Le Tour cycliste de Guadeloupe et le développement de la discipline

Le succès à la fois médiatique, populaire et sportif évidemment du Tour, fait sans conteste de celui-ci, l’évènement le plus marquant du calendrier des manifestations guadeloupéennes.

Et cette 71e édition le con-firme sans ambages eu égard au nombre élevé de nos compatriotes répandus en foules massives tout le long des routes du parcours ainsi qu’aux arrivées, malgré la retransmission intégrale des étapes à la télévision. On sait la part du confinement dû à la pandémie de la Covid 19 et du besoin de sortir qu’elle a engendré. Mais l’engouement pour la petite reine dans notre pays est, depuis longtemps, un trait majeur de notre communauté, un marqueur culturel réel de notre société. Il faut sans équivoque remettre à César ce qui lui appartient…
UN «BATEAU» À BON PORT
Le Tour s’est déroulé sans accident notable, sans grave incident. Son organisation a été à la hauteur, sa gestion correcte. Et même si le Comité actuel bénéficie d’une expérience convenable du passé, il faut constater ses efforts pour maintenir et même pour améliorer l’organisation de cet évènement sportif. Ainsi nos juges arbitres avec l’aide du commissaire international prenant en charge une caravane de plus de cent quarante coureurs ont mené le «bateau» à bon port même si celui-ci a dû se délester d’une cinquantaine des membres de l’équipage.
Quant à l’aspect purement sportif, ce Tour fut très disputé, la valse du maillot jaune en témoigne et les performances des coureurs étrangers principalement furent de haut niveau. Trois d’entre eux méritent particulièrement d’être salués : Stéfan Bennett désormais double vainqueur du Tour, Alexys Brunel même s’il fut K.O debout lors de la huitième étape et Florian Rapiteau qui à lui seul remporte trois victoires d’étape. Et même le plus important, l’honneur des Guadeloupéens est sauf, grâce à la volonté de fer de celui qui n’abdique pas, préférant, «mourir les armes à la main», tel Jérémy Deloumeaux, coureur de la JCA qui remporte la 7e étape, résistant admirablement à la chasse à vue d’un peloton déchainé. Il mérite bien, par ailleurs, au vu de sa prestation générale, le titre de révélation du tour 2022.
UN MOMENT D’ÉVALUATION QUI SITUE LE NIVEAU RÉEL
DE NOTRE CYCLISME
A propos de la difficulté des étapes, nous avons toujours soutenu que ce n’est pas le tracé des étapes qui fait leur difficulté. Nous considérons que le tracé étant le même pour tout le monde, ce sont les acteurs de la compétition, la disproportion de leur niveau respectif qui rend, pour les moins forts, une pénibilité accrue de celle-ci. Mais précisément, allonger la distance et en même temps accroitre les difficultés avec trois arrivées en côte, mériteraient, en pensant à nos coureurs, l’organisation d’au moins deux compétitions de ce genre dans celles d’avant Tour.
Partant du principe que le Tour est par excellence le moment d’évaluation qui situe le niveau réel de notre cyclisme, son véritable miroir, il appartient à nos dirigeants, en plus du bilan organisationnel et global de la manifestation, de réaliser celui technique qui puisse valablement proposer des mesures opportunes concrètes pour le tirer vers le haut.
Il est d’usage courant qu’après le tour, l’on tente ici et là (la presse spécialisée et les techniciens en charge) de tirer les enseignements qui puissent conduire au progrès réel de notre cyclisme. Souvent faites à chaud, les analyses empreintes d’émotion ne vont pas suffisamment au bout des choses et ne mettent pas en évidence, les principaux manquements qui freinent le développement de notre discipline.
MAINTENIR OU PAS LE TOUR CYCLISTE DE GUADELOUPE INTERNATIONAL DANS LA CATÉGORIE 2.2.UCI
Mais il y a une question qui revient et que nous ne pouvons pas éternellement esquiver. C’est celle de l’inadéquation ou pas du niveau actuel du Tour avec le niveau moyen de notre cyclisme. Elle se traduit par le maintien ou pas du Tour cycliste de Guadeloupe international dans la catégorie 2.2.UCI.
Quand nous voyons que le nombre de coureurs classés parmi les vingt premiers, ils sont trois : Boris Carène (CCD) premier Guadeloupéen 9e, le jeune Taïno Caillau (CSCA), 21 ans en décembre, pointe à la 15e place et Anaël Mathias (EDS) 3e Guadeloupéen 20e. Ils sont heureusement 5 entre le 20e et le 30e. Nous observons, dans le même temps, que les Martiniquais et Guyanais progressent, alors que les Tours de ces pays ne sont pas à ce niveau qui permet la participation d’équipes continentales Pro, comme c’est le cas chez nous.
NOUS NE SOMMES PAS FORCÉMENT HOSTILES AU MAINTIEN EN 2.2 DE NOTRE TOUR
Cela dit nous ne sommes pas forcément hostiles au maintien en 2.2 de notre Tour. Mais à la condition expresse de trouver les moyens matériels, financiers et techniques pour disposer au moins de deux ou trois équipes «promotionnelles» pouvant supporter valablement la concurrence.
En tout état des choses, un tel chantier mérite un véritable débat, et une ouverture d’esprit réelle dont le monde du cyclisme et les responsables en charge en premier lieu doivent faire montre pour aller de l’avant.