Y’a-t-il de l’éthéphon dans la banane en Guadeloupe ?

Depuis la diffusion de l’utilisation de l’éthéphon dans la banane martiniquaise, tous les consommateurs de bananes plantains, notamment ceux de Guadeloupe, sont inquiets.
Ces deux îles, victimes déjà de l’empoisonnement de leurs populations à la chlordécone, sont ainsi confrontées aujourd’hui à une autre molécule, l’éthéphon, utilisée pour accélérer le mûrissement de la banane plantain, qui, en temps normal, nécessite 8 à 10 jours. Avec cette molécule, ce temps de mûrissement n’est que de trois jours, à la plus grande satisfaction des producteurs.
Suite à cette révélation surprenante, il est prévu que soit diligentée une enquête pour la Guadeloupe, afin de connaître sa situation. Comme au début de la dénonciation de la chlordécone, on en parle à voix basse, sans faire trop de bruit car, ce sont des sujets qui dérangent et qui mettent en cause des responsabilités.
L’éthéphon est un régulateur de croissance végétale utilisé pour promouvoir la maturation de certains fruits comme les tomates, les betteraves, le café, l’ananas, les céréales...
Il peut être utilisé pour simplifier la récolte des fruits et accélérer la maturation, en aval de la récolte.
C’est une substance active autorisée en Europe depuis le 1er août 2007. Elle est largement utilisée à travers le monde sur diverses cultures.
Comme partout ailleurs, la Guadeloupe ne fait pas l’exception. Pour en savoir plus, nous avons interrogé un exploitant agricole qui préfère garder l’anonymat.
Dans la chaîne de distribution du produit, l’exploitant agricole est le premier maillon pour les consommateurs.
D’après le témoignage recueilli, l’utilisation de régulateur de croissance végétale remonte aux années 1980 en Guadeloupe. Selon l’agriculteur, le produit était présenté sous un autre nom dont la phonétique correspond à : «Lécrel», de couleur jaune claire.
Il explique, qu’à l’instar de la chlordécone, le produit était utilisé comme engrais, sans protection. Les utilisateurs ignoraient bien sûr sa dangerosité. Toujours d’après notre interlocuteur, l’éthéphon était utilisé aux pieds des bananiers pour lutter contre les charançons et les autres ennemis des cultures. Son odeur toxique avait un effet néfaste sur la santé de certains travailleurs qui vomissaient après l’avoir inhalé.
C’est un produit, dit-on, qui a pignon sur rue, car très utilisé par les vendeurs ou revendeurs de bananes plantains.
L’interdiction d’utiliser ce moyen de mûrissement rapide ne se fera pas sans mal, car c’est un grain de sable que l’on jette dans l’engrenage d’un système bien rôdé.
Les grandes comme les petites surfaces commerciales devront faire face, à terme, à une pénurie de bananes plantains qui proviennent des mêmes fournisseurs.
Les consommateurs, friands de ce produit, devront prendre leur mal en patience, jusqu’aux conclusions de l’enquête.