Journées nationales de lutte contre l’illettrisme

Du 8 au 15 septembre 2022 ont lieu la 9e édition des Journées nationales de lutte contre l’illettrisme, action initiée en 2014 par l’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme (ANLCL).

Une telle manifestation intéresse la Guadeloupe au premier plan, si on se réfère aux statistiques de l’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques) qui estime que 25% de la population de 16 à 65 ans se trouvent en situation d’illettrisme, contre 7% en France.
On ne peut s’en étonner eu égard au taux de chômage et à la précarité dans notre pays qui sont des facteurs indéniables mettant la force vive du pays dans cet état d’exclusion ou de difficultés d’insertion professionnelle. Car, il faut savoir, que si l’analphabétisme définit la situation des personnes qui n’ont pas été scolarisées donc qui n’ont pas eu la chance d’apprendre à lire, écrire et compter, bases fondamentales de la formation, l’illettrisme définit par contre la situation de celui qui a eu cette possibilité mais qui a été victime d’exclusion sociale et a perdu la maîtrise de ces outils fondamentaux.
Le taux d’analphabètes durant plusieurs décennies après la deuxième guerre mondiale était encore très élevé dans la colonie Guadeloupe du fait de l’état d’obscurantisme dans lequel était maintenu la Guadeloupe par le Gouvernement français et dont ne se souciaient pas beaucoup de ses valets locaux qui en profitaient d’ailleurs pour assurer leur élection par toutes sortes de stratégies. Fort heureusement, certains de ces analphabètes arrivaient à sortir de cette incurie intellectuelle grâce à des cours d’adultes mis en place gratuitement le soir par des municipalités progressistes ou par leur militantisme au sein d’organisations politiques soucieuses de la dignité de l’homme et de leur engagement pour leur pays. Le mouvement communiste guadeloupéen depuis 1944, qui devait devenir plus tard le Parti Communiste Guadelou-péen, a été de celles-là, surtout dans le monde des travailleurs, dockers, cultivateurs, artisans et autres.
Aujourd’hui, c’est surtout cette seconde situation d’illettrisme qui concerne la population guadeloupéenne car, avec la mise en place de l’obligation scolaire, on peut affirmer qu’en 2022, les Guadeloupéens sont passés par l’école, donc ont été alphabétisés. Nos compatriotes qui sont conscients de leur état d’illettrisme doivent avoir aussi la volonté inébranlable de s’en sortir car, beaucoup d’associations, organisations civiles, syndicales ou politiques contribuent à cela depuis des décennies, par des actions purement bénévoles.
Il revient cependant au Conseil départemental de mettre en place, avec d’autres organismes, des actions pour remédier à l’illettrisme, dans l’esprit de la déclaration du gouvernement, en 2013 de faire de la lutte contre l’illettrisme, une «grande cause nationale». Le thème de cette neuvième édition, choisi par l’ANLCL, coordinatrice de cette opération est : «Lutter contre l’illettrisme au travail, on est tous concerné». Elle veut en effet fixer le projecteur sur la situation de plus de la moitié des personnes illettrées qui occupent un emploi. Elle appelle ainsi tous les acteurs, collectivités, entreprises, associations, employés, et autres bonnes volontés, à faire bloc pour contribuer aux différentes manifestations prévues et qui ont une portée humanitaire.
Une convention a été signée dans ce cadre-là, entre le Conseil départemental de Guadeloupe et l’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme, le jeudi 8 septembre 2022. Il apparaît en effet que, dans son plan de mandature, le président du Conseil départemental Guy Losbar fait de la résolution de cette problématique une priorité, afin de lutter contre toutes les formes d’exclusion sociale et de précarité. Une politique qui devrait permettre aux personnes concernées d’avoir davantage d’autonomie, dans leurs démarches administratives notamment.
Encore faut-il que des actions soient mises en place effectivement durant toute l’année et que les 60 actions du programme de la semaine du 8 au 15 septembre 2022 ne se traduisent pas par des «grandes messes» de constats et d’intentions. Une évaluation à destination du public sera attendue à terme.