SAINT-LOUIS DE MARIE-GALANTE La culture au coeur de la cité : le «bik a liv»

Formidable initiative que celle du conseil municipal de Saint-Louis de Marie-Galante d’avoir installé, sur le territoire des «bik a liv», à la disposition des administrés certes mais aussi de tous les visiteurs.

C’est une opération qui n’a pas l’envergure d’une bibliothèque, encore moins d’une médiathèque mais, si modeste qu’elle puisse l’être, c’est toujours un plus dans l’intérêt de la population défavorisée, puisqu’elle vise à aller à sa rencontre.
Elle a été inaugurée le samedi 21 mai 2022, lors de la journée littéraire organisée par la commune, avec la collaboration de l’Associa-tion des lycéens, en compagnie de la lauréate du Concours «Prix Carbet des lycéens», Emmelie Prophète.
Nous avons interrogé le maire François Navis…
Sur la motivation
de cette réalisation
«Trois bik a liv» sont déjà installés. On doit donner le goût du livre car, c’est dans les livres qu’on trouve la vérité et pas dans la rue. On nous demande à ce qu’il y ait des tablet-tes à l’école élémentaire. Je ne suis pas pédagogue à ce niveau-là, mais, j’aurais préféré que par les livres, on apprenne à lire et à compter. Pour écrire, il faut savoir former les lettres et ce n’est pas sur une tablette que cela s’apprend. Cette opération était prévue dans le programme de campagne électorale de 2020, dans le cadre des «opérations PAP-PAP», c’est à dire rapidement. Nous avons tout de même mis une année pour la faire. Si les gens s’en approprient, d’autres suivront».
Sur l’exploitation des «bik a liv»
«Nous faisons appel à l’esprit de responsabilité de tous ceux qui en font un usage, qu’ils soient adolescents, ou encore plus jeunes, jeunes adultes ou plus âgés, pour la consultation et l’approvisionnement. Ils peuvent les emporter, les ramener, même éventuellement les conserver s’ils y trouvent un certain intérêt et en faire un bon usage. J’ai eu moi-même l’occasion comme beaucoup d’autres Saint-Louisiens de faire don de livres de différents domaines, littéraires, scientifiques, historiques ou scolaires, pour leur enrichissement. Nous faisons confiance aux donateurs pour apprécier le contenu des ouvrages du point de vue moral et civique. Nous devons vraiment mener des actions militantes en faveur du livre pour que nos jeunes puissent apprendre à lire, à toucher le papier, même si le papier devient excessivement cher, plutôt que d’avoir l’oeil toujours fixé sur l’écran. Il m’arrive d’ouvrir ces vitrines et si je constate des cases vides, je demande aux agents d’alimenter car, nous avons des livres en stock».
La portée générale d’une telle action
Il est incontestable que cette action revêt une portée générale qui devrait inspirer toutes les collectivités. Il est en effet unanimement admis que le livre est délaissé par toutes les tranches de la population, au profit des écrans de tous les supports numériques dont la dangerosité est de plus en plus dénoncée sur les plans de la culture et de la citoyenneté. On peut même regretter qu’aujourd’hui, les salles d’attente de différents cabinets publics ou privés, tels que médicaux, sociaux ou autres, ont cru bon de supprimer ces lectures de différents organes scientifiques ou médiatiques qui faisaient patienter les «clients» ou les patients. Même les enfants en bas âge n’ont plus cette opportunité de se livrer à des coloriages mais sont plutôt enclins à découvrir les téléphones portables de leurs parents.
«La société évolue» est la sempiternelle réplique en oubliant malheureusement que c’est l’homme qui fait justement évoluer la société, au même titre que ce n’est pas «la route qui tue», mais bien, le comportement de l’homme sur la route qui tue. Il appartient donc à chacun de se regarder dans son miroir. Cette opération «bik a liv» est aussi de nature à lutter contre l’illettrisme dans notre pays.