Document d’orientation des F.P.A.C. Clôture des Assises 14-15 avril 2012 au Lamentin

LE CONTEXTE GÉNÉRAL

La société guadeloupéenne est née de l'extermination des Caraïbes par les colons européens, de la violence esclavagiste, de l'importation d'une maind'œuvre d'origine indienne taillable et corvéable à merci, tout cela organisé et planifié par l'Etat français. Elle s'est enrichie de l'apport de nouveaux migrants : Syriens, Libanais.

La nation guadeloupéenne s'est forgée dans la lutte antiesclavagiste, la résistance à l'exploitation capitaliste et à la domination coloniale. En dépit de son statut de département, de région et de région ultrapériphérique de l'Europe, la Guadeloupe demeure une colonie françai - se sous-développée, confrontée à une crise structurelle qui s'est exacerbée cette dernièredécennie.

Cette crise qui est à la fois politique, économique, sociale et sociétale, se caractérise principalement par :

- La liquidation de la produc - tion et des producteurs gua deloupéens. - L'institutionnalisation de l'assis- tanat comme mode de vie

- La dilapidation volontaire de notre patrimoine foncier

- L'envahissement du pays par ceux qui procèdent à la dépossession des Guadeloupéens de leurs biens et contestent leur droit légitime de décider de l'avenir du pays.

- Le surendettement des familles.

- L'échec scolaire et l'illettrisme. - La montée de l'exclusion et la marginalisation sociale de la jeunesse.

- L'augmentation de la précarité et de la pauvreté.

- Un chômage endémique qui déstructure toute la société et qui frappe tout particulièrement les femmes et les jeunes qui n'ont d'autres perspectives que l'expatriation, l'assistanat, ladébrouillardise.

Malgré toutes ces difficultés, le peuple guadeloupéen garde sa capacité à se dresser contre toutes les formes de pwofitasyon résultant de cette société coloniale

I) LES ORIENTATIONS ECONOMIQUES1- LE CONSTAT

L'économie de la Guadeloupe est une économie coloniale ; une économie de dépendance dominée par de grandes entreprises en situation de monopole sur un marché où seules les entreprises guadeloupéennes sont en situation de concurrence parfois exacer - bée entre elles ; une économie de transfert, de recyclage et de blanchiment de l'argent public en capital privé au profit des entreprises capitalistes françaises et européennes et de l'emploi extérieur .

Une économie de consommation des produits importés, destinée à garantir aux familles descendantes d'esclavagistes et aux grandes entreprises françaises qui exer - cent leur monopole sur l'importdistribution, la rente coloniale dont elles tirent leur profit. La dépendance de la Guadeloupe par rapport à l'extérieur est une réalité incontestable tel que le montre le taux de couverture des importations par les exportations d'à peine 6%. Le déclin économique de la Guadeloupe est caractérisé par le recul de la production au profit d'une économie tertiaire basée sur le principe de l'importconsommation. L'agriculture, qui a constitué un important secteur de la production de richesse de la Guadeloupe est en effet en net recul et représente moins de 10% du PIB (Produit Intérieur Brut). Une pression sans précédent s'exerce sur les terres agricoles au profit de l'urbanisation et de la spéculation foncière, avec une diminution des terres agricoles au rythme de 1 000 hectares par an pour une superficie totale restante de 39 000 hectares. Héritage de l'économie coloniale, la banane et la canne, les deux principales cultures d'exportation sont en déclin et menacées de disparition par les règles de l'OMC (Organisation Mondiale du Commerce) et du fait de notre intégration à l'Union Européenne basées sur le libre-échange et la spécula- tion financière.

Le pouvoir colonial s'est ingé- nié à démanteler notre secteur productif.

L'industrie sucrière, jadis grosse pourvoyeuse d'emplois, connaît un effondrement illustré par :

- La chute de la production qui est passée de 155 000 tonnes entre 1960 et 1969 à 50 000 tonnes de 1992 à 2002.

- L'amenuisement du parc produc- tif ; en effet, de 15 usines jusque dans les années 1960, nous en sommes actuellement à 2 : l'usine de Gardel à Moule et l'usine Grande Anse à Marie-Galante. Notre élevage ne satisfait que 12% de nos besoins, le reste dépend des importations massives d'origines diverses. De même pour la pêche dont la production ne couvre que 50% de nos besoins. Le secteur du Bâtiment et Travaux Publics subit une farouche concurrence des grandes sociétés européennes, qui peuvent librement soumission - ner sur tous les chantiers. L'existence d'une pseudo-indus - trie installée sur Jarry, Jaula etc. constituée d'entreprises qui ne sont quasiment que des entreprises commerciales. Le tourisme, présenté dans les années 1970 comme la panacée et aussi comme la solution à la disparition programmée du secteur produc - tif, n'a pas répondu aux attentes du peuple guadeloupéen en matière d'emplois notamment.

L'économie guadeloupéenne est fortement tertiarisée. En effet, le secteur tertiaire occupe plus de 70% des emplois, avec une forte dominance de l'administration publique. Le commerce et les services se développent et occupent la grande majorité des actifs. La grande distribution a mis à genoux le petit commerce gua- deloupéen. Beaucoup ont disparu, certains se sont franchisés pour arriver à survivre. Ce secteur est dominé par les grandes familles békés.

