68e Anniversaire de «l'Appel au Peuple» :Honneur et respect aux communistes disparus

Dimanche 29 avril,avec un jour d'avance,les communistes guadelou- péens ont commémoré la date anniversaire de «l'Appel au Peuple», publié le 30 avril 1944 et annonçant la création de la première organisation communiste enGuadeloupe.

C e 29 avril, les cendres du camarade Jean Adélaïde, qui a quitté ce monde, le 25 mars dernier ont été déposés dans le caveau dédié aux com - munistes disparus. Jean Adélaïde rappelons-le, a été membre du Comité Central du Parti Communiste Guadeloupéen, de la commission de contrôle politique et Président de radio Gayak. Plusieurs personnalités politiques, les familles et les amis des communistes ont pris part à cette cérémonie desouvenir . Comme à l'accoutu - mée, il a été procédé à la levée des drapeaux au son de l'hymne International des communistes avant le dépôt de l'urne suivi et de la gerbe. Avant les diffé- rentes interventions, les parti- cipants ont observé une minute de silence en mémoire de tous ces hommes et de toutes ces femmes qui ont porté leur pierre à la construction de la société guadeloupéenne. Un hommage a été rendu à Jean Adélaïde par un de ses anciens amis, M. Christian Salcède. Avant l'expression des remerciements du camarade Félix Flémin, Secrétaire Général du Parti à l'adresse des familles et des invités Madame Mona Cadoce, membre du Comité Central du Parti a présenté l'hommage du Parti Communiste Guadeloupéen que la Rédaction publie ci-dessous

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DISCOURS DE MONA CADOCE

Camarades, parents, amis, vous toutes et tous réunis autour de cette stèle dédiée à la mémoire des communistes guadeloupéens disparus, je vous adresse les salutations fraternelles du Parti Communiste Guadeloupéen. Il y a 68 ans était publié un texte signé de quatre éminents Guadeloupéens : Rosan Girard(Docteur en méde - cine) - Sabin Ducadosse (Métallurgiste) - Hégésippe Ibéné(Avocat) et Raphael Félix Henri(Ebéniste). Ce texte que l'histoire a retenu sous l'intitulé de «l'Appel au Peuple» annonçait la création de la première organisation communiste sur le sol guadeloupéen. C'était dans une Guadeloupe ployée sous le joug colonial, qui avait subi les aggravations entrai - nées par la deuxième guerre mondiale et les exactions du régi - me de Vichy. C'était une Guadeloupe qui connaissait la pénurie, les atteintes flagrantes aux libertés tant collectives qu'in - dividuelles ; une Guadeloupe minée par la trahison d'hommes politiques opportunistes garants des intérêts capitalistes et rempart légal des exploiteurs. C'est dans ce contexte difficile, que des pionniers de la lutte anti - capitaliste, par leur courage, par leur lucidité et leur dévouement ont permis aux travailleurs guadeloupéens de se doter d'un instrument de lutte remarquable. En commémorant aujourd'hui le 68e anniversaire de l'Appel au Peuple qui est l'acte de naissance du mouvement communiste à la Guadeloupe, nous ne pouvons ne pas insister sur l'actualité du document, qui en 68 ans n'a pris aucune ride. Af firmer la nécessi - ter de renverser le capitalisme, le remplacer par une conception socialiste de l'économie; viser parallèlement des objectifs immédiatement accessibles: la lutte contre la misère, contre l'indigence, contre la surexploi - tation des travailleurs, pour le respect des droits et l'émancipa - tion de l'homme guadeloupéen. Appeler à «l'union active des exploités contre les exploiteurs» une telle démarche témoigne de la lucidité et de la grande portée de vue des premiers communistes guadeloupéens. C'est pour - quoi l'Appel au Peuple n'est pas seulement un document de por- tée historique, c'est aussi et sur- tout un guide pour l'action des communistes guadeloupéensaujourd'hui. Pendant 68 ans, sous la

bannière de l'Appel au Peuple les militants communistes ont arraché avec les travailleurs, de nom- breuses conquêtes sociales, éco- nomiques, politiques qui structurent encore aujourd'hui enco - re notre société guadeloupéen - ne. Ils ont contribué à la prise de conscience de notre identité et à la défense du pays. On peut donc dire en toute simplicité que depuis 68 ans, les communistes font l'histoire de la Guadeloupe. C'est donc pour le parti un devoir impérieux que de rendre un hommage appuyé à tous les militants qui ont fait fructifier cet appel. Du plus humble des militants resté anonyme, au plus reconnu et adulé ; du militant de terrain aux personnalités de premier plan, tous ont droit à notre gratitude, à notre recon - naissance et à notre respect.

En associant à cet anniversaire un hommage public à tous les communistes fauchés par la mort en plein combat, et en nous réunissant autour de cette stèle érigée en leur honneur , nous accomplis- sons un devoir de mémoire : Honneur et respect aux communistes disparus !

Ce faisant nous prenons l'enga- gement de poursuivre la tâche historique qu'ils ont commencée, en tenant compte des réalitésd'aujourd'hui.

