DISCRIMINATION À L’EMBAUCHE :Les jeunes fortement touchés

En France pour déterminer les discriminations d’accès à l’em- ploi pour les personnes origi- naires d"Outre-mer ou y vivant, un test a été réalisé sur la pro- fession de serveur. Il prouve qu’à profil égal, le Parisien parvient à signer un contrat avec un res- taurant local plus facilement qu’une personne vivant et origi- naire des Outre-mer.

L’ enquête avait pour but de déterminer si les discrimina- tions à l’embauche peuvent expliquer le fort taux de chômage dans les territoires ultramarins.

Mené dans 1200 restaurants sur les territoires de Guadeloupe, de Martinique, le constat implacable, il y a presque 30% des chances en moins pour les candidats ultrama- rins de pouvoir être invités à un entretien d"embauche lorsqu"ils candidatent dans l"ensemble de ces restaurants. Les candidats ultrama- rins sont systématiquement discri- minés également, y compris dans leurs départements d’origine. Il y aurait véritablement une discrimi- nation à l’embauche en Guade- loupe. Et les Guadeloupéens en seraient les principales victimes… Les chefs d’entreprises oeuvrant sur l’archipel préféreraient embau- cher du personnel venant notam- ment de l’hexagone.LES JEUNES : PRINCIPALES VIC- TIMES DE LA DISCRIMINATION

D’après l’enquête menée avec l’Organisation internationale du travail (OIT) auprès d’un échan- tillon représentatif de la population de jeunes actifs de 18 à 34 ans (3 201 personnes), plus d’un jeune sur trois rapporte avoir vécu une situation de discrimination ou de harcèlement discriminatoire dans le cadre de sa recherche d’emploi ou de sa carrière, contre une per- sonne sur cinq en population géné- rale. Les critères de discriminations les plus cités sont le sexe, l’âge, l’apparence physique et l’origine.

Le baromètre révèle une perception aigüe des discriminations chez les jeunes, qui se fonde en partie sur ce qu’ils ont pu observer au début de leur vie active. Aussi, un jeune sur deux déclare avoir été témoin au moins une fois de discrimina- tion ou de harcèlement discrimi- natoire dans le cadre de son acti- vité professionnelle.

Dans un contexte de flexibilisation du travail et de forte précarité sociale des jeunes, ces discrimina- tions s’inscrivent dans un continuum d’attitudes hostiles, allant de propos et comportements stigmatisant à tout un éventail de situations de dévalorisation professionnelles. Ces micro-agressions peuvent se dou- bler d’incitations ou de pressions illi- cites de la part de l’employeur.En France, près de la moitié des jeunes rapportent avoir déjà été incités lors d’un entretien à modifier leur apparence ou adopter un certain comportement. Au total, 60% des jeunes disent avoir déjà été confrontés à des propos stigmati- sant ou des exigences discrimina- toires lors d’un entretienUN RECOURS TROP FAIBLE À LEURS DROITS

Si plus de la moitié des jeunes vic- times de discrimination ont entre- pris des démarches à la suite des faits, plus de 4 jeunes sur 10 n’ont rien dit, et principalement les femmes. Pourtant, les discrimina- tions produisent des effets dura- bles et délétères sur la carrière, la santé et les relations sociales de ces jeunes, catégorie de la popula- tion particulièrement touchée par la crise sanitaire.

Les discriminations vécues génè- rent également une perte de confiance dans l’avenir profession- nel. Par ailleurs elles s’étendent au- delà du domaine de l’emploi, et se conjuguent avec celles subies dans d’autres sphères de la vie sociale. La discrimination peut constituer pour certains jeunes une expérience dou- loureuse qui entrave leurs accès à de nombreux droits : l’accès au loge- ment, aux loisirs, et aux administra- tions et services publics.