Un concours de cuisine pour jeunes passionnés

Le chef guadeloupéen Jean-Rony Leriche a récemment organisé, dans sa commune de Baie-Mahault, un concours de cuisine Jeunes talents péyi. Il avait sélectionné six jeunes issus de quartiers populaires, tout comme lui, désireux de démontrer leurs talents culinaires et de remporter ce concours inédit. C’est le jeune Djony qui a séduit les papilles du jury.

Alors que la première édition du concours de cuisine Jeu-nes talents péyi vient tout juste de s’achever, le chef Leriche, installé dans son restaurant à Tou-louse, se penche déjà sur la prochaine édition en 2023. «Je suis ravi de l’accueil que cet événement a reçu. J’avais vraiment à coeur de mettre sur pied un concours de cuisine qui prendrait tout son sens car il serait à destination des jeunes de Baie-Mahault, volontaires et animés par la passion de la cuisine». Ce pari a été gagné puisque de nombreux partenaires (Rhum Reimonenq, Dame Besson, Maceo La Maison créole, Damase, Air Caraïbes), personnalités et candidats ont joué le jeu pour une journée haute en sourires.
OUVRIR LA VOIE DE LA CUISINE
Ce concours de cuisine s’est déroulé sur deux heures. Deux heures durant lesquelles six concurrents, âgés de 18 à 33 ans, ont pu réaliser un plat avec un panier garni de produits locaux et d’un poulet bio. L’enjeu était de surprendre un jury compétent mais également de proposer un dessert au chocolat sans gluten à base de farine de manioc et de chocolat produit par Naomi Martino

. «L’ambition était notamment de connaître et d’utiliser les produits de notre île à bon escient».
Lors de leur préparation, ils ont pu être épaulés par le chef Leriche, primé par le guide Gault & Millau, ainsi que par le chef Jimmy Bibrac, chef du restaurant O Z’épices à Bouillante. «Nous voulions être là pour les candidats à chaque étape et les aiguiller dans leurs envies. C’est un concours mais c’est aussi une occasion assez rare d’échanger avec des jeunes de la commune qui ont Lerichesoif d’apprendre». En effet, le chef Leriche a l’espoir secret de déclencher de nouvelles perspectives auprès de ces jeunes.
FAIRE BRILLER LA JEUNESSE
Car parmi les six candidats, aucun n’avait de formation de cuisine. «Je voulais justement intégrer des novices dans ce premier concours pour le rendre accessible à tous. Certains ont appris à cuisiner grâce à leurs entourages, à leurs grand-mères. Beaucoup aiment cuisiner mais peu se lancent de manière assidue dans cette voie, peut-être par peur ou par hésitation. Or, moi, j’ai envie que les jeunes guadeloupéens se tournent à corps perdu vers la cuisine». Un chemin em-prunté par le chef Leriche il y a vingt ans et qui lui a réussi. «Lorsque vous êtes issu d’un quartier populaire, que l’accès à la formation vous semble bien trop loin, vous pouvez baisser les bras. Je l’entends. Mais c’est tout ce que je ne veux pas pour ces jeunes. J’ai vu de la fierté dans leurs yeux lors de la présentation de leurs plats. Je veux qu’ils s’inspirent de cette énergie positive pour persévérer dans la cuisine».
C’est donc Djony qui remporte le premier prix. Il effectuera un stage d’une semaine au sein du restaurant du chef Leriche à Toulouse. «Il va venir découvrir un métier auprès de moi et, par la suite, il va m’accompagner de la Route du Rhum en novembre. J’ai ce devoir de lui donner ce coup de boost !». Ce concours a d’ailleurs incité les autres candidats à se tourner vers une formation en hôtellerie. «Lorsque j’apprends ce genre de nouvelles, je suis plus qu’heureux. Je les incite à aller à l’école. Ils vont acquérir de la technique et pouvoir développer leur créativité. Le métier de cuisinier est un métier de plus en plus plébiscité».
CRÉER DES ASPIRATIONS
POUR LES ANTILLES
De plus, cette première édition du concours de cuisine Jeunes talents péyi, co-organisée par la ville de Baie-Mahault, continue à faire des émules. «Nous avons déjà été contactés par de nouveaux partenaires et des candidats qui souhaitent s’inscrire. Nous allons faire grossir le concours de manière intelligente et promouvoir ainsi la cuisine antillaise».
Le fer de lance du chef Leriche qui s’attache chaque jour à mettre en exergue tout le patrimoine culinaire des Antilles dans les assiet-tes de son restaurant à Toulouse. «Notre cuisine est notre héritage. Aujourd’hui, elle récolte les lauriers d’années de mise au placard. Alors, servons-nous de cette lumière pour réaliser de belles choses. Aujourd’hui, je ne cache plus mon souhait de décrocher une étoile avec ma cuisine gastronomique antillaise. Je veux rentrer au pays avec cette étoile et je vais travailler d’arrache-pied pour cela. Si ma motivation peut être source d’ambitions, je serais davantage épanoui. Les Guadeloupéens ont besoin de modèle, je me lance le défi d’en être un !».
Instagram : @chef_leriche