Les enseignements du 2 ème tour des élections présidentielles

Sans surprise, Emmanuel Macron a été réélu à la prési- dence de la République fran- çaise, dans le cadre d’une élec- tion, mise en scène par les organes et les instances du pou- voir médiatique, qui font, contrôlent et manipulent l’infor- mation et l’opinion.

En France, sur près de 49 millions d’électeurs inscrits et une absten- tion qui s’élève à 13 millions d’électeurs, auxquels il convient d’ajouter 3 millions de bulletins nuls ou blancs, Emmanuel Macron obtient 18 780 000 voix contre 13 298 000 à Marine Le Pen.

Ces résultats qui montrent une forte progression de l’extrême droite, en hausse de 4 millions de voix par rapport à 2017, ne doi- vent pas nous surprendre. Ils ne sont que l’expression de la dupli- cité de la République française, pour laquelle le racisme est un délit, mais qui légalise les partis sur un projet d’émancipation de la Guadeloupe, pensé avec le peuple guadeloupéen.

Avec la réélection programmée d’Emmanuel Macron, c’est la garan- tie de la continuité de la politique au service du capitalisme ultra libéral et de la finance mondialisé, de la casse des droits sociaux.

En Guadeloupe, le vote massif en faveur de Marine Le Pen, après celui du 1 er tour en faveur de Jean-Luc Mélenchon, traduit la volonté des 48% des électeurs guadeloupéens qui se sont exprimés, d’une rupture avec le macronisme.

C’est une riposte et une réponse, au mépris, aux violences et aux souffrances infligées aux Guade- loupéens par Emmanuel Macron, son gouvernement, ses institu- tions et par l’administration de l’État en Guadeloupe et qui ne dif- férent en rien du racisme avéré du Front National.

C’est une aversion de la condescen- dance et de l’arrogance du prési- dent de la République, de la morgue et du mépris du préfet Philippe Gustin, de la directrice de l’ARS Valérie Denux, de la désinvolture provocatrice de Sébastien Lecornu vis-à-vis du peuple guadeloupéen.

C’est la dénonciation de la répres- sion policière et judiciaire exercée à l’endroit des jeunes, des travail- leurs, des syndicalistes, avocats et en même temps de l’impunité accordée par la justice de l’État français aux empoisonneurs de la Guadeloupe.

C’est l’expression du désarroi, des Guadeloupéens confrontée à l’incu- rie et à l’impuissance des élus gua- deloupéens sensés les représenter, à porter, ne serait-ce qu’un début de réponse aux problèmes récurrents aux quels le pays est confronté qui empirent et demeurent à ce jour sans solutions quels que soient les présidents de la République, les gouvernements et les présidents des collectivités guadeloupéennes qui se sont succédés depuis 1992.

C’est une condamnation sans appel des élus qui dirigent les collectivités de la Guadeloupe, de leur silence, de leurs connivences de leurs petits arrangements politiciens sur le dos des Guadeloupéens.

Le vote massif en faveur de Marine Le Pen, c’est aussi la mani- festation de l’exaspération de très nombreux compatriotes, face à la faiblesse et à l’incapacité des forces qui se revendiquent de l’an- ticolonialisme et de l’anticapita- lisme, à se rassembler et à s’accor- der pour proposer au peuple, à la jeunesse et aux travailleurs guade- loupéens une alternative crédible à la domination coloniale de l’État.

Ces élections présidentielles ont une nouvelle fois montré que de l’extrême droite à la gauche fran- çaise, il y a un large consensus sur l’unité et l’indivisibilité de la République française, niant ainsi, pour ce qui nous concerne, l’exis- tence d’un peuple guadeloupéen différent du peuple français et de ses droits politiques, écono- miques et culturels, droits recon- nus à tous les peuples par diffé- rentes chartes de l’ONU.

Sur ce fondement et fort de la cer- titude qu’aucun homme, aucun peuple, aucun pays ne peut s’épa- nouir et se développer sous la tutelle, la dépendance, et la domi- nation, le Parti Communiste Gua- deloupéen réaffirme la nécessité d’une rupture avec le système actuel de dépendance et de domi- nation politique et économique.

Il faut l’entendre, il n’y aura pas de changement profitable aux travail-l eurs et aux couches populaires de la Guadeloupe tout autant que nous serons assujettis au droit com- m un français et européen et que les décisions qui déterminent notre avenir nous seront dictées par le pouvoir français.

I l faut comprendre qu’il y a une contradiction fondamentale en- tre les intérêts de la Guadeloupe à développer dans l’intérêt du peu- ple guadeloupéen les richesses et ressources du pays et ceux de la France à les exploiter au bénéfice de ses intérêts économiques, géopolitiques et géostratégiques de puissance coloniale.

Au lendemain d’une élection pré- sidentielle française, qui ne peut rien changer à la réalité coloniale de la Guadeloupe et en cette date anniversaire de l’Appel au peuple du 30 avril 1944, qui est l’acte de naissance du mouvement com- m uniste en Guadeloupe, le PCG appelle les hommes de progrès, les forces politiques, sociales, éco- n omiques et culturelles, à sortir des postures, des divisions et des oppositions stériles, qui font le jeu du colonialisme, pour s’accorder sur un projet d’émancipation de la Guadeloupe, pensé avec le peuple guadeloupéen.

Tel est le message qui a été délivré par les électeurs guadeloupéens. Tel doit être notre engagement et notre tâche principale au lendemain de cette élection.