Inde : Election de Droupadi Murmu à la présidence de la République

Un événement qui n’a pratiquement pas eu d’écho dans les médias et pourtant, il est suffisamment exceptionnel dans la lutte des femmes pour être reconnues sur le plan d’égalité en droits à travers le monde.

Nous tenons donc à saluer le mérite de cette femme, âgée de 64 ans, originaire d’un petit village tribal, la tribu indienne Santha du district de Mayurbhanj, dans l''État d''Odisha de l’Inde, situé à l’Ouest. Tout d’abord institutrice dans son cet Etat, elle décida d’entrer en politique, sans doute après avoir constaté les conditions misérables de ses compatriotes et en particulier des «laissés pour compte de la croissance économique indienne».
Son accession à la présidence de la République démocratique parlementaire de l’Inde est d’autant plus méritante qu’elle souligne : «Dans le milieu où j''ai grandi, bénéficier d''une simple éducation élémentaire s''apparentait pour moi à un rêve, mais, malgré maints obstacles, ma détermination est restée farouche et je suis devenue la première fille de mon village à entrer à l''université».
UNE DÉTERMINATION ET UN COURAGE POLITIQUES AFFIRMÉS
Madame Droupadi Murmu doit son élection au combat qu’elle a mené au sein du Parti Nationaliste hindou Bharatiya Janata (BJP), Parti nationaliste du Premier ministre Naren-dra Modi. Elle a été élue à la présidence par le Parlement, avec une très forte majorité, de 64% des suffrages des députés et des Assem-blées des 28 États de l''Inde. Il con-vient de préciser que la Constitution de l’Inde, ancienne colonie britannique, a été très fortement inspirée par celle d’autres Etats et en particulier de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis d’Amérique. Il en résulte que le rôle du Président en Inde est amplement protocolaire.
Le Premier ministre et son gouvernement exercent les pouvoirs exécutifs, mais le chef de l''État peut renvoyer quelques projets de loi parlementaires pour réexamen. Il contribue à la procédure de formation des gouvernements.
Succédant à monsieur Ram Nath Kovind, madame Droupadi Mur-mu, est la deuxième femme à être élue Présidente du pays, après Pratibha Patil (2007-2012). Son geste de recueillement peu avant son investiture le 25 juillet 2022 à New-Delhi au mémorial dédié au héros de l''indépendance de l''Inde, Mahatma Gandhi est certainement le signe d’une volonté d’améliorer le sort de tous ces «laissés pour compte de la croissance économique indienne».
Il convient de préciser que, compte tenu de l’évolution positive de la population, on estime que, d’ici à la fin de l’année 2022, sur une superficie de 3 165 596 km2, soit six fois la superficie de la France, l’Inde comptera 1 425 771 530 personnes. Des chiffres qui placent ce pays au deuxième rang, après la Chine, par sa démographie et au septième rang par sa superficie.
UNE FENÊTRE D’ESPÉRANCES VA-T-ELLE S’OUVRIR ?
L’élection de Madame Droupadi Murmu, selon les analystes politiques devrait contribuer à l’élargissement de la base électorale du Premier ministre Narendra Modi aux communautés tribales, et permettre ainsi la réélection de ce dernier en 2024. D’ailleurs, c’est le Premier ministre lui-même qui a twitter : «Son accession à la présidence est un moment décisif pour l''Inde, en particulier pour les pauvres, les marginalisés et les opprimés» et à la présidente nouvellement élue de renchérir : «C''est une grande satisfaction pour moi que ceux qui ont été privés pendant des siècles, qui n''ont pas profité des avantages du développement (...) puissent se reconnaître en moi». Autant de déclarations qui peuvent ouvrir une fenêtre d’espérances à certaines communautés indiennes.
En tout cas, à Nouvelles-Etincelles, nous saluons encore une fois cet engagement dans la lutte des femmes sous tous les aspects pour contribuer à la transformation des sociétés dans un idéal d’équité, de justice et de paix.