Christian Baptiste : «Nous avons besoin d’avoir les clés des choix et décisions pour se confronter à nos réalités insulaires»

A 60 ans, Christian Baptiste est le nouveau député de la 2e circonscription du département de la Guadeloupe. L’ancien maire du Parti progressiste démocratique de la ville de Sainte-Anne va désormais siéger à l’Assemblée nationale et se concentrer sur ses nouvelles fonctions et respecter le programme et les ambitions pour lesquels il a été élu.

Quel bilan tirez-vous de ces élections législatives, notamment en Guadeloupe ?
Christian Baptiste : Les résultats sont clairs. Il y a un vrai rejet de la politique du président Macron, notamment sur les territoires d’Outre-mer. Cela s’est confirmé lors des votes aux législatives. Le président Macron a été élu par rejet de l’extrême droite et non pour son projet. C’est d’ailleurs pour cela qu’il n’obtient pas la majorité à l’Assem-blée. Il se retrouve avec une minorité présidentielle et il va devoir composer avec d’autres partis. Nous autres, députés de l’opposition, députés des Nupes (Nouvelle Union populaire écologique et sociale), allons camper sur nos idées et nos programmes et il n’est pas question de faire d’alliance politique quelconque. Nous allons conserver notre trajectoire à gauche et évoluer selon nos convictions.
Comment vous sentez-vous à ce nouveau poste de député ?
Je n’ai aucun doute que ce rôle va me plaire. Je suis un homme de gauche, un humaniste progressiste, et je vais travailler en gardant en tête cette identité. J’ai la sensation d’avoir fait mes preuves au niveau régional et d’avoir l’assurance nécessaire pour cette nouvelle fonction. Mes expériences passées en qualité de maire de Sainte-Anne durant huit ans m’ont offertes de belles satisfactions. Nous avons réussi à redresser les comptes de la commune et je quitte ce poste sans aucune casserole. J’ai donc un sentiment de fierté pour cela mais également pour cette fonction de député. Je souhaite être un réel porte-parole des Guadeloupéens et je m’engage à faire entendre la voix de ma circonscription au sein du temple de la législation française.
Quelle sera cette voix que
vous évoquez ?
La voix de la transition ! Nous avons la nécessité de prendre les faits en compte et d’agir vite. D’abord, la Guadeloupe se dévitalise. Il faut attirer les jeunes ! C’est une vraie question démographique. De plus, nous devons prendre soin de notre cadre de vie. L’érosion des côtes et l’arrivée massive des sargasses sont des fléaux environnementaux à prioriser. Je parle ensuite de la transition numérique. Il ne doit plus y avoir de zones blanches en Guadeloupe. Le déploiement des moyens de communications doit se faire rapidement pour lutter contre l’isolement et permettre à l’éducation de disposer des outils nécessaires pour une meilleure instruction. Je parle aussi de développer une souveraineté énergétique et alimentaire. Nous allons chercher beaucoup trop loin des choses dont nous disposons sur place. C’est impossible ! Et je terminerais par ma volonté de créer davantage d’autonomie politique pour l’Outre-mer. C’est un débat qui tourne en rond. Or, nous avons besoin d’avoir les clés des choix et décisions pour se confronter à nos réalités insulaires.
D’ailleurs, quels vont être
les premiers travaux que
vous allez mener ?
Je veux que les textes étudiés soient adaptés à la réalité de notre territoire. Je veux participer à une Assemblée qui va évoquer des problématiques liés à l’humain et non toujours à l’économie. Il faut remettre les hommes au centre des préoccupations. La priorité reste les retraites, la jeunesse et le pouvoir d’achat. Selon moi, c’est l’urgence sociale. D’ailleurs sur ce point là, je siège à la Commission des finances et nous avons engagé la discussion avec Bruno Le Maire, ministre de l’Economie. Il est clair que la France a une mauvaise redistribution des richesses. Il sera nécessaire de revoir les taxations, notamment sur les patrimoines les plus riches et sur la TVA, pour redistribuer ensuite cela vers d’autres secteurs en développement. M. Le Maire a semblé ouvert à l’échange et je vais me permettre de lui adresser un courrier avec d’éventuelles propositions, réalisées avec tous les signataires de la Nupes.
Vous semblez déjà prêt à
en découdre
Oui bien sûr. Je prends aussi le temps de bien m’installer avec mes deux collaborateurs. Mais nous voulons rester en veille pour être opérationnels et efficaces le plus vite possible pour notre groupe politique. Il y a une urgence sociale et nous avons pris l’engagement d’être investis pour notre territoire. Avec les autres députés de Guadeloupe, nous allons travailler de pair face à l’Etat et être unis face au nouveau ministre de l’Outre-mer, Jean-François Carenco, que nous espérons bientôt rencontrer. Mes convictions d’homme de gauche seront ma boussole face à une assemblée décomposée. Cela sera le moment de faire son trou et nous comptons en profiter.