Les 14-15 avril, les FPAC ont présenté leur projet politique et économique pour la Guadeloupe

En effet,le samedi 14 et le dimanche 15 avril 2012,les Forces Patriotiques, Anticapitalistes et Anticolonialistes de la Guadeloupe ont rendu public à la médiathèque de la commune du Lamentin en Guadeloupe le fruit de leurs travaux.

C es Assises ont été ouvertes par un meeting internatio- nal sur le thème «Le droit à l'autodétermination des peuples encore sous domination françai - se et les conditions de son exerci- ce». Les organisations Patriotiques, Anticolonialistes et Anticapitalistes de la Martinique et de la Guyane étaient les invitées. Les tâches en cours dans le contexte actuel ont contraint plusieurs organisations ne pouvant se déplacer comme : le MIM, le MODEMAS, le CNCP, APAMU- MIAMAKEBA à adresser un message de soutien aux organisa - teurs. Le Parti Communiste Martiniquais était représenté par Fernand Papaya et le GRS de la Martinique par Philippe Pierre- Charles. Une déclaration commune a été adoptée à l'issue de cette conférence. La journée du dimanche a été consacrée à la présentation des orientations des FPAC, de la déclaration commune et de la résolution générale. Au cours de ces Assises, les invi- tés ont entendu deux importan- tes déclarations de deux personnalités du camp patriotique et Anticolonialiste : Maître Maurice Marianne le samedi et Mona Cadoce le dimanche

. Nous y reviendrons. Le conseiller général de Grand-Bourg de Marie- Galante Jean Girard qui devait lui aussi intervenir à la tribune des Assises a été retenu par les problèmes posés à l'usine de Grand Anse. A l'issue de la clôture des Assises, nous avons recueilli la réaction des différents responsables des FPAC sur la tenue de la manifestation et de deux anciens Secrétaires généraux anticolonialistes.

Alain Plaisir, Président du CIPPA :

«Cela s'est bien passé, je ne suis pas étonné outre mesure car c'estl'aboutissement d'un travail assi - du. C'est comme à l'école, si on ne travaille pas ce sera l'échec. Sachant que nous avons bien travaillé, j'étais convaincu que cela se terminerait bien. Ce que j'ai aussi retenu, c'est l'intense émotion des participants qui ont réalisé qu'ils étaient entrain de vivre un moment historique. A nous maintenant de transformer ce moment historique en vérita- ble mouvement vers le changement. Nous avons une responsa - bilité, c'est de préserver vaille que vaille l'unité car c'est cette démarche qui nous a permis d'arriver jusque-là. Notre deuxième tâche consiste à produire un programme de tra - vail pour nous rendre effectivement dans le peuple, pour cela nous devons utiliser le même procédé que pour l'organisation des ateliers mais en plus large. Ensuite, il y a une nécessité d'avoir des liens stratégiques entre le mouvement social et nous qui sommes des organisations politiques. Il est important que les deux entités collaborent ensemble. Le mouvement social a sa nécessité pour défendre au quotidien les intérêts de la classe laborieuse, mais en même temps il faut proposer une perspective, un changement réel pour améliorer de manière qualitative la situation du peuple guadeloupéen. Donc, c'est la raison pour laquelle en tant que représentant du CIPPA, je suis conscient de notre responsabilité. Je suis conscient du travail qui nous reste à faire et donc, c'est un moment histo - rique d'espoir mais aussi un moment grave parce que nous n'avons pas le droit de décevoir le peuple actuellement».

Marie-Christine Mirre-Quidal.,Secrétaire Générale, del’UPLG.

«J'en tir

e beau - coup d'enseigne- ments de ces Assises, parce que depuis octo- bre 2010, les cinq organisations se rencontraient régulièrement. Elles travaillaient d'arrache-pied, elles réfléchissaient pour prendre en compte tous les aspects de notre société. Cela n'a pas été facile mais nous sommes quand même arrivés à nous mettre d'accord sur une base, ensuite, nous avons parcouru toute la Guadeloupe pendant plus d'un mois et demi. Au cours de ces dif- férentes rencontres en atelier, nous avons recueilli les proposi- tions, les idées des guadeloupéens. Donc aujourd'hui, cette clôture est un moment important pour moi parce que nous sommes arrivés jusqu'au bout du travail sur lequel nous nous sommes engagé. Nous avons fait mentir l'adage qui dit que : «kon - plo a nèg sé konplo a chyen». Nous avons démontré que lorsque nous avions décidé, que notre motivation était plus forte et que nous étions capable d'atteindre nos objectifs. Maintenant nous allons aborder la troisième phase, ainsi, nous verrons qu'elle méthode de tra - vail à mettre en place pour être percutant. J'ai beaucoup apprécié le moment vers la fin de la matinée du 15 avril, où tous les anciens secrétaires généraux des organisations qui ne s'entendaient pas hier se sont retrouvés ensemble sur l'estrade, c'était pour moi quelque chose de très marquant. D'ailleurs, Danick Zandronis du FNKG qui avait la charge de donner lecture de la résolution finale avait du mal à parler au début tant l'émotion était grande chez lui. Il faut le reconnaître, c'est la première fois dans l'histoire du mouvement patriotique qu'on se retrouvait tous ensemble autour d'une résolution qui nous engage dans un travail qui sera long et pénible. Nous ferons tout pour garder cette dynamique de l'unité».

