Fabien Roussel : «Nous allons appeler à la mobilisation dès la rentrée»

Candidat désigné par le Parti Communiste Français lors de l’élection présidentielle, Fabien Roussel,Secrétaire national du Parti Communiste Français a été réélu à son poste de député dans la 20e circonscription du Nord. Une nouvelle rassurante qui lui redonne, aujourd’hui, les forces et l’énergie nécessaires pour partir au front face au gouvernement du président Macron et continuer ainsi de porter, à haute voix, les volontés du PCF.

Quelle est votre analyse concernant les récentes élections présidentielles puis législatives ?
Fabien Roussel : C’est une situation nouvelle à la-quelle sont con-frontés les Fran-çais. Il est rare qu’un président soit réé-lu avec si peu de soutien et, surtout, au grand désespoir de nombreux concitoyens. M. Macron a une majorité relative à l’Assemblée nationale et, face à cela, il ne pourra plus mettre en oeuvre les techniques. Le régime devient davantage parlementaire et, de ce fait, c’est le Parlement qui va être davantage sollicité. Les cartes sont redistribuées et pas dans ses mains. C’est donc à nous, à tous les Français, de saisir cette opportunité pour exprimer nos attentes et nos aspirations. Le Parti Communiste a surpris par sa campagne, une campagne que j’ai mené, une campagne différente et ancrée autour des questions sociales. Je suis forcément déçu de notre résultat, (le PC est crédité de 2,3% des votes), mais nous avons reçu énormément de bonnes ondes avec les Jours heureux. Nous sommes attaqués au capitalisme et au capital comme nous l’avions énoncé et nous allons continuer sur cette lancée. Mon fer de lance se tourne vers la question de la vie chère, un sujet de société très préoccupant, notamment dans les Antilles françaises. Je suis fier de continuer à apporter ma contribution à ces luttes que nous entamons seulement.
Pensez-vous que la gauche puisse être forte et solidaire face au gouvernement du président Macron ?
Oui, je le pense. Nous avons réuni une coalition de 22 députés (dont 10 députés d’Outre-mer) avec la Nupes. Cette alliance de quatre forces de gauche doit nous permettre, tout en gardant notre indépendance, d’être plus écoutée à l’Assemblée nationale. Ensemble, nous avons un accord programmatique, nous sommes en accord sur un certain nombre de questions, autour du climat, des services publics par exemple, et nous souhaitons convaincre d’autres députés d’entrer dans nos rangs. A l’avenir, il sera nécessaire de créer de majorité pour peser dans les débats car des décisions devront être prises si l’on veut éviter de rester englué dans cette crise. De ce fait, nous aurons besoin de l’intervention de la population. Dès la rentrée de septembre, nous allons faire appel à la mobilisation de tous, dans les rues, sur tous les territoires.
Quelles seront vos revendications ?
Nous voulons que le gouvernement mette en place une vraie politique salariale. Les mesures de petits chèques à droite à gauche ne répondent en aucune façon au problème de l’inflation. Il faut refaire le barème du Smic et des salaires des fonctionnaires. Et, comme d’habitude, les foyers moyens n’auront rien… Une famille a vite fait de dépenser le chèque cadeau de 100€. Ce n’est pas une mesure qui peut durer dans le temps. Nous appelons à lancer une conférence sociale sur les salaires et si nous ne sommes pas entendus, nous passerons nos souhaits par la loi. La seule solution pour relancer l’économie est de revaloriser les salaires. Il faut que le monde économique et les grands patrons participent à cette hausse. Tout ne peut pas être ponctionné sur le budget de l’Etat. Il y a des règles qu’il faut établir face à la spéculation. Une problématique que connaît très bien les Antilles avec une vie toujours plus chère…
J’en suis conscient. Les territoires d’Outre-mer sont l’exemple parfait d’une spéculation flagrante car l’économie est entre les mains de monopoles et de gros groupes industriels qui gèrent l’approvisionnement des matières premières. Les transporteurs (fret, trafic aérien) sont des profiteurs de crise… Ils font un peu ce qu’ils veulent et le PCF aimerait instaurer une législation pour faire baisser rapidement les prix. Depuis l’Hexagone, nous sommes conscients des problématiques intrinsèques aux Antilles et nous échangeons régulièrement avec les représentants politiques.
De quoi discutez-vous ?
Je suis sensible aux questions sanitaires et je vois bien que les députés d’Outre-mer tirent la sonnette d’alarme concernant le personnel soignant suspendu mais également sur l’état d’abandon des hôpitaux publics. Il faut se pencher sur la revalorisation du quotient démographique. Il y a des choses envisageables mais les Antillais se sentent parfois méprisés et n’osent plus prendre la parole publique. Ils ont exprimé leur frustration en votant majoritairement Mélenchon au premier tour puis Marine Le Pen au second tour et je les comprends. Ils souhaitent montrer leur colère, ils le font dans la rue, parfois avec agressivité, mais je promets qu’il y a des alternatives.
Quel est l’agenda du PCF
après l’été ?
Nous allons nous retrouver lors des Universités d’été fin août. Ce sont des moments de communion, de débats et de convergence importants. Nous profiterons ensemble de la Fête de l’Huma début septembre. Puis, rapidement, nous appellerons tout le monde à l’unité pour une mobilisation générale. Il est impératif que nous saisissons cette chance de majorité relative pour nous faire entendre.