Le fait syndical guadeloupéen toujours à l'ordre du jour ?

La reconnaissance du fait syndical guadeloupéen était une des revendications phares de la plate-forme de revendication du LKP en 2009.

Cela signifiait que l'action syndicale en Guadeloupe ne pouvait s'exercer uniquement dans la recherche de l'application stricte des lois et règlements qui organisent l'action sociale en France.

Cette exigence part d'une réalité incontestable, mise en évidence des débuts du mouvement social en Guadeloupe, que les structures sociales et la façon dont s'exercent les rapports d'exploitation en Guadeloupe ne sont pas identique à la situation en France.

Le syndicat de classe, la confédération syndicale de la Guadeloupe a été la première expérience d'une centrale syndicale des salariés indépendant de toute tutelle d'un syndicat national français. La CGTG en pr enant naissance en 1961 à la place de l'Union départementale CGT a inversé le rapport de filiation en le remplaçant par des rapports de coopération entre syndicats indépendants.

Ce mouvement d'indépendance syndicale par rapport à la tutelle des syndicats français s'est poursuivi avec la création à partir des années de syndicats comme l'UTA, l'UPG, alliant la revendication sociale à la revendication de la responsabilité et d'une posturenationaliste.

A partir de cette époque, s'est développée une forme de syndicalisme en rupture avec le syndicalisme de la recherche de la seule égalité des droits avec les travailleurs français.

Dès les années 1980, on peut considér er qu'un mouvement syndical guadeloupéen avec la CGTG, L'UGTG, le SPEG, la CTU, L'UPG alliant les revendications sociales, cultur elles et politiques occupait tout le champ de confrontation sociale en Guadeloupe.

Un syndicalisme de type nouveau qui se voulait national mais, traversé par toutes les contradictions du monde capitaliste à dominance colonialiste dans laquelle s'organise la lutte revendicative en Guadeloupe.

En 2009, ce syndicalisme a porté le mouvement social hors des frontières des luttes corporatistes pour poser les véritables problèmes de toute la société guadeloupéenne.

Ce mouvement social dirigé par le LKP a été un véritable laboratoire pour les organisations internationales de lutte de classes.

Mais déjà, le mouvement syndical français aux prises avec ler ecul de la syndicalisation en France, et déjà engagé dans une sorte de mutation débouchant sur une forme de syndicalisme d'accompagnement du système, se positionnait dans une démarche de cooptation des syndicats de la «périphérie».

Cette démarche est à l'origine de cette loi de 2008 négociée par la CGT et la CFTDT qui remet en cause la représentativité des syndicats guadeloupéens.

Cette question de l'indépendance des syndicats guadeloupéens est posée et existait déjà au moment de la grande confrontation de 1989 et dans la plus grande retenue de nos centrales syndicales. Pourquoi ? Cette question mérited'êtr e éclairée et nous nous y emploierons.

Aujourd'hui, la CGTG est tiraillée par cette question qui se traite dans ses conclaves. La CGT France, prenant appui sur cette loi demande tout simplement à la CGTG de r etour ner à la situation de 1961 pour redevenir une de ses fédérations.

Le procès intenté par la fédération énergie CGTG à la Direction de la société EDF France pour la reconnaissance de la section qu'elle vient de créer dans l'entreprise alors qu'existe une section syndicale CGTG dans l'entreprise est l'illustration d'un malaise qui risque de déchirer la confédération CGTG de la Guadeloupe.

Le pire, c'est que tout cela se passe dans la plus grande indifférence ou mutisme des syndicatsguadeloupéens.

On comprend mieux pourquoi les revendications qui ont une sensibilité nationale telle que la reconnaissance du fait syndical guadeloupéen ont disparu de la plateforme appelant à la mobilisation pour le 1ermai 2015.