Ken Kelly dirigeant du COP AGUA :

«C'était une bonne manifesta - tion qui vient couronner les tra - vaux des différents ateliers. Le samedi, il y avait une bonne participation du public, il en a été de même pour le dimanche. Il y a beaucoup de matières à réflexion. Nous devons diffuser très largement les résolutions aux Guadeloupéens, cela leur per - mettra de mieux comprendre notre démarche et y adhérer».

Félix Flémin, Secrétaire Général du PCG :

«J'en tire un enseignement positif dans la mesure où l'objectif recherché, c'est-à-dire ras - sembler les Guadeloupéens, est atteint. En cette phase de clôture, je crois que la majorité des participants a adhéré à la démarche de rassemblement. Ils ont compris la nécessité aujourd'hui pour mener à bien le combat, qu'il faut que les organisations anticolonialistes, toutes celles qui se battent pour l'émancipation de la Guadeloupe et du peuple guadeloupéen se rassemblent. Conséquence, aujourd'hui, nous avons franchi un pas important dans la démarche de construction de ce rassemblement, lequel aura la mis - sion de mener la lutte d'é- mancipation. Donc c'est un premier pas important qui me paraît décisif dans la bonnedirection». S'agissant des résolutions adop - tées, nous allons donc les appli- quer. Nous les expliciterons à l'ensemble du peuple guadeloupéen pour les mobiliser sur ce combatlà. Donc nous ferons le travail d'information, de conscientisation et de mobilisation de tous les Guadeloupéens. Pour cela, nous nous adresserons aussi aux élus, s'ils adhèrent à cette démarche d'émancipation qui a un objectif politique précis, celui de l'éman- cipation du peuple guadelou- péen et une revendication poli- tique concrète, une large autonomie pour la Guadeloupe. T ous ceux qui participent et qui sont d'accord avec cette démar- che ont leur place dans ce rassemblement, dans ce combat-là».

Guy Daninthe, ancien Secrétaire Général du PCG :

«De toute manière, c'est une très belle manifestation à laquelle j'ai assis - té avec un très grand plaisir. L'histoire générale comme mon vécu m'amène à penser que la lutte anticolonialiste n'est pas une route rectiligne. Elle compor - te des avancées, elle comporte des reculs et ses avancées comme ses reculs sont le fait des colonisés, de ceux qui s'agenouillent trop souvent. Heureusement pour ceux qui lèvent la tête et qui luttent, cette journée d'aujourd'hui est une étape qui devrait être historique, qui le sera, cela dépend de vous, de nous aussi dans la mesure qu'il me reste

encore quelques instants de vie. Cela dépendra surtout de la jeunesse de ce pays».

Claude Makouke, ancien Secrétaire Général de l'UPLG :

«Pour ma part, le résultat des Assises est un succès, le processus aussi, dans la mesure où ils l'ont secoué plusieurs fois. Malgré le passé assez tumul - tueux entre les organisations anticolonialistes en Guadeloupe nous sommes arrivés à des conclusions unitaires et cela est une espérance énorme pour notre peuple. Je pense que de toute manière, la situation d'aujourd'hui de la France et de l'Europe est telle, que nous aussi, nous devons tirer les conclusions sur l'application des droits à l'autodétermination de notre peuple, nous y sommes forcés. Cela veut dire que notre peuple doit prendre son destin en main. C'est vrai qu'on nous a mis dans un état tel de consommation et de dépendance que cela est tou - jours très dif ficile. Cependant, je crois qu'aucun pays aujourd'hui, aucun peuple ne peut espérer atteindre sa liberté s'il ne fait pas de sacrifices. Nous aurons des sacrifices à faire ! C'est un terme que certaines personnes n'aiment pas parce que pour certains, nous vivons dans un «adou manman», dans le confort et l'abondance, et que si on parle de sacrifices que leursit uation sera remise en cause. Un des intervenants a fait une citation remarquable, je cite : «Il n'y a pas de liberté sans sacrifice et si on ne le fait pas on aura ni l'un ni l'autre» fin de citation. Moi, je crois qu'aujourd'hui, nous avons pris un bon départ, vraiment, la tenue de ces Assises a dépassé mes espérances. Nous devons tout faire pour maintenir cette espérance, nous devons tout faire pour garder notre unité. Nous devons sillonner dans notre peuple, afin de le convaincre que la vraie liberté est ce que nous lui proposons aujourd'hui et non pas l'assistance».