2- UNE NOUVELLE POLITIQUE ECONOMIQUE

Les objectifs prioritaires sont : la réduction de notre dépendance alimentaire, la création d'emplois, l'épanouissement de l'homme guadeloupéen.

a) un développement endogène et durable

La Guadeloupe doit opter pour un modèle de développement endogène et durable, consistant en la création d'ac- tivités économiques à partir de l'exploitation des potentialités, des richesses et du savoir faire du pays pour répondre au mieux à la satisfaction des besoins de la population. Le développement endogène implique naturellement la recherche d'un nouveau mode de vie, en rupture avec la société de consommation, de gaspillage. Il s'agit d'un mode de vie respectueux de l'homme, des équilibres naturels et de l'environnement, alliant la qualité de vie au niveau de vie. La Guadeloupe dispose de res - sources certaines :

• ses ressources humaines avec des jeunes de plus en plus formés et expérimentés.

• sa terre et son patrimoine fon - cier agricole à préserver.

• L'espace maritime important avec une Zone Economique Exclusive de 90 000 km2 qui bai- gne l'archipel guadeloupéen et ses ressources notamment de nodules polymétalliques.

• Un potentiel de ressources en énergies renouvelables (éolien, solaire, énergies marines, géothermie).

• Le patrimoine de biodiversité.

• L'environnement naturel exceptionnel avec ses plages, ses rivières, ses chutes d'eau, ses sources thermales, ses forêts, sa mangrove.

Sur la base d'une planification élaborée par le Pouvoir guade - loupéen, avec la participation de toutes les parties intéressées, la Guadeloupe doit opter pour un modèle de développement endogène et durable. Modèle qui consiste en la création d'activités économiques à partir de l'exploitation des potentialités, des richesses et du savoir -faire du pays, pour répondre au mieux à la satisfaction des besoins de la population.

b) une stratégie de développe- ment diversifiée et intégrée

La stratégie de développement préconisée est celle de la diversi- fication économique intégrée, consistant en l'utilisation active et intensive simultanément de tous les facteurs favorables de la pro- duction que possède le pays plutôt que celle de la spécialisation.

Cette stratégie permettra :

- d'orienter les forces essentielles de production du pays vers la conquête du marché intérieur.

- d'initier la population aux dif fé- rents aspects de l'activité contemporaine productive, scientifique et sociale.

- de réduire la dépendance de la Guadeloupe envers les différents grands centres de prise de décision économique.

L'économie guadeloupéenne sera organisée autour de quelques pôles de développement liés entre eux : agricultu - re, agro-industrie, pêche, aquacultur e, r echerche scien- tifique, pharmacopée guade - loupéenne, culture, énergie, tourisme, environnement. Une agricultur e diversifiée pour répondre à la demande intérieure sans pour autant négliger les cultures d'exportation créatrices d'emplois et génératrices de devises.

Le choix de l'agriculture

L'agriculture vivrière, principale source alimentaire, est la grande perdante de la colonisation et du libre-échange. Pendant des décennies, la Guadeloupe a favorisé les cultures d'exportation qui ont, pendant une période, fait la fortune des grands planteurs. Dans le même temps, les importations massives venant de France et d'ailleurs ont progressivement remplacé les cultures vivrières, le goût et les habitudes alimentaires. L'agriculture guadeloupéenne ne répond que très partiellement à sa fonction essentielle : nourrir la population (les chif fres des impor - tations sont éloquents). Elle ne permet pas non plus, d'assurer des revenus suf fi - sants aux agriculteurs. Elle n'est pas protégée, car elle est intégrée dans un grand marché européen qui fonctionne sur le principe de la libre circulation des marchandises. Elle est également insérée par le biais de l'Europe dans le marché mondial. Il n'y a donc aucune autre alternative pour conquérir le marché inté- rieur, qu'une soustraction partielle de notre économie aux lois du marché. Cela n'est possible que s'il est mis un frein au libre échange. Pour réussir ces changements fondamentaux il faut au moins que deux conditions soient réunies : un changement statutaire et une volonté politique tendant à l'au- to suffisance alimentaire. Les autres secteurs à développer

L'artisanat de production :bois, constructions, travaux publics, L'artisanat de réparation : auto- mobile, matériel, d'équipement des ménages...

L'artisanat d'art pour favoriser la production artistique et culturelle créatrice de richesses. L'utilisation des nouvelles technologies au service dudéveloppement

Le tourisme diversifié :récréatif, social, de pleine nature, culturel, thermal intégré au tissu socioéconomique s'adressant aussi bien à la clientèle extérieure qu'à la clientèle intérieure. Une poli - tique touristique qui prend en compte toute la dimension du pays et la nécessaire appropriation par les Guadeloupéens. Le tourisme doit constituer un débouché pour la production guadeloupéenne (agriculture, artisanat, culture…)

Les énergies : par le développe- ment et la valorisation des énergies renouvelables : solaire, éolien, énergies de la mer géo- thermique, hydraulique, biomas- se pour réduire les dépenses et la dépendance énergétique, pour favoriser le développement d'une base industrielle.

