Félix Flémin : «Installons partout dans le pays les «bik a pèp Gwadloup»

A l’issue du 1 er tour des élections législatif du 11 juin, nous avons interrogé Alain Félix Flémin candidat du Parti Communiste Guadeloupéen, dans la 3 ème circonscription, pour avoir ses premières impressions sur les résultats.

Félix Alain Flémin :C’est la conti- nuité des élections présidentielles. L’électeur guadeloupéen a continué à sanctionner les représentants du gouvernement et du président de la République Emmanuel Macron ainsi que les élus en charge des affaires de la Guadeloupe au niveau de la Région et du Département, singulièrement les élus du Gusr (Guadeloupe unie solidaire et res- ponsable). Dès lors, il était extrê- mement difficile de faire entendre cette volonté de changement et de dépasser la colère pour s’inscrire dans la construction.

Le PCG a fait le choix de défendre sa ligne stratégique à ces élections : l’Autonomie politique de la Guadeloupe. Au regard des résul- tats obtenus, vous n’avez pas été entendu ?

Oui, des électeurs nous ont entendu, mais pas assez nombreux, il faut le reconnaitre, pour nous per- mettre d’influer valablement sur les résultats. Nous avons choisi de mener une bataille politique pour faire avancer les causes du pays et nous l’avons fait. Nous avons expli- qué pendant cette campagne électorale que l’ensemble des problèmes qui touchent le quoti- dien des Guadeloupéens tels que l’eau, le transport, les déchets, l’emploi etc… Toutes ces ques- tions relèvent du cadre statutaire et du système politique dans lequel la Guadeloupe évolue depuis plusieurs décennies. Ce qui ne lui permet pas de répondre aux besoins vitaux des Guade- loupéens. Ils ont entendu cela.

Pourquoi n’avez-vous pas donné la priorité aux sujets d’actualité par exemple, le problème du pouvoir d’achat qui touche tout le monde ?

Nous les avons priorisés précisé- ment mais non de manière déma- gogique. Nous n’avons pas décou- vert à l’occasion des élections qu’il y a une problématique de pouvoir d’achat ! Nous avons été les seuls à porter une proposition concrète.

Je rappelle que le pouvoir d’achat signifie deux choses : D’abord, l’augmentation des salaires. Nous avons dans nos documents porté la revendication d’un Smic guadelou- péen à 1700 euros pour prendre en compte le fait qu’une partie des travailleurs de Guadeloupe perçoivent les 40% de vie chère, et que ceux qui n’en bénéficient pas puissent eux aussi avoir une rémunération qui prenne en compte cette réalité.

Nous avons aussi été les seuls à revendiquer un minimum vieillesse à hauteur de 1 000 euros pour pren- dre en compte la situation de nos aînés qui ont travaillé durant toute une vie, alors que la pension de nombre d’entre eux, tourne autour de 200 à 300 euros.

Nous avons été les seuls à dire, s’agissant du coût de la vie, qu’il faut revenir à une politique de prix admi- nistrés, qui est plus que le simple bouclier prix sur les produits de pre- mière nécessité. Depuis 1986, il n’y a plus de prix administrés en France. C’est la libre concurrence qui régit les prix. C’est un leurre puisque nous savons qu’en Guadeloupe, il y a des ententes illicites pour faire grimper les prix de manière exponentielle. Nous avons en Guadeloupe une réalité où, à cause de l’inexistence d’un système de transport public de passagers par exemple, tout un chacun est contraint d’acheter un véhicule personnel. Aujour- d’hui le prix des carburants est une double peine infligée aux tra- vailleurs Guadeloupéens pour se déplacer. Nous avons été les seuls à demander qu’on mette en place des prix administrés sur le terri- toire de la Guadeloupe.Comment expliquez-vous le score du candidat du Rassemblement National dans la 3 è me circonscription ?

Je viens de le dire, il s’inscrit incon- testablement dans le prolonge- ment du vote sanction du 2 ème tour des élections présidentielles avec le bulletin de la présidente du Rassemblement National. Mais il n’y a pas que cela.

Une analyse approfondie que nous ne manquerons pas de faire, mon- trera que la «dédiabolisation» du Rassemblement National en Gua- deloupe relève de choix politiques opérés par les «grands» élus poli- tiques de la Guadeloupe (voilà qui nous renvoie à François Mitter- rand) et par une occupation pro- longée du terrain en surfant sur le malheur des gens.

Le député sortant était dans la majorité de Macron. Il siégeait au Modem alors qu’on sait que le Modem, présidé par François Bayrou est un appui de Macron. Donc, il est co-responsable de tout ce qui s’est passé en Guade- loupe. Il aurait pu s’opposer par exemple à l’envoi du Gign et du Raid. On ne l’a pas entendu. Pas une seule voix de député ne s’est élevée contre ce traitement réservé aux travailleurs de la santé et aux jeunes guadeloupéens.

Comment pensez-vous rebondir pour remettre le PCG dans le débat politique en Guadeloupe ?

Le PCG n’a jamais quitté le débat politique. Précisément, nous étions présents dans cette campagne pour expliquer que, tant que la G uadeloupe ne va pas s‘affranchir de la tutelle, de la domination colo- niale, de l’assimilation coloniale, c ’est-à-dire de l’application méca- nique des lois votées en France qui ne correspondent pas à la réalité guadeloupéenne, nous n’allons pas pouvoir résoudre les problèmes a uxquels le pays est confronté.

Le PCG a réitéré la question cardi- nale à laquelle il faut aujourd’hui comme hier, répondre c’est la ques- t ion de l’unité et du rassemblement des Guadeloupéens négocier avec l’Etat français des nouveaux rap- p orts statutaires et politiques. C’est pourquoi, dans la feuille de route que nous avons co-construite avec les Guadeloupéens, notre démarche était clairement affichée.

Nous avions dit que nous enten- dions êtres des députés à l’Assemblée Nationale pour por- ter les revendications du peuple g uadeloupéen, mais aussi des députés en Guadeloupe pour faire avancer la question fondamentale du «Bik a pèp Gwadloup». C’est- à-dire, cet espace de construc- t ion d’un projet guadeloupéen avec le peuple guadeloupéen et la force politique unie pour le p orter devant le pays.

Les élections passées, nous continuons ce travail dans les «Bik a pèp Gwadloup».