentielles de la Guadeloupe.

Conscient que ces élections allaient donné lieu à une confrontation préparée par le socialiste François Mitterrand depuis 1982, entre les forces du capitalisme libé- ral et atlantiste incarnées par Emmanuel Macron et les forces du capitalisme nationaliste incarnées par Marine Le Pen, arbitrées en supplétif par la gauche fran- çaise, le Parti Communiste Guadeloupéen a appelé les électeurs à transformer la colère et les mécontentements qui s’expriment dans le pays depuis près d’un an, dans les urnes, en faisant le choix d’un bulletin «Guadeloupe».

Le nul ne l’a pas emporté, mais pour nous, ce n’est pas une déconvenue, parce qu’aux deux tours des élections, le message a été entendu. Les électeurs ont uti- lisé les bulletins Mélenchon et Le Pen pour exprimer leur colère, effacer le candi- dat Emmanuel Macron qui symbolise à leurs yeux, le mépris, la violence, le racisme, les discriminations qui s’exercent en Guadeloupe depuis juillet 2021.

Il n’y a aucune irrationalité dans le double-vote majoritaire qui s’est exprimé dans les deux tours de ces élections. Les Guadeloupéens ne sont pas devenus fous. La malhonnêteté serait d’interpréter le vote majoritaire du 1 er tour comme une adhésion aux thèses de Jean-Luc Mélenchon et le vote majoritaire du second tour comme une adhésion aux idées de Marine Le Pen. Il s’agit au fond du même vote :Une condamnation sans appel de celui qui exerce le rôle du bourreau.

Alors oui, se pose la question de la lutte contre le racisme, le fascisme, la xénophobie. Les communistes la mènent sans concession en Guadeloupe et partout dans le monde. Lorsque Raymond Viviès et ses nervis bastonnaient les Dominiquais dans les rues de Pointe-à-Pitre et voulaient les noyer dans La Darse, seuls les communistes ont fait rempart de leur corps.

Nombreux sont les Guadeloupéens qui ont traversé sur les petits canots saintois le canal de La Dominique pour aller s’engager dans les Forces françaises libres luttant contre les Nazis et les Fascistes en Europe en 1939-1945. Beaucoup ne sont pas revenus.

Les Soviétiques ont anéanti les forces nazies à Berlin en 1945, mais les germes du fascisme plantés par le Maréchal Pétain en France en 1940, continuent à vivre et à se développer dans la plus grande complicité des classes sociales françaises. Les Guadeloupéens n’ont donc pas enfanté le fascisme dans leur société.

Alors basta, les antifascistes d’un soir électoral ! Dans toutes les réflexions et déclarations qui fusent depuis l’annonce des résultats dimanche soir, une pensée qui donne la clé pour barrer la route à un régime fasciste est absente :c’est celle du père du Manifeste Communiste avec Frederik Engels : «Le fascisme ne peut accéder au pouvoir que dans le contexte d’une désorientation et d’une démoralisation profonde des travailleurs au terme de toute une période d’in- tense lutte de classe». C’est bien la mission assignée à Emmanuel Macron par les «oligarques français».

En 1934, face à la menace fasciste, Maurice Thorez, Secrétaire général du PCF a déclaré : «Il n’y a pas de différence de nature entre la démocratie bourgeoise et le fas- cisme. Ce sont deux formes de dictature du capital. Le fascisme naît de la démocratie bourgeoise. Entre le choléra et la peste on ne choisit pas».

On ne peut pas adorer le veau d’or, le capitalisme, et prétendre lutter contre le capitalisme, la dictature, le fascisme. Tous les hypocrites ou les ignorants poli- tiques qui se gonflent la poitrine, se réjouissent de la fin des idéologies, de la lutte des classes, de la mort des partis politiques, du triomphe de la société civile, devraient faire preuve d’humilité et réfléchir sur leur part de responsabilité dans la progression des idées xénophobes et fascistes dans la société.