La gouvernance par les jeunes doit-t-elle passer par une euthanasie politique ?

De mémoire d'homme, aucune campagne électorale ne s'est déroulée sans le slogan électoraliste de vouloir donner la possibilité aux jeunes d'assurer l'alternance, pour l'avenir du pays. C'est l'un des points les plus importants de toute pr ofession de foi.

P ourtant, l'élection acquise, cette volonté proclamée hypocritement, toujours la main sur le cœur , est très rapidement oubliée. Ne dit-on pas que «les promesses n'engagent que ceux qui y cr oient».

Les dernières élections nous ont encore montré la capacité des élus qui sont en place à fair e rêver des jeunes, que ces derniers détiennent déjà ou non un mandat politique. Comment fair e admettr e en effet que, lors des dernières élections départementales, les responsables des organisations politiques, toutes tendances confondues, n'aient pas eu sponta nément la volonté de s'entendr e pour confier la présidence de la nouvelle Assemblée Départementale à un de ceux qu'ils considèrent et qui apparaît aux yeux de la population comme, un «jeune» élu. Beaucoup d'hommes et de femmes de la tranche d'âge 35 à 60 ans ont prouvé pourtant leurs compétences au niveau des dif férentes collectivités, communales, départementales ou régionales et seraient en mesure de prendre en main la destinée de la Guadeloupe, en cette fin de la deuxième décennie du 21esiècle, soit à l'ère du troisième millénaire. Comment peut-on compr endre, encore une fois, qu'en dépit de toutes les compétences et les qualités d'une élue âgée de 74 ans, on ait préféré lui confier, pour six ans, les rênes du Département ? Comment com pr endr e également que d'autres élus âgés de plus de quatre vingts carêmes, ayant assumé déjà desr esponsabilités au plus haut niveau de l'Etat français, cherchent encor e à briguer des mandats départementaux ou régionaux ? La réponse est unelapalissade.

Car, en réalité, l'ambition de tout élu est de s'accrocher indéfiniment au pouvoir et de laisser la place seulement par l'usure physique, par le rejet du peuple ou par la for ce des urnes. Celle des dirigeants politiques est de garantir la r eprésentativité de leur Parti, son «poids» comme ils disent, à tout prix et le plus souvent à n'importe quel prix. L'intérêt du peuple est tout-à-fait en dehors de leur préoccupation, contrairement à ce qu'ils prétendent avant les élections. Finira-t-on par comprendre que la société évolue de plus en plus vite, quand on se réfèr e aux pr ogrès des techniques, de la technologie et de la science en général. Le monde d'aujourd'hui est complètement dif fér ent de celui de la première moitié du 20e siècle. C'est d'ailleurs ce qui a conduit progressivement à l'abaissement de l'âge de la majorité citoyenne, à l'abaissement de l'âge d'éligibilité à certaines élections, à la limitation du nombr e de mandats etc.

Il est ur gent que les accr os de mandats d'élus pr ennent en compte cette évidence. Il faut avoir le courage de s'arrêter et de passer le flambeau. Autrement, il faudrait imaginer constitutionnellement une forme d'euthanasie politique qui se traduirait au niveau du Parlement par la fixation d'un âge maximum pour briguer un mandat d'élu. Les jeunes seraient certainement réconciliés avec la politique et on pourrait espér er qu'en Guadeloupe, notamment, beaucoup de problèmes non solutionnés depuis des décennies et qui empoisonnent l'existence de la communauté seraient enfin résolus.

Rappelons que les administrateurs de certaines sociétés ou entreprises, atteints par une limite d'âge, sont démissionnair es d'of fice.

Espér ons donc un geste fort en ce sens pour les prochaines élections.