La chanteuse Rachelle Allison déploie ses ailes

Le titre musical Kind Love de Rachelle Allison, en collabora- tion avec le groupe saint-lucien Lu City, a envahi les ondes radio et cartonne dans toute la Caraïbe. A l’approche des grandes vacances, la chanteuse guadeloupéenne est entrée en studio pour travailler sur son prochain EP (album de quelques titres) qu’elle espère présenter dès la rentrée.

Rachelle, où êtes-vous et quefaites-vous en ce moment ?

Rachelle Allison :J’étais de passage à Paris pour performer sur quelques scènes et j’en ai profité pour avan- cer sur mon futur EP et enregistrer de nouveaux titres. Avec Mike, mon manager, nous rencontrons des beatmakers et des topliners d’uni- vers différents pour peaufiner la tonalité de mes prochains sons. J’ai envie d’aller vers des rythmes RnB, vers des mélodies sensuelles, mais toujours avec ma touche afro-cari- béenne. J’avais envie que ce pro- chain projet soit plus personnel, où je puisse faire des choses qui me ressemblent.

On vous connaît au niveau local àtravers vos différentes collabora- tions musicales avec notamment Admiral T, Meryl ou Mathieu White. Parlez-nous un peu de vous !

La musique a toujours été ma pas- sion mais je n’en ai jamais fait mon activité principale. Aujourd’hui, les choses sont en train de changer, elles prennent une dimension sérieuse, et je vous avoue que c’est très exaltant et surprenant à la fois

. Je n’ai pas pu réellement faire la pro- motion de mon EP, «Si j’étais pire», sorti quelques mois avant le confi- nement. Puis, nous avons eu deux années compliquées. Là, j’ai la sen- sation que je récolte enfin le résultat de notre travail. Mes collaborations plaisent et cela me permet de me concentrer davantage sur un projet en solo, un projet où je vais pouvoir me mettre moi, Rachelle Allison, en évidence. Auparavant, c’était mon choix de travailler avec des artistes avec une belle notoriété comme Admiral T (titre Diadème) ou Meryl (titre Ma petite) qui, d’une certaine manière, m’ont permis de me faire connaître et d’attirer un plus large public. Aujourd’hui, je sens qu’une communauté, séduite par ma musique, se crée autour de moi. C’est assez fou, mes passages en radio et en télé sont plus nombreux et je vais faire partie de la program- mation de nombreux festivals dans les Antilles. Je vis quelque chose de très intense et c’est nouveau pour moi… ! J’avais ma petite vie bien organisée de contrôleuse de ges- tion, avec ma petite fille, et là tout est bouleversé par et pour la musique ! Je suis heureuse ! Comment expliquez-vousce succès naissant ?

Depuis trois ans, nous avons évolué avec un label qui nous a fait confiance. Nous restons indépen- dants mais le fait de pouvoir comp- ter sur une équipe professionnelle qui vous aiguille est très important. Je suis également très reconnais- sante envers le public de m’offrir leur confiance et d’apprécier ma musique. Il y a dix ans, les mentali- tés n’étaient pas aussi ouvertes. Quand vous êtes une artiste antil- laise, on attend de vous que vous fassiez du zouk… alors moi qui débarquais avec des sons RnB, je n’arrivais pas à trouver ma place. Cela paraît réducteur mais c’était le cas. Aujourd’hui, la musique a évo- lué et on a compris que les Antilles et les Caraïbes sont des plaques tournantes de styles musicaux divers, reggaeton, kompa, dance- hall, afrobeat… J’aime toutes ces influences et je cherche aussi à cas- ser les réflexes. Comment voyez-vous la suite de votre carrière désormais ?

Je suis enthousiaste à l’idée de faire des scènes tout l’été et, surtout, j’ai hâte de présenter mes nouveaux sons partout. J’aime la Guadeloupe mais j’ai envie de m’implanter aussi au niveau national comme ont pu le faire Kalash ou Were Vana. La scène antillaise arrive de toute part et je veux avoir ma place dans cette nou- velle vague d’artistes qui chantent en créole, sans tomber dans la cari- cature. Je veux proposer une musi- que qui plaise à tous. Le but n’étant pas de travestir notre musique et nos racines mais de pouvoir intégrer dans notre univers un public qui est disposé à l’écouter. Kassav a réussi ce challenge. Ils ont cassé les codes de la musique antillaise, une musi- que dite de cocotiers, pour mettre en évidence toutes les couleurs de nos sonorités. Aujour-d’hui, si vous faites attention aux singles qui fonc- tionnent, que ce soit Aya Nakamura ou Dadju, tous font appel à nos sonorités. A nous, artistes antillais, de trouver le bon compromis pour ouvrir notre musique à une audience plus importante.