L’URINE, SOURCE D’ÉNERGIE ÉLECTRIQUE Découverte de collégiennes nigériennes

Aujourd’hui, il est question d’utiliser l’hydrogène comme source d’énergie électrique, moins polluante pour la planète, à la place des combustibles traditionnels, diésel et essence sans plomb de plus en plus chers et les sources d’ailleurs de plus en rares.

C’est pour nous l’occasion de présenter à nos lecteurs, cette surprenante découverte depuis 2012 de quatre collégiennes du Niger, âgées de 14 à 15 ans qui, encadrées par leur professeur en Ingénierie, M. Omotayo Fakinlede, ont mis au point un générateur électrique fonctionnant à l’urine.
UNE INVENTION DONT LES MÉDIAS NIGÉRIANS AVAIENT FAIT ÉCHO EN NOVEMBRE 2012. DIX ANS DÉJÀ !
«Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme», a enseigné en effet le chimiste Lavoisier en 1789. Un énoncé qui trouve bien sa justification quand on sait que cette urine animale, plus particulièrement celle de l’homme, a toujours été considérée comme un des déchets de l’organisme, jadis utilisé par nos grands-parents comme engrais ou pesticides naturels et aussi pour traiter certaines maladies juvéniles tel que l’acné.
Selon la dépêche de l’Agence Ecofin du 12 novembre 2012, cette invention a été présentée par la jeune nigérienne Duro-Aina Adebola, assistée de ses trois camarades, Akindele Abiola, Faleke Oluwatoyin et Bello Eniola, à la foire des inventions africaines «Maker Faire Africa», à Lagos, ville du Niger, deuxième plus grande ville du continent africain qui compte plus de 15 millions d''habitants. Les invités ont été impressionnés par cette ingéniosité.
Certes, la procédure peut paraître relativement simple mais, il fallait y penser, la concevoir et la réaliser à ce niveau de la scolarité des collégiennes. Mais Pierre Corneille n’a-t-il pas enseigné en 1636 que : «Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années».
UN LITRE D’URINE POUR PRODUIRE 6 HEURES D’ÉLECTRICITÉ
On sait que l’urée est le principal constituant de l’urine. Sans entrer dans les détails des différentes étapes permettant de décomposer cette urée, il suffit de savoir que l’urine est placée dans une cellule d’électrolyse qui sépare les différents composants en azote, eau et hydrogène. L’hydrogène capté est filtré et stocké dans une bouteille de gaz pour être ensuite envoyé dans le générateur, c’est-à-dire la machi-ne productrice de l’électricité ou «pipi-générateur». Et le tour est joué ! Un litre d’urine leur a permis de produire 6 heures d’électricité pour alimenter, avec une production de quelques watts, des ampoules, un ventilateur et un téléviseur.
Pour mieux apprécier la portée de cette découverte, il faut se rappeler que plus d’un milliard de personnes dans le monde ne dispose pas de l’énergie électrique alors qu’elles rejettent quotidiennement entre 1,5 et 2 litres d’urine. Nos jeunes collégiennes ont sans doute été motivées par le fait qu’au Niger et en l’occurrence dans leur mégapole, les coupures de courant sont très nombreuses ce qui conduit la population à l’utilisation de groupes électrogènes fonctionnant au diésel, très nocifs, très polluants et très coûteux. A ce stade de la découverte, il restait quelques inconvénients à régler, à savoir : la nécessité d’avoir de l’électricité pour faire démarrer le processus d’une part et les dispositions pour éliminer les risques d’explosion, l’hydrogène étant très volatil.
LA SAUVEGARDE DE
LA PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE
Toujours selon l’agence Ecofin, trois ans après, soit en 2015, ces jeunes nigériennes «se font souffler leur invention de production d’électricité à base d’urine par des chercheurs de la West of England University de Bristol, au sud-ouest de l’Angleterre».
Cela consiste à utiliser une pile microbienne pour produire de l’énergie grâce à un processus de dégradation par des bactéries de la matière organique en décomposition. C’est vrai qu’en matière de découverte sur le plan mondial, il est très difficile de sauvegarder la propriété intellectuelle et ceci dans tous les domaines de la recherche.
Toujours est-il que la réalisation de ces quatre jeunes nigériennes fera date dans l’histoire et ouvre sans doute une nouvelle voie, non seulement pour permettre à tous les peuples de la planète de disposer d’une énergie potentielle inépuisable mais aussi pour diminuer les effets de pollution de la planète.
La Guadeloupe sera-t-elle au rendez-vous dans un avenir plus ou moins lointain quand on connaît tous les problèmes actuels pour gérer ses bassins d’épuration et ceux qui se posent déjà pour la production de l’énergie électrique ? Il n’est pas utopique d’y penser puisque nous sommes déjà à l’ère de la purification des eaux des égouts en eau potable, effective dans certaines grandes villes.