L’or autour du cou pour l’escrimeur Yannick Borel

A 33 ans, l’escrimeur guadeloupéen Yannick Borel a décroché la médaille d’or à l’épée aux Championnats d’Europe en Turquie, un 4e titre européen pour le natif de Pointe-à-Pitre. Rassuré après cette belle performance, il est déterminé à aller chercher le même métal dans quelques semaines aux Mondiaux qui auront lieu au Caire.

Vous êtes rentré à Paris, il y a tout juste quelques jours. Comment vous sentez-vous après cette victoire ?
Yannick Borel : Cela fait beaucoup de bien d’être de retour auprès de mon entourage et de pouvoir faire redescendre la pression qui fut intense. Je suis très fier de ce nouveau titre, le 4e titre de ma carrière en solo dans une compétition européenne (après 2016, 2017 et 2018). Si l’on m’avait dit un jour que j’aurais un tel palmarès, je ne l’aurais pas cru ! Mais pourvu que ça dure ! Ce titre est aussi très symbolique, car c’est l’aboutissement d’une saison positive et conquérante. J’avais des certitudes et ce titre a confirmé mon bon état de forme. Mes deux victoires précédentes aux Grand Prix du Qatar et du Caire m’ont vraiment boosté et m’ont donné la confiance nécessaire pour concrétiser les choses par l’or aujourd’hui. C’est le fruit de nombreux mois de travail, un travail qui n’est pas encore terminé.
En effet, ce n’est pas encore les vacances pour vous. Les Championnats du monde arrivent à grand pas ? Comment allez-vous vous préparer ?
Je vais continuer sur ma lancée

. Je suis dans une très bonne dynamique, je n’ai pas de douleur et je suis rigoureux à l’entraînement. Une médaille aux Mondiaux est bien sûr attendue de tous et c’est normal. Le niveau sera très élevé face à mon compatriote Romain Cannone (Champion Olympique en titre), aux Japonais et aux Vénézuéliens, mais j’ai à coeur de faire aussi bien qu’en Turquie ! J’ai ce goût de la compétition et je vibre pour cela ! Et nous avons les mêmes aspirations par équipe. La frustration récente de notre médaille de bronze va nous apporter la rage nécessaire !
Votre état d’esprit semble, en effet, plus serein qu’il y a quelques mois, notamment après votre déception aux Jeux Olympiques de Tokyo en 2020. Comment avez-vous retrouvé le moral ?
Mon échec au Japon au premier tour a été très difficile à vivre. Honnêtement, à l’issue de cette compétition, j’ai eu de vrais moments de doute et de questionnement sur ma motivation à rebondir… Cela fait 10 ans que j’évolue dans le monde de l’escrime professionnel et j’avais peur de ne plus être dans le coup… Puis, un nouveau staff technique est arrivé au sein de la Fédération d’escrime et ils m’ont impulsé une grande dose d’énergie. Ensemble, nous avons pris une page blanche et nous avons repensé et réécrit mon jeu et mon approche du jeu. Il m’a fallu mettre pas mal de choses à plat pour retrouver l’envie de me faire mal à l’entraînement et de trouver de nouveaux ressorts pour être performant. Il fallait tout chambouler et j’ai accepté cette remise en question. Aujourd’hui, je me sens plus complet, plus solide et totalement prêt à consolider mon palmarès.
Quelles sont les clés pour rester concentré sur ses objectifs ? La passion ? Le travail ?
Ce sont les deux ! Je fais de l’escrime depuis que j’ai 10 ans. Je me suis pris au jeu de cette discipline et elle m’a permis d’apprendre sur moi-même. C’est un sport qui vous demande une énorme maîtrise mentale. Tout comme un jeu d’échecs, il ne faut pas tomber dans le piège de l’adversaire et il faut toujours rester aligné avec ses sensations. Ensuite, je respecte une hygiène de vie stricte, car un écart dans le quotidien peut vite laisser la place à un écart sur la piste et je ne veux plus vivre de nouvelles désillusions…
Pensez-vous aux JO 2024 à Paris ?
Qu

el athlète n’y pense pas ! C’est chez nous, c’est séduisant ! Les qualifications pour les JO débuteront dans un an alors, dès aujourd’hui, tout résultat est important. Je dois montrer que Rio était un accident. Cette fois-ci, je n’ai aucunement envie de laisser le hasard décider pour moi. L’équipe nationale d’escrime veut des médailles. Nous avons le potentiel pour !
Vos médailles suscitent l’engouement dans l’archipel guadeloupéen. Allez-vous bientôt nous rendre visite ?
Je viens avec ma famille au mois d’août et j’espère débarquer de l’avion avec mes doubles médailles Europe-Monde comme je l’ai fait en 2018. Je vois que la jeunesse est inspirée par mes résultats et cela me stimule. Je les encourage à découvrir ce sport et je ferai tout mon possible pour les rendre fiers.