Un retour réussi en musique pour l’artiste Kenzy

Le chanteur guadeloupéen Kenzy présente son nouveau morceau intitulé «Baiser salé», repris avec ferveur par un public fidèle et des milliers de festivaliers estivaux. Après plusieurs mois de silence et de réflexion, il revient plus motivé que jamais pour proposer des sons rythmés aux couleurs des Caraïbes.

Kenzy, ravie de pouvoir échanger avec vous. Beaucoup d’actualités pour vous en ce moment, comment vous sentez-vous ?
Je suis très heureux ! Les représentations musicales ont repris, les con-certs ont repris et mon nouveau single «Baiser salé» est bien accueilli ! C’est un vrai morceau de l’été, un son entêtant ! Avec mon équipe, nous avons travaillé sur une stratégie forte pour être, très vite, très visible et très disponible. J’avais envie de clipper ce son et, surtout, j’avais envie de le présenter sur scène. Les festivals comme West Indies Green au Moule ou Karukera One Love à Paris en septembre m’offrent cette chance de présenter ma musique et je bouillonne !
Vous vous étiez fait quelque peu discret, pourquoi ce choix ?
Il est vrai que depuis le morceau Love vou twop, en duo avec Misié Sadik, date de juin 2021. Depuis, je suis plus discret. C’était une volonté de ma part de m’éloigner un peu de la musique. J’ai eu des périodes de doute, notamment en 2016 après mon premier album solo «Kalkilé», lancé lors de mon retour en Guade-loupe. Je naviguais un peu à l’aveugle et, le fait d’avoir évolué par la suite sans mon frère (Rafya), j’ai certainement un peu perdu mes repères… Nous étions un binôme et nous partagions les bonheurs que les craintes. Le fait d’être me lancer dans une carrière en solo m’a déstabilisé. Je n’ai jamais fait de la musique pour en vivre mais uniquement par passion. Alors, j’ai eu besoin de prendre du temps pour me redécouvrir et pour m’affirmer. Il fallait que je trouve ma musique, que je comprenne comment faire ma musique, et j’ai enfin la sensation d’être sur cette voie. Aujourd’hui, je suis heureux de vivre de tels moments grâce à la musique tout en restant un artiste indépendant. Je m''auto-produis et j’essaie d’offrir le meilleur au public. Il me le rend bien émerveillement.
Quelles sont vos aspirations actuelles ?
Je me concentre actuellement sur un projet d’EP (mini-album) de quelques titres bien sélectionnés. Nous sommes en train de bosser dessus. Je ne me mets pas de limite dans ma musique. Moi, j’ai toujours aimé la musique des Caraïbes mais aussi beaucoup les textes. Petit, j’écrivais chez moi à Grand-Camp aux Abymes. Mais j’aime aussi composer et chanter des mélodies. Vous avez cet air qui ne vous lâchera pas de la journée. C’était le but avec «Baiser salé» ! Il faut des vrais refrains pour marquer les esprits et ne pas être périssable en quelques jours. Je suis un artiste antillais et cela va de soi qu’il y aura toujours des notes de zouk et de reggae dans ma musique mais je suis ouvert à l’afrobeat, afroswing, dancehall, trap chantée. Ce sont des musiques qui se démarquent par leurs sonorités particulières et j’ai envie d’ajouter ces touches là, qui sont parmi les meilleures tendances musicales actuelles.
Quel est votre regard
sur la musique antillaise
et son évolution ?
Selon moi, le zouk ne cesse d’inspirer toutes les musiques du monde donc évidemment il a déjà l’étoffe d’être universel. Mais il a une image encore trop stéréotypée. Les artis-tes antillais doivent proposer des choses diverses, ils doivent proposer encore et toujours plus de nouveautés si nous voulons avoir un réel impact sur l’industrie musicale. Or, la scène musicale antillaise n’est pas assez structurée. Il n’y a pas assez de labels pour produire et promouvoir les artistes. Il n’y a pas assez de métiers autour de l’édition, de l’ingénierie du son, de la synchronisation, etc. Nous avons besoin d’avoir des compétences en amont et sur place pour que les artistes puissent jouer le jeu et se professionnaliser. J’ai l’impression que les radios sont dans l’attente de nos créations mais nous ne pourrons avoir une réelle influence et une réelle présence médiatique que lorsque nous arriverons à plusieurs, avec des titres percutants. Kalash a ouvert la voie à la scène antillaise. Il a fait un travail monstre et il s’est mis seul sous les projecteurs. Nous devons profiter de l’engouement autour de lui et autour de la musique caribéenne pour se faufiler sérieusement !
Comment réussir à exporter la musique au-delà de nos territoires ?
D’abord, il faut que nous ne soyons pas enfermés dans une boîte hermétique aux autres musiques et, surtout, il faudrait arrêter ce système de compétition entre nous et être solidaires. Prenez l’exemple de l’afrobeat. Ce style musical a émergé grâce à la force des lobbys des producteurs nigérians. Ils ont inondé les radios avec C-Kay, Davido, Rema… Leur force, c’est leur nombre. Autre exemple, le collectif des rappeurs marseillais ! Nous devons créer la même symbiose aux Antilles avec Were Vana, Meryl, Rachelle Allison… Il y a des talents et un public pour ces talents. La preuve, le titre Casanova de Were Vana est certifié single de diamant, c’est génial. Cela signifie que la population ultramarine et hexagonale est disposée à nous laisser une place. Nous devons avoir l’ambition de nos envies et mener ensemble cette conquête de la musique !
Instagram : kenzy_once_again