HAÏTI : LES NATIONS UNIES DÉPLORENT LES GRAVES RÉPERCUSSIONS DE LA VIOLENCE DES GANGS ARMÉS SUR LES DROITS HUMAINS SUR LE PAYS

«La recrudescence de la violence, impliquant des bandes lourdement armées, dans la capitale, Port-au-Prince, entraîne de graves répercussions sur les droits humains», dénonce la haute commissaire des Nations unies aux droits humains, la Chilienne Michelle Bachelet, dans un communiqué en date du mardi 17 mai 2022, publié sur le site de l’institution.

«Les autorités haïtiennes, avec le soutien de la communauté internationale, doivent réta- blir rapidement l’état de droit et protéger la population contre la violence armée», exhorte Bachelet.

Elle évoque l’impact sévère de la violence des gangs armés sur les droits humains les plus fondamentaux des personnes. «Des dizaines d’écoles, de centres médicaux, d’en- treprises et de marchés restent fermés, et de nombreuses personnes ont du mal à trouver des produits de base, notamment de la nour- riture, de l’eau et des médicaments», relève Michelle Bachelet.

«Au niveau des deux principales routes natio- nales, reliant la capitale, Port-au-Prince, au reste d’Haïti, les restrictions à la circulation des personnes et des biens pourraient égale- ment avoir des effets dévastateurs à long terme sur la situation économique déjà diffi- cile en Haïti», ajoute-elle, soulignant com- bien les gangs armés ont contrôlé l’accès aux zones sous leur influence.

188 personnes auraient été tuées, du 24 avril au 16 mai 2022

«Entre les 24 avril et 16 mai (2022), au moins 92 personnes non affiliées à des gangs et quelque 96 personnes présumées membres de gangs, auraient été tuées lors d’attaques armées coordonnées à Port-au-Prince», selon des précisons apportées par les Nations unies. Le nombre réel de personnes tuées pourrait être beaucoup plus élevé.

«Des violences extrêmes ont été signalées, notamment des décapitations, des mutila- tions et des corps incendiés, ainsi que l’assas- sinat de mineurs accusés d’être informateurs d’un gang rival», lit-on dans le communiqué des Nations unies.Des membres de gangs armés ont aussi uti- lisé la violence sexuelle, y compris le viol col- lectif d’enfants âgés d’à peine 10 ans, pour terroriser et punir les personnes vivant dans des zones contrôlées par des gangs rivaux.

Face à la violence armée, ayant atteint «des niveaux inimaginables et intolérables en Haïti», Michelle Bachelet estime qu’il s’avère crucial que «des mesures urgentes soient prises, pour rétablir l’état de droit, protéger la population contre la violence armée et demander des comptes aux commanditaires politiques et économiques de ces gangs».

La Police nationale d’Haïti et la justice, des institutions fragiles

La haute commissaire des Nations unies aux droits humains critique la fragilité des institutions de l’État, en particulier la Police nationale d’Haïti (Pnh) et le sys- tème judiciaire, qui aurait alimenté l’état de non droit. Elle dit craindre une intensi- fication de la violence.

«Les opérations de police en cours n’ont pas réussi à rétablir l’ordre public, ni à protéger la population locale, et des informations font état de certaines violations des droits humains au cours de ces opérations», signa- lent les Nations unies. Elle souhaite un ren- forcement des institutions de l’État pour lut- ter contre l’impunité et la corruption.

«Les autorités ont le devoir de protéger la vie contre toutes les menaces raisonnable- ment prévisibles, y compris celles qui éma- nent de personnes et d’entités privées, telles que les bandes criminelles armées».Par Emmanuel Marino Bruno