Oui, camarades et amis, nous voyons bien que le capitalisme connait une crise mondialisée qui plonge de plus en plus de tra - vailleurs dans la détresse et le dénuement. Ici en Guadeloupe nous subissons à la fois les conséquences néfastes du capitalisme et du Colonialisme: La production guadeloupéenne et les pro - ducteurs guadeloupéens ont été liquidés, l'assistanat s'impose comme un mode de vie, notre patrimoine foncier est liquidé, le chômage, la précarité et la pauv - reté s'installent de plus en plus. Toutes les conquêtes sociales arrachées de haute lutte sont menacées de régression.

Nous allons droit dans le mur si nous ne réagissons pas pour frei - ner la spirale de délabrement de notre société guadeloupéenne. Face à cette situation plus qu'alarmante, le PCG, toujours fidèle à l'Appel au Peuple, a intensifié ses efforts pour rassembler les forces anticolonialistes et anticapitalistes avec l'objectif d'arra - cher l'exercice du doit à l'autodé - termination pour le peuple guadeloupéen. C'est dans ce sens qu'un important travail a com - mencé depuis 18 mois. Cinq orga - nisations patriotiques, anticolonialistes et anticapitalistes ont dépassé ce qui les divisait autre- fois pour ne considérer que l'in- térêt du pays, ce qui a permis une démarche innovante : la tenue des «Assises des Forces Patriotiques Anticolonialistes et Anticapitalistes». Le 15 avril dernier s'est tenue au Lamentin la clôture de ces assises avec une grande espérance pour notre lutte de décolonisation. Maintenant il revient aux organi- sations unies d'aller à la rencont- re de ceux qui font le pays, de ses forces vives, des populations en général, pour faire connaitre et partager les résolutions qui sont sorties de ces assises.V oilà donc, camarades, amis, parents la tâche immédiate des communistes. Nous nous devons d'être tous bien imprégnés de l'esprit et des conclusions des assises, d'être proches de nos concitoyens, simples et concrets dans nos explications, afin de gagner le plus grand nombre possible de guadeloupéens à la lutte pour un changement poli- tique devenu indispensable, et pour l'instauration d'une large autonomie, dans notre pays.

Voilà pour l'heure la tâche prio- ritaire des communistes guadeloupéens. Pour la mener à bien, ils auront besoin du soutien actif de tous ceux qui ont intérêt au changement, de tous ceux qui veulent pour leurs enfants une Guadeloupe de travail, de respect, de solidarité et de responsabilité. C'est pourquoi nous lançons un appel aux parents de nos camarades disparus pour leur dire que le moment est venu de continuer eux aussi l'œuvre commencée par leurs proches. Si ceux-ci pouvaient savoir ce qui se fait sur notre terre aujourd'hui, ils se réjouiraient de voir enfin les patriotes anticolonialistes et anticapitalistes unir leurs efforts pour instaurer en Guadeloupe une société nouvelle faite de justice, d'équité, de solidarité, de responsabilité. Ils seraient heureux de savoir que ce pour quoi ils se sont tant battus commence à se réaliser, et s'ils le pouvaient, ils nousaideraient à avancer . Alors vous pourriez trouver là, l'occasion de leur faire plaisir bien au delà de leur mort en choisissant de continuer leur combat. Aujourd'hui, camarades et amis, notre commémoration revêt une importance particulière. C'est aussi le jour choisi pour inhumer les cendres de notre valeureux camarade Jean Adélaïde qui nous a quittés le 25 mars dernier. Jean a été jusqu'à sa mort un dirigeant de notre parti et Président de l'association Radio Gayac. C'est un de meilleurs fils de notre terre que la mort a fau- ché en plein combat. Il fait partie des communistes qui par leur courage, leur abnégation, leur dévouement ont fait fructifier l'Appel au Peuple. Il nous a laissé au moment même où se tenaient les Assises des Forces Patriotiques Anticolonialistes et Anticapitalistes. Comme il aurait été heureux de voir la concrétisa- tion de cette démarche de ras- semblement! Mais la vie en a décidé autrement. Seulement Jean est têtu, obstiné. Il s'est battu corps et âme pour l'é- mancipation de son pays. Il ne lâchera pas le morceau. Au paradis il a surement déjà réuni ses camarades pour les informer et tenter de les orga- niser pour les luttes à venir.

Adieu Jeannot, tu resteras tou - jours vivant dans nos cœurs. Nous n'oublierons pas tes coups de gueule mais aussi ta grande fraternité, ton esprit de sacrifice et l'amour de ton Parti. Ton exemple nous guidera dans notre vie militante et nous te promettons de redoubler d'ef- forts pour atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés et que tu chérissais tant : un parti moderne, révolutionnaire, utile et ef ficace.

Camarades, parents, amis, vous tous venus ici partager avec nous ces instants de commémoration, nous vous disons du fond du cœur merci pour votre présence. Et, en terminant mon propos, je reprendrai le dernier paragraphe de l'Appel au Peuple.

«Guadeloupéens venez à nous. Vous nous trouverez toujours à l'avant-garde du combat contre ceux qui vivent de l'exploitation de l'Homme. Au milieu des ténèbres de l'agonie capitaliste, nous vous apprendrons à voir clair et à espérer !».