L'envir onnement et le cadre de vie La protection et l'utilisation rationnelle de l'environne- ment, la lutte contre les pollu- tions, le traitement et la valo- risation des déchets, la gestion des cours d'eau constituent des vecteurs importants de créa - tion et de développement d'acti - vités économiques.

Le r ecyclage et la valorisation des déchets

La recherche et l'innovation scientifique et technique : L'installation de centres de recherches et d'applications en lien avec nos réalités géophy- siques, climatiques, agrono - miques, l'exploitation des ressources minérales, la prévention et la gestion des risques naturels, dans le cadre d'une coopération caribéenne et internationale.

c) Une économie mixte

Le modèle et la stratégie de développement préconisés s'opéreront dans le cadre d'une économie mixte, où le capital privé et le secteur de l'économie sociale (coopératives, associations, mutuelles…) auront à jouer pleinement leur rôle, à côté de la puissance publique guadeloupéenne qui gardera la maîtrise et la gestion des sec - teurs stratégiques, (la terre, la mer, l'eau, la santé, les énergies, l'éducation et la formation, la recherche, les carburants, le traitement des déchets). Création d'un fond à caractère mutualiste dans lequel chacun participera pour financer le déve- loppement de la petite entreprise artisanale et l'agriculture en priorité. Il sera mis en place un organisme chargé de la mise en place de ce fonds fera appel è la solidarité guadeloupéenne pour garantir le développement sur la base d'un barème équitable. Le programme de développement économique sera mis en œuvre par le pouvoir politique guade - loupéen, à partir d'une planifica- tion élaborée avec la participa - tion et la consultation de toutes les parties et acteurs intéressés (administrations, organisations syndicales d'entrepreneurs, de salariés, chambres consulaires, associations d'usagers, universités, institutions de recherche…).

d) Le financement et les outils du développement

Le financement du développe - ment économique et social de la Guadeloupe relève de la respon - sabilité du pouvoir guadelou- péen, qui dans le cadre de l'in- dispensable transition, contractualisera après négociations avec l'Etat français, une dotation glo- bale pluriannuelle de développement et de nouveaux rapports de coopération avec l'Union Européenne, et fondé sur le droit à réparation.

Mais, c'est en premier lieu, la mobilisation des ressources guadeloupéennes qui servira au financement du dévelop - pement économique du pays par la mise en place :

- d'un système fiscal guade loupéen

- redéfinissant la base de cal- cul, l'élargissement de l'assiet- te, l'harmonisation de la fiscalité locale directe.

- maîtrisant la fiscalité indirecte (droits de douanes, prélèvements agricoles, TVA, prélèvement d'une taxe sur les recettes des jeux (PMU - Française des Jeux, et autres taxes…).

L'Etat autonome de Guadeloupe récupérera la totalité de la TVA qui est un impôt payé par le consommateur guadeloupéen et l'impôt sur le revenu perçu enGuadeloupe. Les droits de douane sur les marchandises hors Union européenne et qui sont actuellement perçus au profit du budget européen seront également une nouvelle recette de la collectivité de laGuadeloupe.

De la mobilisation de l'épargne guadeloupéenne

La mise en place d'une politique incitative dans le cadre d'un par - tenariat institutionnalisé avec le secteur financier et bancaire local pour favoriser l'investissement local de l'épargne. La mobilisation du savoir et de l'épargne de la diaspora, particulièrement ceux des guadeloupéens vivant en France.

D'un code des investissements

P our attirer les capitaux locaux et les capitaux extérieurs dans les secteurs d'activités prioritai - res afin d'impulser le développe- ment économique. Ce code devrait faciliter l'installation dans notre pays d'opérateurs capable de soutenir le marché guadeloupéen.

D'une banque de développe ment , alimentée notamment par , l'épargne guadeloupéenne, des fonds publics, des emprunts,...

De dispositifs publics sociaux et fiscaux de soutien aux entreprises (subventions, aides accordées aux producteurs).

D'un organisme public de coopé ration s'inscrivant dans l'intégra- tion économique et politique de la région Caraïbe, sur la base de la complémentarité, de la réciprocité et des échanges solidaires d'après les principes de l'Alternative Bolivarienne pour les Amériques (ALBA).

