Les entrepreneurs guadeloupéens se montrent déterminants à Paris

Fin août, s’est déroulée la Rencontre des entrepreneurs de France (REF) à Paris. Lors de cet événement annuel, l’Union des entreprises de Guadeloupe (UDE) a présenté une délégation forte d’une vingtaine de chefs d’entreprises et hommes politiques prêts à évoquer les problématiques qui menacent la société et proposer des réflexions d’issues raisonnables et envisageables à court terme. Jacques Fayel, vice-président de l’UDE, trace les contours pour Nouvelles-Étincelles.

Etes-vous satisfait de votre déplacement à Paris lors de la REF ? Quel bilan tirez-vous ?
Jacques Fayel : Nous, chefs d’entreprises de Guadeloupe, sommes très satisfaits d’avoir pu rencontrer nos confrères de la France hexagonale et, également, d’avoir pu échanger, avec beaucoup d’écoute et de sérieux, avec nos représentants politiques comme Mme Borne, Pre-mière ministre, M. Le Maire, ministre de l’Economie et M. Carenco, mMinistre délégué chargé des Outre-mer. C’est important que les univers du monde politique et de l’entreprenariat se réunissent régulièrement pour combiner les points de vue et travailler conjointement en vue d’une meilleure santé économique. Nous leur rappelons que nous sommes des acteurs de terrain et que nos réalités ont besoin d’être écoutées. Il faut créer des passerelles de travail entre ces mondes pour dessiner au mieux les orientations à prendre dans un avenir proche.
Quels ont été les temps phares de ces journées de travail ?
Nous avons parlé des impacts économiques de la guerre en Ukraine, qui influent aussi sur nos territoires ultramarins. Il est clair que celle-ci va causer des répercussions au niveau du coût de l’énergie. La Première ministre a, d’ailleurs, présenté un plan de sobriété à destination des entreprises. Ce plan, qui vise à réaliser des économies d’énergie a été, pour beaucoup d’entreprises, anticipé dès le début de la crise sanitaire, et heureusement ! Aujour-d’hui, le principal enjeu des entreprises est de prendre le train en marche de la transition écologique. C’est un enjeu de taille au sein du Medef national et Outre-mer.
De plus, nous pouvons être des territoires d’expérimentation intéressants. Nous avons la chance de profiter d’une terre riche en énergies naturelles renouvelables. La Guyane est à un niveau très avancé grâce à des systèmes d’électricité hydraulique. Nous possèdons des laboratoires de recherche, notamment à l’université des Antilles, qui prennent ce sujet à bras le corps. Biomasse, traitement des déchets, constructions de logements avec matériaux économes et durables, la Guadeloupe peut être créatrice de nouvelles opportunités dans ce domaine. Nous sommes à un tournant et les entreprises locales doivent rentrer dans la boucle. Ainsi, nous établirons une feuille de route pour tracer, d’ici quelques mois, une vision globale pour le développement de notre archipel
Avez-vous mis en exergue
des propositions pour intervenir face au problème épineux de la flambée des prix ?
Cela reste l’enjeu numéro un. Mais, il ne faut pas se focaliser uniquement sur l’augmentation du coût des produits de première nécessité et demander des efforts uniquement aux grandes enseignes de distribution. Il faut élargir le prisme des postes des dépenses et agir à tous les niveaux. L’effort doit être conjoint avec tous les secteurs, que ce soit le carburant, la téléphonie ou le logement. Certains, en position de monopole, comme le transport aérien par exemple, ont tenté de minimiser l’impact de la guerre sur leurs prix. Cela démontre qu’il est tout à fait possible que d’autres, fortement concurrentiels, puissent aussi offrir des baisses de coûts conséquentes. C’est une question d’équilibre à mener en faveur de l’intérêt général.
Ne trouvez-vous pas frustrant de toujours solliciter les entreprises ?
C’est notre devoir et nous l’assumons. Mais, bien sûr, nous attendons aussi une contribution de la part de l’Etat, notamment à l’heure de la taxe foncière. Nous demandons surtout à l’Etat d’être plus pertinent et fixe dans les règles économiques qu’il applique. Une entreprise a à coeur de se développer mais elle a besoin de textes et de cadres et les lois changent sans cesse… Nous avons besoin d’être rassurés et de connaître les contours fiscaux pour aller au bout de nos ambitions. Ainsi, nous serons toujours motivés à créer de l’emploi et à lever des investissements.
Ces lourdeurs administratives
et cette absence de visibilité ont notamment été mises sur la table
à propos du développement du commerce dans l’arc caribéen, n’est-ce pas ?
Oui, M. Carenco encourage les entreprises antillaises à commercer davantage avec nos voisins anglo-saxons et à ancrer notre économie plus localement. Je suis d’accord avec lui, mais ce n’est pas une idée nouvelle. Nous nous y sommes frottés depuis plusieurs années mais le constat reste le même.
Pour cela, il faudrait simplifier les normes commerciales (taxation, etc.) pour que nos entreprises soient plus compétitives. La délégation de Guadeloupe, avec la présence de M. Losbar, M. Serva et Mme Jasmin, a souhaité démontrer, tout au long de ces journées, notre détermination, à développer l’attractivité de nos territoires. Or, nous ne pouvons le faire seuls. Aujourd’hui, l’Etat est conscient du potentiel et des atouts des Outre-mer, nous espérons qu’il nous confiera les bonnes cartes pour l’avenir.