Les Assises des F.P.A.C. 14 et 15 avril 2012
DECLARATION COMMUNE DECLARATION COMMUNE
Les organisations Patriotiques, Anticolonialistes et Anticapitalistes, présentes au meeting international de solida- rité, organisée par les F.P.A.C le samedi 14 avril 2012 au Lamentin en Guadeloupe,
Déclarent solennellement que, la Guadeloupe, la Guyane, la Martinique ne sont pas terre française, ni géographique - ment, ni économiquement, niculturellement. Ce sont des pays de la Caraïbe dont la France a pris possession par la violence et l'extermination des peuples autochtones et de leur civilisation.
Elles af firment que sur ces ter - res, se sont constitués des peu - ples issus de plusieurs mouve- ments de peuplement, qui ont forgé dans la résistance à l'esclavage et dans la lutte contre l'exploitation et l'op- pression coloniale : une identi - té, une culture, une langue.
Elles constatent que, malgré les mensonges officiels de la diplomatie française et les fictions juridiques faisant de leurs pays des départementsrégion de France ou des régions ultrapériphériques de l'Union Européenne, la Guadeloupe, la Guyane, la Martinique restent, en ce début du XXIe siècle, des colonies sous administration de l'appareil d'Etat de la France.
C'est ce système d'exploita- tion colonial, directement responsable du non développement, de la misère sociale, de l'aliénation culturelle, du génocide par substitution, de la crise politique et morale qui déstructure nos sociétés.
L'EXIGENCE DE DECOLONISA TION
Les arguments avancés par les agents du pouvoir colonial sur les prétendus handicaps structurels de ces pays insulaires ne peu - vent plus masquer cette réalité que : la faillite économique et le marasme social installés durable - ment en Guadeloupe, en Guyane et en Martinique trouvent leur origine dans les rap - ports de domination imposés par la France à ces pays. Il est indis- cutable que le développement d'une véritable économie dans ces pays, comme base matérielle pour construire une nouvelle société orientée vers le progrès humain, la planification écolo- gique, la justice sociale, l'épanouissement culturel, la coopé - ration entre les peuples exige de rompre avec cette domination, de faire sauter le carcan colonial.
LA VOIE DE LA DECOLONISA TION
Contrairement à ce que prétend la France, les peuples de Guadeloupe, de Guyane, de Martinique ne se sont jamais, dans le respect du droit interna- tional, prononcé sur leur avenir. La loi de départementalisation du 19 mars 1946 votée à l'Assemblée Nationale Constituante française par les députés de la nation qui opprime, ne peut pas être considérée comme un acte de décolonisation. Aucontraire, elle constitue un artifice juridique qui perpétue et aggrave la dépendance coloniale.
La réforme constitutionnelle française de 2003 qui prétend transformer unilatéralement les peuples des pays dominés en des populations dans le peuple français, est une forfaiture de plus, une atteinte aux Droits de l'Homme d'un Etat qui manœuvre pour maintenir ce qui reste de son empire colonial pour la défense de ses intérêts écono - miques et géopolitiques.
Les organisations présentes à ce meeting, en cette 2e année de la 3e décennie de la décolonisation proclamée par l'ONU, exigent de l'Etat français, la reconnaissance du droit inaliénable de leurs peuples à l'autodétermina - tion tel que le prévoit la résolution n°1514 de l'ONU et la mise en œuvre des recommandations de la résolution adoptée par l'Assemblée générale de l'ONU le 10 décembre 2010.
Les organisations exposent que, l'exercice du droit à l'autodéter- mination dans le cadre d'un processus démocratique doit viser un double objectif : l'élimination de la domination politique française et européenne, mais aussi la sortie de l'économie de leur pays du contrôle des capitalistes français et étrangers.
LES MOYENS DE LA LUTTE DE DECOLONISATION
Les organisations sont conscien- tes que le succès de la lutte de décolonisation dépend de l'unité d'action de toutes les couches populaires et des éléments les plus avancés de la bourgeoisie dans leurs pays respectifs pour faire aboutir un projet d'émancipation économique et politique et aussi de leur capacité à mobiliser la solidarité internationale sur leurs revendications.
Elles s'engagent à élever le niveau de la lutte dans leur pays pour rassembler toutes les Forces Patriotiques, Anticolonialistes et Anticapitalistes, tous les Progressistes et les Démocrates avec pour objectif la résolution de la tâche historique de décolonisation.
Dans cette perspective, elles considèrent comme tâches prioritaires :
- La suppression du nom de leur pays de l'article 72.3 de la Constitution française les transformant en population dans le peuple français.
- La mise en place dans chaque pays d'une Assemblée Constituante comme espace démocratique pour l'exercice du droit à l'autodétermination.
Les participants rappelant que leurs peuples font face au mêmecolonisateur , réaf firment leur volonté de développer et de renforcer leur solidarité et l'unité d'action avec toutes les forces de progrès engagées dans la lutte contre le colonialisme, la mondialisation capitaliste et contre toute les formes d'agression qui portent atteinte à la dignité des hommes et à la sou - veraineté des peuples.
Le Lamentin, le 14 avril 2012