Estimer les élections à leur exacte importance

Nous laissons à votre jugement l’analyse des élections faites en 1955 par Jules Boissel, conseil- ler général communiste de Pointe-à-Pitre : «Il ne faut ni surestimer, ni sous-estimer l’im- portance des mandats électifs. Les travailleurs doivent accor- der aux élections leur exacte importance».

D ans le régime capitaliste, l’élection est le point de savoir au profit de quels intérêts vont être gérées les finances qui des capitalistes exploi- teurs ou des travailleurs exploités va payer, si ce sont les lois anti- ouvrières ou pro-ouvrières qui vont être promulguées.

Cette considération explique que les capitalistes ne se désintéressent jamais des élections. Ils y prennent une part active, ouvertement ou dans les coulisses.

C’est donc pour ces mêmes raisons que les travailleurs ne sauraient se désintéresser des élections, dans quelques circonstances que ce soit. Ce serait sous-estimer le travail pra- tique qu’un député fidèle à la classe ouvrière peut réaliser à son profit dans le cadre même d’un régime qui vit de son exploitation forcenée.

Donc, il ne faut pas sous-estimer l’importance des élections, mais il ne faut pas non plus la surestimer, et croire par exemple, que la vic- toire de la classe ouvrière dans une élection est capable de met- tre un terme à l’exploitation capi- taliste. Et qu’en cas de défaite de la classe ouvrière dans une élection, il n’y a rien d’autre à faire pour elle que se croiser les bras et se laisser marcher dessus…

Un exemple : supposons que le rap- port des forces électorales donne au Parlement d’une nation, la majo- rité aux représentants des travail- leurs, que se passerait-il ? La classe capitaliste mobiliserait tout ce qu’elle a de forces intérieures et extérieures contre cette nation pour reprendre les leviers de l’Etat indispensable à son hégémonie avec retour aux complots, voire à la guerre civile et étrangère.

Autrement dit, l’élection dans le régime capitaliste a une impor- tance certaine et ce serait une erreur grave que de ne pas le reconnaître que de dire par exem- ple «il ne faut plus aller aux urnes».

Pour les capitalistes, jeter par l’in- termédiaire de ses élus quelques miettes sous forme d’écoles et d’hôpitaux à ses esclaves, d’ac- cord… Mais des élus qui vou- draient restituer aux expropriés les moyens de production usurpés par les capitalistes ah que non !

Voilà pourquoi il y a la fraude électorale directe en Guadelou- pe et la fraude électorale par le biais de la loi, des apparente- ments, des découpages injustes de circonscriptions électorales.

Eh bien, la classe ouvrière doit lut- ter d’arrache-pied sur le front électoral afin d’avoir des élus qui défendent au mieux ses intérêts dans le cadre du régime. Mais elle doit savoir, que pour arriver un jour à avoir dans la société, la part à laquelle lui donne droit son tra- vail, la voix des élections ne sau- rait suffire, attendue que les exploiteurs capitalistes ne se lais- sent jamais exproprier sans livrer bataille. Dans quelques circons- tances que ce soit, c’est donc la force des exploités qui peut briser le joug capitaliste.Source : Archives du PCG