II) LES ORIENTATIONS D'AMENAGEMENT DU TERRITOIRE

La Nouvelle Politique Economique que nous préconisons implique que nous soyons capables de repenser et de refon- der l'Aménagement de notre ter- ritoire qui devra être une compétence assumée par les futures autorités guadeloupéennes. En effet, chez nous plus qu'ailleurs, l'aménagement du territoire qui a des incidences fortes sur l'économie mais aussi sur la façon de vivre, de travailler, de produire, de se déplacer, de se cultiver, d'échanger avec l'extérieur , de se protéger, de recevoir, de consommer, relève de choix politiques. De par notre histoire, tout a été conçu et décidé pour nous par des personnes étrangè- res à nos réalités. Aménager notre Archipel composé de six îles habitées, c'est s'engager résolument dans un processus de construction et de transformation de la Guadeloupe, avec l'objectif de parvenir à moyen terme à un développement économique auto-entretenu qui s'appuie sur un marché intérieur conquis mais surtout élargi et structuré qui permette la satisfaction d'un maximum de besoins de base. Nombre de paramètres préoccu - pants de l'état des lieux de notre Pays doivent trouver une amorce de solution dans la façon que nous aurons choisi d'aménager notre territoire, à condition que notre stratégie en la matière sorte des chemins battus de l'ad - ministration française et soit résolument innovante, voireaudacieuse. Les défis à relever sont ceux d'un chômage endémique qui plonge dans la précarité plus de 65.000 Guadeloupéens, d'une économie de plus en plus déséquilibrée dans ses échanges commerciaux (2.3 milliards d'importations et seulement 155 millions d'exportations), d'un territoire sujet aux risques naturels et dont la zone de Jarry concentre de façon excessive l'activité économique, d'un réseau routier saturé qui génère embouteillages, perte de temps et de carburant, d'une demande de logements permanente de plus de 22.000 ména - ges, d'un Pays qui perd chaque année 1000 à 1400 ha de terres agricoles, d'une partie impor - tante de la population qui n'a pas d'eau et quantité et en qualité suffisante, d'une production agricole qui décroit d'année en année et d'une population qui vieillit sans les structures adéquates d'accompagnement, d'une jeunesse souvent stigmatisée mais sans réelles perspectives d'avenir. Face à ces indicateurs conjoncturels, la nécessité de grands travaux et d'équipements structurants pour la Guadeloupe (dans les domaines du sport, de la culture, de la santé du logement, de l'économie…) s'impose comme une logique incontour- nable, dans un cadre administra- tif rénové et maitrisé, qui s'ap- puie sur les réalités et contraintes géophysiques de notre Pays. L'idée de la création dans le Nord-Est Grande-Terre d'une ville nouvelle a été retenue, comme facteur prioritaire capable d'impulser activités, emplois par milliers et développement pour les populations des villes d'Anse- Bertrand, Port-Louis, Petit-Canal, Morne-à-l'Eau, Moule et au-delà pour les populations de tout l'ar - chipel guadeloupéen.

La concentration harmonieuse à terme de 15 à 20.000 Guadeloupéens en un même lieu privilégié, avec la possibi- lité de travailler dans l'environnement proche, va concourir à limiter les déplacements et à la sauvegarde de notre foncier menacé par le mitage et les constructionsindividuelles. Il faudra mettre en place une politique de construction tenant compte de :

- La politique d'habitat et les règles de construction que nous préconisons tiendront compte des contraintes foncières de la Guadeloupe et de ses atouts.

- La création et la mise en place d'un Observatoire du Foncier s'avère d'une urgente nécessité.

- La création d'un réseau de transports par rail et par voie maritime reliant les différentes régions de la Guadeloupe a été retenue comme réponses à la problématique du transport des personnes et des marchandises.

- La réservation de zones fonciè - res destinées à un accroissement sensible de nos productions ani - males a été validée, dans la per- spective d'une autosuffisance en viandes sous tendue par une volonté politique.

De mêmes des espaces ont été prévus pour l'implantation de pôles économiques spécialisés dans l'agro-transformation. Enfin, pour se préserver de catastrophes humaines pouvant résulter d'éruptions volcaniques ou de tremblements de terre, la construction d'un port à Pointe- Noire (qui aurait également des ambitions commerciales et touristiques) s'avère nécessaire en cas d'évacuation rendue obligatoire. La question de la sécheresse et de la gestion de la ressource en eau doit trouver un début de réponse avec la rénovation des réseaux devenus obsolètes, mais l'idée de constituer des réserves perma - nentes à partir de la création des lacs artificiels dans les Grands- Fonds est à étudier, car techniquement réalisable !

III) LES ORIENTATIONS SUR LE PLAN SOCIAL SOCIET AL ET CULTUREL

La Guadeloupe est un pays miné par le chômage : - 67 000 chômeurs sur une popu- lation active de 180 000 personnes, soit environ 37%, ce qui représente un taux de chômage 3 fois supérieur à celui de laFrance.

- Les jeunes sont les premiers à être frappés par ce phénomène; le taux des employables de moins de 30 ans était en 2010 de 44,2%. Un jeune sur deux est donc auchômage.

Les bénéficiaires des revenus de solidarité sont en constan- te augmentation d'année en année, ils étaient 31 596 en 2010. Ce qui caractérise la dégradation du marché de l'emploi, mais également l'é- chec patent du système départemental, qui génère de la misère et toutes sortes de déviances.

Par ailleurs, le nombre de SDF (sans domicile fixe) et de person- nes en situation de grande pauv- reté (alerte de la Banque alimen- taire de la Guadeloupe) augmente de façon dramatique. La précarité sociale augmente. Environ 50 000 personnes survi - vent dans la précarité et la débrouillardise (allocations, éco- nomie informelle ou souterraine). La société guadeloupéenne de 2012 se situe toujours dans un système de dépendance vis-à-vis de la Métropole coloniale. Le développement de la société de consommation a accentué notre dépendance vis-à-vis de l'exté- rieur. La Globalisation a raccourci les distances et nous vivons en direct les évènements tant de notre région que de l'extérieur. Les médias ont pénétré nos foyers, les nouvelles technologies prédominent. Le modèle de vie et de pensée occidentale véhiculé par l'appareil idéologique d'Etat (école, médias…) a contribué à déstructurer la famille, la sociétéguadeloupéenne.

