Italie : Victoire de l’Extrême-droite

C’est sans surprise que le parti d’extrême droite conservateur et souverainiste de Giorgia Meloni, Fratelli d’Italia (F.I), s’est imposé comme la première formation d’Italie en remportant les élections législatives dimanche 25 septembre 2022. En effet depuis plusieurs mois, les sondages l’avaient déjà prévu.

Même si le taux de participation est en forte baisse (à 64,07%, contre 73,86%, lors des législatives de 2018), on ne peut passer sous silence la déroute de la coalition de gauche avec ses moins de 20% des suffrages. Si le Parti démocrate devient le premier parti d’opposition, le Mouvement 5 étoiles (ni gauche ni droite) créé en 2009 et après ses durs revers à partir de 2019, s’impose comme un nouveau parti de gauche selon certains observateurs.
Avec cette victoire, c’est un virage à toute avec la droite aux commandes qu’a pris l’Italie ! Ce sont près de 43% des suffrages que la coalition, formée de F.I de Meloni avec l’autre parti d’extrême droite, la Ligue du Nord, de Matteo Salvini, et Forza Italia, le parti conservateur de Silvio Berlusconi, récolterait. Ce score leur permettrait ainsi de gagner la majorité tant au Sénat qu’à la Chambre des députés.
Ayant ainsi imposé son parti comme étant le premier parti d’Italie lors de ces élections, Giorgia Meloni devrait devenir la première femme présidente du Conseil italien. Ce nouveau gouvernement qui sera nommé après l’élection des présidents des Chambres sera regardé à la loupe. Comment les deux partis, celui de Meloni et celui de Salvini, vont-ils s’entendre car en réalité de fortes divergences existent. Quelles sont-elles ?
• Tout d’abord elle s’est démarquée par un discours moins outrancier, moins anti-élite, moins populiste que son homologue Salvini de la Ligue du Nord.
• Leur positionnement en matière de politique étrangère et notamment par rapport à la Russie concernant la guerre en Ukraine est également divergent. Salvini soutient que les sanctions prises contre la Russie sont inefficaces.
• La question du rapport avec l’Union européenne a été à un moment conflictuel du fait du silence de Salvini prisonnier de l’aide financière débloquée par l’U.E dans le cadre du plan de relance en faveur de l’Italie. Depuis les deux leaders ont annoncé leur défiance face à Bruxelles.
• Sur le thème de l’immigration, là aussi il existe des différences dans les propositions même si de manière synthétique ils parlent de concert. Pour Meloni, un accord avec la Lybie pour bloquer les bateaux ès le départ. Pour Salvani, bloqer les ports italiens aux bateaux des ONG.
• Autre point d’achoppement : la solution à la crise énergétique du fait que l’Italie est dépendante du gaz russe à 40%. Plan de 30 milliards pour apaiser les effets de la crise pour Salvani contre le fait de creuser la dette pour Meloni.
• Sur l’organisation territoriale en Italie : Meloni prône un pouvoir central tandis que Salvani souhaite plus d’autonomie pour les régions.
Ces quelques divergences vont-elles fragiliser la coalition au pouvoir ? Va t’elle résister aux difficultés et ne pas succomber à la dure réalité ; celle d’avoir une courte durée de vie au pouvoir comme tant de gouvernements précédents ?
Mais au-delà des questions intérieures, la victoire de l’extrême droite aura sans doute des répercussions dans les relations franco-italiennes et voire même avec l’Union européenne.
Tout d’abord, avec la France, le problème majeur qui risque de perturber les bonnes relations qui existaient entre le premier italien et le président Macron : la question de l’immigration africaine en Europe. N’étant pas la candidate du président français, la lune de miel risque de laisser place à une relation distendue.
Plus large que le France, c’est l’U.E qui après la victoire de l’extrême-droite en Suède, craint que le soutien de la Suède à l’Italie ne s’élargisse pas également à la Pologne et à la Hongrie. Ces deux derniers sont en conflit avec la commission européenne qui leur reproche des atteintes à l’Etat de droit. Avec Giorgia Meloni, une eurosceptique à la tête de la troisième puissance européenne, Bruxelles tremble.
Quand la gauche est incapable de s’unir et quand la droite joue avec le feu, ce sont les populations qui paient les conséquences et qui sont montrées du doigt ! Réagir pendant qu’il soit possible d’arrêter cette spirale de la peur, de l’accusation de l’autre, des politiques qui visent la destruction de l’Homme et de la planète ! C’est de la responsabilité de chacun de nous individuellement et surtout collectivement !

Qui est Giorgia Meloni ?
45 ans, née d’un père communiste et d’une mère plutôt à droite, journaliste de profession ; elle est aussi mère d ‘une fille.
1992 : Âgée de 15 ans, elle devient une militante au MSI (parti néofasciste historique).
1996 : Elle passe son Bac (option langues), son seul diplôme. Elle est nommée responsable nationale de Azione Studentesca (organisation étudiante de droite) et adhère au Front de Jeunesse du Mouvement social italien (MSI).
2006 : Élue députée à Rome. Elle a 29 ans. Par la suite, elle devient vice-présidente de la Chambre des députés auprès de son président Fausto Bertinotti (membre du parti de la refondation communiste).
2008 : Ministre de la jeunesse et des sports du gouvernement Berlusconi jusqu’en novembre 2021.
2012 : Elle fonde son propre parti, Fratelli d’Italia.
Depuis, son parti n’a cessé de croitre d’élection en élection locale ou nationale.