Encore un 27 mai en ordre dispersé !

Quelle image, quel message, quel héritage léguer aux jeunes générations ? Le 27 mai devrait être une fête qui réunit tous les Guadeloupéens en un même lieu à l’instar de la fête nationale française du 14 juillet en France.

Les commémora- tions du mois de mai figurent parmi les manifestations les plus populaires de l’archipel guadeloupéen.

Cette année, on note un réel engouement, après avoir été privé de deux années d’activités, à cause de la crise sanitaire.

De prime abord, c’est une bonne chose que les Guadeloupéens s’intéressent à leur histoire et s’empressent de faire la transmis- sion aux générations suivantes. La Guadeloupe est un jeune peu- ple et comme tout peuple en for- mation, elle doit être en mesure de s’approprier son histoire si elle a l’ambition d’évoluer vers sa pleine émancipation.

Il y a deux mots qui caractérisent un appel à longueur de journée sur les ondes radiophoniques ou télévisuelles : «Amour, unité du peuple guadeloupéen». En revanche, leur application dans la société guadeloupéenne n’est pas très perceptible.

On n’a qu’à voir la pléthore de commémorations en ce 27 mai où chacun organise de son côté, avec ses propres objec- tifs. Une kyrielle de manifesta- tions, toutes intéressantes, toutes instructives, mais qui ne profitent pas à tous.

Si le peuple guadeloupéen et sa diaspora semblent avoir adopté un drapeau distinct de celui de son colonisateur pour sa repré- sentation en Guadeloupe et à l’international, ce n’est certaine- ment pas le cas s’agissant des commémorations du 27 mai.Le peuple guadeloupéen devrait profiter pour construire son unité autour de cette date. Les énergies existent, il ne reste qu’à les mettre en commun dans l’in- térêt du seul peuple guadelou- péen. S’il faut passer par la créa- tion d’un office pour fédérer les énergies, qu’il en soit ainsi !

La diversité de ces commémora- tions de la mémoire collective laisse une image de division de la société guadeloupéenne. On a le sentiment que chacun cherche à se tirer la couverture ou à mon- trer ses biceps. Il y a manifeste- ment une lutte intestine pour avoir le leadership. Une chose est sûre, c’est qu’aucune nation ne s’est construite sur la division.

Quelle image, quel message, quel héritage léguer aux jeunes générations ?Le 27 mai devrait être une fête qui réunit tous les Guadeloupéens en un même lieu à l’instar de la fête nationale française du 14 juillet en France.

En dehors de cette date, rien n’empêche l’organisation d’au- tres manifestations qui contri- bueraient à poursuivre le travail de mémoire auquel tout le monde pourrait en profiter.

La construction de la Guade- loupe de demain est de la res- ponsabilité de chacun d’entre nous. Avant de se pencher sur la réconciliation indispensable à la marche vers l’unité du peu- ple, les Guadeloupéens devront apprendre à se regarder en face, à se parler en toute franchise. Cela exige d’abord que tous les abcès soient crevés pour repartir sur de nouvelles bases.