La famille qui constitue la cellule de base de toute société, s'éloigne de plus en plus du modèle traditionnel. La modernité l'a dépouillée de son contenu d'au - torité et de hiérarchie. Elle n'arri- ve plus à jouer son rôle dans la mise en place des repères et des valeurs. Malgré tout, la solidarité, l'entraide sont des valeurs qui résistent même si l'individualisme occidental s'impose au détriment de la famille élargie. L'Ecole rencontre les mêmes difficultés tant au niveau de l'Autorité, du respect des règles que des limites à fixer. L'école en Guadeloupe est coupée des valeurs qui sont les nôtres au détriment de valeurs extérieurs. C'est du savoir qui y est dispensé au détriment de l'éducation. Le rapport du Guadeloupéen au travail, les relations humaines, le rapport à l'argent et au jeu sont également problématiques. La culture est le produit de la confrontation de l'homme avec son environnement, phy- sique naturel, son environne- ment physique construit son environnement humain. La culture qui est une façon d'appréhender la vie par une communauté, ne peut pas être détachée du modèle économique dominant. Elle s'estaf firmée dans la résistance.

Des mesures urgentes :

- Mise en place d'un plan de pré- servation et de développement culturel intégrant nos traditions orales et musicales, valorisant la recherche et la pratique de la langue créole.

- Développer une interactivité entre les domaines : culturel, patrimonial, touristique, économique, social, sportif et éducatif. Il a été retenu de répertorier notre patrimoine culturel, historique et immatériel.

- Renouer le dialogue intergé - nérationnel, redonner aux ainés leur place, leur rôle dans la société.

- Mettre en place une cellule d'accompagnement des jeunes créateurs d'entreprises par des retraités du domaine d'activité.

- Créer un Réseau d'entreprises et d'artisans (avec un label) pour accompagner des jeunes.

- Réhabiliter des centres d'éduca- tion et de formation.

- Soutenir les associations œuvrant pour l'insertion sociale.

- Permettre à la famille, par l'organisation générale du pays, de trouver les outils nécessaires à sa mission.

- Appliquer la priorité guadelou- péenne à l'emploi pour réduire le chômage et la précarité qui frappent en majorité les jeunes. Mettre en œuvre un programme (structures, moyens humains et matériels) de prise en charge et d'accompagnement des personnes en rupture sociale. Prendre en compte la problématique des addictions en concertation avec les profession - nels pour trouver les moyens de la désintoxication.

- Ouvrir de grands chantiers dans les domaines de la prévention des risques naturels, de la protec - tion et la réhabilitation de l'environnement, du logement, des bâtiments publics et de santé.

- Etablir un SMIC guadeloupéen indexé au coût réel de la vie pour garantir un pouvoir d'achat décent aux Guadeloupéens.

IV) LES ORIENTATIONS DANS LE DOMAINE DE LA SANTE

Un Projet pour un système de santé adapté dans une Guadeloupe Autonome.

La notion de santé, définie par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) prend en compte la dimension globale de l'être humain : «la santé est un état de complet bien être physique et mental et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité».

A) LE CONSTAT :

La population totale est aujourd'hui de 405 000 habi tants avec une tendance au vieillissement. La densité médicale est d'un médecin pour 819 habitants ; la densité paramédicale est d'un infirmier pour 588 habitants ; la drépanocytose comptabilise 50000 transmet- teurs de l'affection dont 11% de la population est atteinte ; la maladie d'Alzheimer représente 3542 personnes entre 60 et 75 ans et les chiffres tendent vers la hausse. Un homme sur cinq et une femme sur trois souffrent d'hy- pertension artérielle (HTA). Quand on sait que l'hyperten- sion est le précurseur de l'acci- dent vasculaire cérébral (A VC) et de tant d'autres complications possibles, cette proportion estalarmante.

On recense 1500 personnes atteintes du SIDA avec 50 nouveaux cas de plus chaque année ; 10% de la population est touchée par le diabète ; 1 cancer sur 2 diagnostiqué est un cancer de la prostate ; quant à l'obésité, elle est présente chez 55% de la population, 1 personne sur 2 est en surcharge pondérale, 1 sur 4 est obèse. Il faut noter que l'obésité infantile devient un problè - me de santé publique tant elle touche des enfants de plus en plus jeunes.

En matière d'institutions, le sec - teur est organisé par l'Agence Régionale de Santé (ARS). Elle est chargée, avec les partenaires (Région, Département, syndicats) d'analyser les données et d'élaborer les orientations en fonction des besoins identifiés et retenus.

La santé mentale couvre un champ très vaste (addictions, trauma psy, dépressions, suicides, violences…) et ne peut concerner uniquement les psy. Elle nécessite un engagement citoyen de tous et l'ouverture d'espaces d'écoute et de prise en charge à taille humaine.

