Faire rayonner le patrimoine du cinéma guadeloupéen

En juillet, l’Association pour la Promotion du Cinéma des Antilles et de la Guyane (APCAG) s’est rendue en Jamaïque dans le cadre du Gatffest Film Festival à Kingston. A cette occasion, elle a pu présenter deux films guadeloupéens et renforcer la coopération culturelle entre les deux territoires. L’accueil reçu a été des plus chaleureux ce qui encourage l’APCAG dans ses actions de promotion du cinéma guadeloupéen dans la Caraïbe.

Invitée par M.Guyonvarch, am-bassadeur de France en Jamaï-que, l’APCAG a eu la grande op-portunité de mettre en lumière deux films d’animations issus de la Gua-deloupe et de la Martinique ; «Va-nille» de Guillaume Lorin, financé et soutenu par la Région Guadeloupe, la DAC Guadeloupe et le CNC, et «Opal» d’Alain Bidard, financé et soutenu par le ministère de l’Outre-mer, la CTM, le CNC. «L’assemblée, composée d’étudiants et de professionnels de 7e Art, a été emballée par ses deux projets et ils ont eu droit à une standing ovation. Cela nous a rendu très fier» confie Patricia Monpierre, membre de l’APCAG, «De plus, pour notre première présence à ce festival, la Guadeloupe a été bien représentée et récompensée. Le film «Ti moun aw» de Nelson Foix a reçu 5 prix».
Un lien lié à une histoire commune
Le succès des films antillais dans la Caraïbe s’explique par des histoires de vie et des cultures similaires. «Nous sommes ravis de pouvoir nous déplacer et emmener avec nous des films antillais qui parlent de nous, de notre histoire et notre patrimoine

. C’est cela qu’apprécient nos voisins. Le cinéma antillais arrive à créer du lien assez facilement car les Cari-béens se retrouvent dans nos images et dans nos personnages. C’est bête mais voir des personnages noirs à l’image, voir des visages et des traits qui vous ressemblent, ouvrent naturellement la porte à davantage de proximité. Nos paysages, nos voix, notre musicalité, font aussi échos, tout comme la langue créole» assure Patricia Monpierre.
La force du catalogue des films antillais réside dans son traitement, de manière inédite et tranchée, de thématiques fortes et sensibles qui touchent les Caribéens. «Nos films évoquent la famille, l’éducation, l’insularité, autant que les comportements violents, la différence physique, le communautarisme. La Caraïbe est un continent à part, avec ses codes, et nos films arrivent à créer des ponts grâce à ces choses qui rassemblent».
LES MISSIONS DE L’APCAG
A ce titre, l’APCAG travaille depuis de longues années à valoriser ce patrimoine immatériel qui existe en Guadeloupe. «Nous mettons à disposition notre réseau, par le biais des alliances françaises et des ambassades, dans le but de diffuser les oeuvres locales à travers les festivals dans le but d’avoir un public élargi, qui irait au-delà de nos frontières».
Ainsi, l’APCAG développe des projets de conservation et de préservation du cinéma guadeloupéen. «Nous souhaitons le rendre accessible à tous en créant des espaces digitaux d’archives. Nous avons déjà lancé une plateforme VOD (vidéo à la demande) qui regroupe un catalogue important de films qui nous ont été confiés. Nous allons continuer à avancer dans ce sens pour permettre de faire vivre et revivre toutes les productions audiovisuelles antillaises».
En parallèle, l’APCAG réfléchit actuellement sur son second projet intitulé CINUCA. «Il s’agirait de constituer une cinémathèque numérique de la Caraïbe. Nous sommes dans une phase de préparation car c’est un travail de longue haleine et un travail de minutie… Cela demande de collecter un certain nombre d’oeuvres auprès des ayants droits, de les restaurer si besoin, de les numériser et, par la suite, de les référencer. Cette base de données serait un réel plus pour la sauvegarde de nos archives» confie Patricia Monpierre. En effet, la mise à disposition d''une telle cinémathèque aux écoles ou aux futurs réalisateurs permettrait notamment d’enrichir la connaissance de l’histoire des Antil-les. «Nous avons foi de créer un portail de recherches (d’ici fin décembre) et d’y intégrer également d’autres éléments comme des rushes ou des scénarios. Il est important d’étoffer les supports d’archives et créer un vrai concentré de richesses culturelles».