L’allocation de rentrée scolaire Rien qu’une aide de l’Etat

On peut regretter que, jusqu’en 2022, certains parents n’ont pas encore bien compris que l’allocation de rentrée scolaire (ARS) n’est qu’une aide sociale. Les parents sont les seuls responsables de mettre au monde un enfant et ils ont le devoir de l’encadrer le plus étroitement possible, jusqu’à son insertion professionnelle.

Cette allocation de rentrée scolaire a été créée par la loi de finances rectificative de 1974, sous la mandature du président Giscard d’Estaing. Certes, les conditions d’éligibilité ont beaucoup évolué depuis, pour prendre en compte les différentes situations familiales qui mettent les parents en difficulté, voire dans l’impossibilité de faire face aux différentes dépenses de rentrée scolaire, en dépit du principe exprimé comme un postulat dans le système éducatif français : «une école laïque gratuite pour tous». Il convient de faire une totale abstraction de ce principe, ce que les parents labellisés «Poto mitan» jusque dans les années 1960 ont su faire pour élever leurs enfants, les aider dans la poursuite des études universitaires en France et même à leur installation professionnelle. La procréation, en Guade-loupe en particulier, n’était que «la volonté de Dieu» qui décidait de l’effectif de la famille, de la composition de la fratrie en filles et garçons, et ce, jusqu’à ce que la physiologie de la mère ne puisse plus engendrer.
C''est seulement en 1964 qu''a été fondée La Maternité consciente en Guadeloupe, à l''initiative d''un groupe de personnes engagées et militantes, parmi lesquelles Marie-Antoinette Simet-Lutin et Marcelle Bangou. Les différentes possibilités de contraception ont été démocratisées depuis pour être mises à la portée des femmes comme des hommes, afin de procréer en toute conscience et pouvoir assumer ses responsabilités, sans attendre une aide quelconque de tiers, car, mis à part des situations exceptionnelles qui déterminent la déclaration d’un enfant «pupille de l’Etat», l’Etat n’intervient pas dans les rapports pour procréer.
ALLOCATION DE RENTRÉE
SCOLAIRE SOUMISE À DES CONDITIONS D’ÉLIGIBILITÉ
Cependant, dans ce monde ultra libéral et capitaliste, générateur d’inégalités et d’injustices sociales sous des formes diverses, permettant aux riches de continuer à s’enrichir, en piégeant les pauvres dans la spirale de la consommation qui les appauvrit de plus en plus, on peut saluer certaines lois sociales, même ponctuelles, qui peuvent apporter ce que nous appelons dans notre culture : «du beurre dans les épinards».
L’allocation de rentrée scolaire relève de cet esprit, à un moment fort de l’année qui conduit dans les librairies et les magasins de vêtements. Elle tient compte forcément de plusieurs paramètres, notamment : Plafond de revenus à ne pas dépasser pour l’année N-2, donc année 2020, nombre d’enfants scolarisés et âge, niveau de la scolarisation, primaire, collège, lycée, université (voir les tableaux ci-dessous). A cette ARS, s’ajoute en 2022 une prime exceptionnelle.
LES PARENTS, LES PREMIERS
RESPONSABLES DES ENFANTS
Allocations et primes sont destinées à assurer une rentrée scolaire des enfants dans les meilleures conditions possibles mais ne dédouanent pas les parents de leur responsabilité en la matière. Certains parents ont d’ailleurs fait la démarche dès le début des vacances pour l’achat du matériel nécessaire, partiellement ou totalement, en fonction de leurs possibilités. C’était d’ailleurs une des raisons, jusque dans les années 1960, qui obligeaient les parents à puiser dans l’économie cachée dans le matelas ou de procéder à l’abattage ou à la vente d’un animal nourri avec passion.
Aussi, la réflexion d’une mère sur les ondes d’une station publique de radio, en août 2022, à propos du versement de l’ARS, nous citons : «Je vais commencer par récupérer mon argent dépensé depuis le mois de juin», n’est pas de bon aloi. Elle révèle un degré d’irresponsabilité, à moins qu’elle ait dépassé la pensée de son auteur. Mais, il n’est pas rare d’ailleurs de constater chaque année que cette aide est détournée pour l’achat ou le remplacement de biens de consommation n’ayant aucun rapport avec la scolarité, ce qui fait le bonheur de différents magasins qui rivalisent d’astuces pour profiter de cette «manne financière». Fort heureusement, il s’agit d’une minorité de parents mais on peut penser, sans l’approuver, que de tels comportements déterminent cette proposition de loi envisagée par des députés de la droite pour encadrer cette aide de l’Etat sur le plan national français.
CONDITIONS D’ÉLIGIBILITÉ
À L’ARS
La prime exceptionnelle de rentrée scolaire sera versée le 15 septembre et concernera tous les bénéficiaires des minimas sociaux (Rsa, Aah, ASS et Aspa) et des APL, ainsi que les étudiants boursiers. Son montant sera de 100 euros par foyer et 50 euros par enfant à charge, sans limite de nombre d’enfants. Le ministère de l’économie et des finances Bruno Lemaire a précisé que : «Pour celles et ceux qui sont au-dessus des minima sociaux et qui touchent la prime d’activité, un versement exceptionnel complémentaire est prévu à la rentrée en plus de l’augmentation de 4% de la prime d’activité déjà intervenue au 1er juillet».
Aucun doute que dans le contexte social de la Guadeloupe, ces aides soulageront certains foyers, y compris ceux des personnels de santé suspendus dont les revenus n’ont pas dépassé en 2020 les plafonds indiqués. Peut-on s’attendre à des mesures exceptionnelles pour tous ceux dont les revenus sont suspendus depuis plus d’un an ? Rien n’est moins sûr et on peut alors regretter qu’aucun consensus n’ait été trouvé, dans l’intérêt cependant de la lutte avérée contre une pandémie, par la vaccination, pour éviter une telle situation.