Le principal constat est le désen - gagement progressif de l'Etat français vis à vis du secteur de la santé en général et des affections à forte prévalence en particulier. Ce qui se traduit par : - un plan d'austérité des dota - tions budgétaires. - une diminution des effectifs enpersonnel. un déremboursement des médicaments et des soins

B) LES ORIENTATIONS :

Un système de santé ne peut se concevoir sans l'apport de l'activité politique, économique etsocioculturelle. Il faut réinscrire la santé dans une politique adaptée au cadre de vie, à l'environnement, à notre culture, dans un système d'économie solidaire qui répond à l'égalité, à la proximité, à l'universalité de l'accès aux soins pour tous.

L'égalité de l'accès aux soins pour tous sera assurée par la création d'un fonds mutualiste guadeloupéen. En matière d'infrastructures, il s'agit de revenir à une architecture adaptée à notre envi - ronnement et aux risques sis- mique et volcanique. Les bâtiments de la taille et de la configuration du CHU de Pointe à Pitre/Abymes sontinadaptés.

Dans le cadre du statut de large autonomie, une structure organisationnelle aura pour mission de définir les grand es orientations en termes de santé dans le cadre d'une compétence partagée avec l'Etat. Par ailleurs, la prévention reste un maillon faible du système de santé actuel. On constate une recrudescence d'affections dont la maitrise dépend pour l'essen- tiel d'un volet préventif performant (tuberculose, leptospirose,HT A, obésité, diabète). Il faut donner une large place à la prévention par l'éducation sanitaire à travers la mise en place d'infrastructures bien réparties sur l'ensemble du Territoire dans sa dimension archipélagique, avec des pôles d'excellence, des pôles généralistes et des actions en milieu scolaire, parascolaire, dans les comités d'entreprises et en milieu ouvert. Il faut rétablir une médecine de proximité, ainsi qu'une médecine traditionnelle par les plantes en complémentarité de la médecine conventionnelle. Les expériences scientifiques montrent que ces deux modes thérapeutiques sont compatibles. Les atouts naturels de la Guadeloupe permettent le développement de la santé par le thermalisme et la thalassothérapie. L'adéquation entre consommation de produits du terroir et optimisation de l'état de santé de la population ne reste plus à prouver.

Dès maintenant des actions peuvent être entreprises pour arriver :

- à la couverture des besoins du territoire en produits sanguins.

- à la réduction de l'obésité par des choix alimentaires adaptés.

Nous proposons la mise en place d'un système public de santé qui prenne en compte les pathologies spécifiques à notre région.

Les compétences seront parta- gées mais le pouvoir de décision en matière d'orientation est la condition première à l'exercice d'un pouvoir autonome.

V) LES ORIENTATIONS SUR LE PLAN POLITIQUE

La départementalisation, abou- tissement de l'assimilation.

La logique assimilationniste, por- tée par l'élite coloniale ellemême et la lutte pour l'égalité des droits avec les travailleurs de France menée par les organisa - tions anticapitalistes aboutirent à la loi du 19 mars 1946 qui érige la Guadeloupe, comme les autres “vieilles colonies” en départe - ment français. Désormais, les lois votées en France sont, “sauf exceptions déterminées par la loi“, applicables en Guadeloupe. Le décret du 30 mars 1948 suppri - me l'autonomie financière des Conseils généraux des départements d'Outre-Mer (DOM) : le Conseil Général de la Guadeloupe ne peut plus voter que les recettes ordinaires et extraordinaires purement dépar tementales. Plus près de nous, suite au rejet de toute adaptation par le Conseil Constitutionnel, la loi du 31 décembre 1982 fait de la Guadeloupe une région monodépartementale : elle est dotée à la fois d'un Conseil Régional et d'un Conseil Général.

La politique assimilationniste, soumet la Guadeloupe à l'intégration européenne.

Intégrée à la France, La Guadeloupe l'est également, depuis le traité de Rome de 1957, à l'Union Européenne (UE). Cette intégration a provoqué le déclin des activités de production et un chômage structurel massif. La disparition de l'Etat providence» (désengagement de l'Etat), la réduction drastique des dépenses publiques, les bouleversements

La politique assimilationniste, soumet la Guadeloupe à l'intégration européenne.

Intégrée à la France, La Guadeloupe l'est également, depuis le traité de Rome de 1957, à l'Union Européenne (UE). Cette intégration a provoqué le déclin des activités de production et un chômage structurel massif. La disparition de l'Etat providence» (désengagement de l'Etat), la réduction drastique des dépenses publiques, les bouleversements observables au niveau de la situa- tion internationale et plus préci - sément l'exacerbation de la crise du capitalisme mondialisé surtout en zone Europe ne permet de nourrir aucun espoir d'amélioration. Au contraire : nous allons droit vers des lendemains quidéchantent.

Le statut quo départemental a montré ses limites : il ne peut permettre le développement. Quant à l'intégration euro- péenne, elle est catastrophique pour notre pays, car elle nous insère contre notre gré, dans la mondialisation capitaliste et nous assujetti à des règles et à des normes incompatibles avec nos réali - tés et nos besoins. Nous proposons une orientation en rupture avec le système assi- milationniste : Un statut politique de large autonomie. - Il s'agit d'un statut de transition, dotant le pays d'une large auto- nomie, résultant d'une négocia- tion avec le pouvoir colonial français, sur le fondement du droit inaliénable et imprescriptible du peuple guadeloupéen à l'autodétermination.

