Quels effets des mesures sur le pouvoir d’achat du gouvernement Macron sur la vie chère dans nos pays ?

Pour répondre à cette question il faut partir du réel vécu. En Martinique, selon l’Insee, sur un an, entre juin 2021 et juin 2022, les prix augmentent moins rapidement en Martinique qu’au niveau français : +4,6% contre +5,8%. En juin 2022, en Guadeloupe, les prix s’accroissent de 4,8% sur les 13 derniers mois, depuis mai 2021, et de 1,6% ces trois derniers mois confirmant la reprise de l’inflation sur la Guadeloupe.

Cependant, il convient de se rappeler que, selon les plus récentes études de l’Insee (2015), l’écart de niveau de prix avec la France est de +12,3% pour la Guadeloupe et de +12,5% pour la Martinique. S’agissant de l’alimentation l’écart de niveau de prix avec la France est de +32,9% pour la Guadeloupe et de +38,2% pour la Martinique.
En juin aux Etats-Unis, les prix à la consommation ont dérapé de 9,1% sur un an, du jamais-vu au cours de ces quarante dernières années. En zone euro, l’inflation a culminé à 8,6% en juin -un record depuis la création de la monnaie unique. Le choc est donc à venir pour la Martinique.
Enfin le taux de pauvreté tutoie les 30% en Guadeloupe et les 27% en Martinique, sachant que la «grande pauvreté» frappe plus de 1 Guade-loupéen ou Martiniquais sur 10.
Le niveau de revenu moyen dans nos pays est inférieur de 1/4 à 1/3 de la moitié du revenu moyen français.
LES MESURES DU GOUVERNEMENT MACRON :
RIEN DE SPÉCIFIQUES POUR
LES DITS OUTRE-MER
S’il vise à atténuer l’effet de l’inflation sur les catégories les plus modestes et à améliorer les revenus des fonctionnaires avec le relèvement du point d’indice bloqué depuis une décennie, la philosophie du pouvoir reste cependant fidèle à la doctrine de Macron consistant à faire travailler davantage les salariés au lieu d’augmenter les salaires

. Une façon déguisée d’allonger le temps de travail. Voici le résumé des principales mesures en faveur du pouvoir d’achat dont certaines sont applicables en Outre-mer :
Aides sociales : Aide exceptionnelle de rentrée attribuée aux allocataires des minima sociaux, de l''AAH et de la prime d''activité. Elle doit être versée, en septembre, aux allocataires des minima sociaux, de la prime d’activité, de l’allocation aux adultes handicapés (AAH) et aux étudiants boursiers. Son montant reste à définir.
Revalorisation de 4% de plusieurs prestations sociales : RSA, ASPA, AAH et celle des étudiants boursiers.
Déconjugalisation à l’initiative des parlementaires communistes de l''allocation aux adultes handicapés et des personnes handicapées en couple.
Energie : Hausse de la remise sur le carburant de 18 à 30 centimes par litre, prolongation du bouclier tarifaire.
Logement : Gel de l''augmentation des loyers pour les particuliers et les PME locataires, revalorisation des APL.
Retraites : Revalorisation de 4% des pensions.
Fonctionnaires : Dégel du point d''indice de la fonction publique.
Salariés : Augmentation du plafond de défiscalisation de la «prime Macron», hausse du plafond de défiscalisation des heures supplémentaires. Monétisation des RTT. Baisse de cotisations patronales sur les heures supplémentaires ; élargissement de l’utilisation des titres restaurant ; hausse du plafond de défiscalisation des frais de carburant.
Taxes et impôts : Suppression de la contribution à l’audiovisuel public pour les foyers équipés d''un téléviseur, autorisation de déblocage de l''épargne salariale.
QUID DU FAMEUX BOUCLIER-QUALITÉ-PRIX ?
En visite en Guadeloupe et Marti-nique Jean-François Carenco, le ministre délégué aux Outre-mer, semble-t-il, a un peu bougé par rapport aux conceptions ultra-libérales du gouvernement Macron. Il a reconnu que l’actuel bouclier qualité-prix (BQP) était «insuffisant» et qu’il fallait l’étendre et que les prix devaient être bloqués au moins pendant un an.
Il a demandé à l’Observatoire des prix de proposer une liste de produits de première nécessité. La mise en place de ce dit «panier de consommation familial» est prévue pour mi-septembre 2022. Il a promis des mesures spécifiques pour les pays dits d’Outre-mer. A ce jour, il n’a rien été annoncé. Une petite avancée qui devra être suivie d’effets concrets.
Il est temps que le gouvernement décide de vraiment bloquer les prix des produits de première nécessité et d’étudier la formation des prix pour agir contre les différentiels non justifiés avec la France. C’est ce dernier point qu’a entrepris enfin l’Observatoire des prix. Une liste de produits de première nécessité doit être élaborée officiellement.
QUELQUES PROPOSITIONS POUR LUTTER CONTRE LA VIE CHÈRE ET POUR PROTÉGER LE POUVOIR D‘ACHAT DANS NOS PAYS
1) Instaurer un système de surveillance et d’analyse de la formation des prix des produits et services de grande consommation (l’Observa-toire des prix n’est qu’un embryon) afin de déterminer les facteurs de sur-prix en Martinique et d’agir sur ces derniers (fret maritime, marges de distribution, frais de transit et de débarquement, etc.).
2) Fixer les prix et/ou les marges d’un certain nombre des produits de première nécessité en utilisant les possibilités de la législation actuelle même très libérale qui permettent de réglementer ; prendre des mesu-res pour répercuter dans les prix les aides au transport maritime accordées au titre de la dite «continuité territoriale» et la baisse du fret décidé par CMA/CGM.
3) Donner la priorité absolue à la recherche de la souveraineté alimentaire pour protéger le pays d’éventuelles pénuries alimentaires et de la hausse des prix des denrées alimentaires.
4) Instituer une taxation des surprofits des multinationales de l’énergie (Total énergies, Engie, etc) pour compenser le blocage des prix des carburants et du gaz.
5) Développer les échanges commerciaux avec notre environnement caribéen ; cela implique de revoir notre statut de RUP.
6) Augmenter les salaires, retraites et minima sociaux au moins au niveau de l’inflation.
7) Agir réellement contre la précarité de l’emploi qui augmente le nombre de travailleurs pauvres.
8) Prendre des mesures d’accompagnement pour que l’augmentation de la consommation générée par les hausses des salaires et mini-ma sociaux ne se traduise pas par la relance inconsidérée des importations (dispositifs de protection), l’accroissement des profits de la grande distribution capitaliste et l’écrasement de la production locale. Favoriser l’amélioration des parts de marché des produits et services locaux afin d’accroître la valeur ajoutée locale ; cela renvoie également à l’évolution institutionnelle ou statutaire.
9) Aider les PME locales du commerce, de l’artisanat, de la petite production à supporter les hausses de salaires par la modulation des taxes et charges sociales avec com-me contrepartie le maintien et la création d’emplois, la formation des travailleurs et la modernisation de leur activité (gains de productivité) ; cela renvoie aussi à un pouvoir législatif et fiscal local.
Le combat contre la vie chère inclut celui pour la souveraineté de nos peuples.