Un statut nous permettant d'établir de nouveaux rap ports avec la France, avec l'Union Européenne et avec la Caraïbe sur la base d'une coopération librement consentie et dans le respect des intérêts guadeloupéens.

Le statut de large autonomie

Il doit conférer à la Guadeloupe un pouvoir politique avec des moyens législatifs et réglementaires lui permettant de :

- déterminer les orientations et les moyens de son développement en fonction de ses seuls intérêts véritables pour porter une réponse aux problèmes qui assaillent les Guadeloupéens.

- d'assurer la sauvegarde de son patrimoine foncier et naturel, la protection et la promotion de son identité culturelle.

- de réglementer et de contrôler la circulation des personnes, des marchandises et des capitaux.

Compte tenu des réalités écono- miques, sociales et politiques de notre pays, du contexte international, le statut de large autonomie tel que nous le proposons se traduit par la mise en place d'un pouvoir politique guadeloupéen sur la base d'un partage de compétences , avec l'Etat français. Les institutions du statut de large autonomie :

- Une Assemblée délibérante élue pour 5 ans au suffrage universel et au scrutin proportionnel, en charge de voter les lois relevant des domaines de compétence du pouvoir guadeloupéen.

- Un Conseil de gouvernement d'une dizaine de membres, choisis dans ou en dehors de l'Assemblée, élu et responsable devant elle et en charge de la mise en œuvre de la politique et des décisions de l'as - semblée et disposant du pou- voir réglementaire.

- Un Comité consultatif composé de représentants des sphères économiques, sociales, éducatives, culturelles, sportives….

- Un organisme indépendant en charge de la vérification de la sincérité de la comptabilitépublique.

La répartition des compétences dans le cadre du statut de largeautonomie

Après négociation avec l'Etat français d'une dotation budgétai- re globale pluriannuelle, le pouvoir guadeloupéen s'exercera sur la base d'un partage de compétences avec la France, dans le cadre d'un statut d'association avec l'Union Européenne.1- les compétences de l'Etat

- La defense, - La monnaie,- La nationalité et l'Etat civil, - La justice,- La politique étrangère, - Le régime de sécurité socia - le, de retraites, d'allocationsfamiliales.

2- Les compétences partagées entre l'Etat et le pouvoir autonome Guadeloupéen :

- La sécurité civile et publique.

- L'organisation de la santé. - L'organisation du système scolai - re et les programmes éducatifs.

- La recherche et l'enseignement universitaire

3 - Les compétences pr opr es du pouvoir autonome guade loupéen

Il disposera d'une compétence étendue dans tous les domai - nes qui ne relèvent pas de celles qui ont été expressément dévolues à l'Etat ou partagées avec lui.De manière non exhaustive :

- Le développement économique.

- Le patrimoine foncier et agricole - L'espace maritime de l'archipel guadeloupéen.

- La circulation des personnes, des biens, des marchandises et descapitaux.

- La réglementation fiscale et douanière.

- La réglementation et le contrôle des prix.

- L'organisation des transports terrestres et maritimes.

- L'aménagement du territoire, la protection de l'environnement.

- La politique énergétique et de l'eau.

- La formation. - La coopération internationale.

- La politique culturelle, les arts. - La gestion et le développement des moyens d'information, de communication audiovisuelle et des télécommunications.

- La gestion des déchets.

Ce projet d'émancipation ne pourra pas aboutir sans la mobilisation consciente d'une majorité de Guadeloupéens. Pour y arriver , il faut un projet cohérent, argumenté et crédible, qui pré- voit une amélioration des conditions d'existence du plus grand nombre et particulièrement des classes laborieuses.

De la nécessité de l'unité

La politique assimilationniste de l'Etat français a toujours été com- battue par les forces anticolonialistes, mais faute d'unité straté - gique, notre combat n'a pas encore pu trouver un débouché à la mesure des enjeux. Aujourd'hui, compte tenu des leçons tirées de nos échecs respectifs, nous repartons dans l'unité à l'offensive contre le statut colonial, animé d'une réelle détermination d'aller jusqu'à notre émancipation. “Là où il y a une volonté, il y a un chemin.” Cette volonté se traduit dans les faits par la nécessité d'offrir une alternative crédible au peuple guadeloupéen dans les domaines politique, économique, social, culturel et sportif. Ce projet d'émancipation ne pourra pas aboutir sans la mobilisation consciente d'une majorité de Guadeloupéens. Or, comment arriver à cette mobilisation sans un projet cohérent, argumenté et crédi- ble, qui prévoit une améliora- tion qualitative et quantitati- ve du plus grand nombre et particulièrement des classes laborieuses ?

T ravailler à l'émergence d'une Autorité Politique

Pour les organisations patrio- tiques, anticolonialistes, anticapi- talistes regroupées au sein des Assises : CIPPA, COPAGUA, FKNG, PCG, et UPLG, la tâche politique stratégique qui s'impose est clai- re : l'émancipation nationale et sociale du peuple guadeloupéen. Pour atteindre cet objectif, les organisations s'inscrivent dans le cadre de la lutte politique démo- cratique de masse en vue d'obtenir l'adhésion, la participation et la mobilisation du peuple guade - loupéen. En outre, les différentes organisations s'engagent à tra - vailler à l'émergence d'une véri - table Autorité Politiquedont la mission est de mener et de concrétiser la lutte d'émancipation. Notre démarche et notre revendication politique ont pour fondement le droit à l'autodétermination des peuples, conformément à la Charte des Nations Unies qui reconnaît à tous les peuples le droit de décider eux-mêmes du système de leur choix. Ce droit naturel et imprescriptible appartient au peuple guadeloupéen et à lui seul ; aucune puissance étrangè - re, aucune institution de l'Etat colonisateur ne peut décider de la forme, du contenu, des limites à l'exercice de ce droit à s'affranchir de la domination.

Pour rendre effectif l'exercice de ce droit à l'auto-détermi - nation du peuple guadeloupéen, la démarche suivante est proposée :

- Une action politique de masse pour imposer de rayer le nom de la Guadeloupe de la liste des pays cités dans l'article 72.3 de la Constitution, comme “population” dans le peuple français.

- La mise en place d'une Assemblée Constituante, élue au scrutin de liste à la proportion- nelle intégrale, ayant pour seule compétence l'élaboration d'un projet de Statut politique pour laGuadeloupe.

- La consultation du peuple gua- deloupéen sur le projet de Statut.

Alliances et Relations à Privilégier

Les Assises ont pour vocation le regroupement aussi large que possible d'organisations poli- tiques, sociales, culturelles, associatives et tous les Guadeloupéens qui le souhaitent dans le but de constituer une force de décolonisation dont la cohérence sera basé sur un PRO- GRAMME POLITIQUE, ECONO - MIQUE, SOCIAL, CULTUREL et SPORTIF pertinent et ambitieux pour le Pays GUADELOUPE.

Toutes les structures politiques dont l'objectif est l'émancipation réelle de la Guadeloupe conviennent de la nécessité urgente de l'instauration d'un pouvoir guadeloupéen. Elles conviennent également que le changement de Statut qu'elles appellent de leurs vœux ne peut pas être l'œuvre d'une seule organisation, mais celle d'une entité multiple, dont les memb- res, sans renier leur propre fondement théorique, s'accordent sur l'essentiel : L'émancipation du peuple guadeloupéen.

La culture, la revendication iden - titaire, le vivre ensemble et l'uni - té ont de tout temps servi de fondement aux peuples pour leurémancipation.

Sur la base de ces convictions partagées, il nous appartiendra de proposer à tous ceux qui, comme nous, luttent pour une Guadeloupe débarrassée du colonialisme fran - çais, une alliance stratégique, pour que sans esprit de pri- mauté ou de compétition, nous parvenions à mettre en mouvement le peuple guadeloupéen à travers toutes sescomposantes.

Une approche objective de notre environnement politique, social et culturel actuel nous permet d'avancer des pistes :

* de rapprochements ou d'allian- ces dans les sphères suivantes : - politique- sociale- économique- culturelle

* des relations à privilégier avec - Les fédérations sportives. - La jeunesse guadeloupéenne. Les différentes confessions religieuses (sans perdre de vue cependant que notre program- me politique est laïc).

- L'émigration. Les organisations internationales. - Les organisations progressistes des dernières colonies françaises. - Les pays de la Caraïbe et de l'Amérique latine.

Néanmoins, l'élément décisif demeure la mobilisation des forces progressistes guadelou- péennes (comptons d'abord sur nos propres forces) autour d'un Programme élaboré col- lectivement par les organisa- tions anticolonialistes et les Guadeloupéens qui s'y enga- geront dans le cadre des Assises des Forces Patriotiques, Anticolonialistes et Anticapitalistes.

Pour les organisations Patriotiques, Anticolonialistes et Anticapitalistes : CIPPA, COPA- GUA, FKNG !, PCG, UPLG regroupées au sein des Assises la tâche politique et stratégique qui s'im - pose est claire : L'émancipation du peuple guadeloupéen.

Notr e démar che et notre revendi- cation politique ont pour fonde - ment le droit à l'autodétermina- tion des peuples, conformément à la charte des Nations Unies qui reconnait à tous les peuples ledr oit de décider eux-mêmes du système de leur choix.

En prenant appui sur ce droit légitime, conscients du niveau de développement socio-his- torique de notre communauté nationale dans le contexte de la crise mondiale du capitalis- me, les organisations Patriotiques, Anticolonia-lis - tes et Anticapitalistes font le choix de la responsabilité en pr oposant au peuple guade- loupéen de travailler à la construction d'une Autorité Politique comme force organisée pour la conquête d'un Statut de large Autonomie, domiciliant le pouvoir poli - tique guadeloupéen.

Les objectifs assignés à ce pou- voir politique sont la mise en œuvre d'une nouvelle politique économique sur la base d'un modèle de développement endogène, créateur d'activités et de richesses pour la satisfac - tion des besoins de la popula - tion et l'épanouissement de l'homme guadeloupéen.