L’application de la loi en pays colonisé

La loi n’est pas respectée à tous les niveaux. Le consommateur guadeloupéen subit l’arbitraire dans la fixation des prix des services publics comme privés.

C’est souvent qu’on entend dire que la Guadeloupe a un fonctionnement similaire à une République bananière. En d’autres termes, que c’est un pays qui subit le dictat d’une classe bourgeoise composée de blancs pays et de Français de l’hexagone qui font la pluie et le beau temps. On dit aussi que la Guadeloupe est un petit pays, que tout le monde se connaît que tout le monde est taillable et corvéable.
Ceux qui font l’économie, qui investissent et envahissent tous les secteurs de l’économie, gouvernent dans l’ombre. Ils tiennent d’une main de maître ceux qui sont acquis à leurs causes et qui font le jeu politique.
En revanche, une grande partie de la population est ignorée ou marginalisée, bafouée de ses droits les plus élémentaires. L’affaire Bois-Debout contre les travailleurs de la banane en est un exemple flagrant qui illustre bien à propos. Ceux qui donnent du travail ou qui ont de l’argent tiré de la force du travail de ceux qu’ils emploient, se comportent comme des petits rois, sans foi ni loi.
Dans le monde du travail, la montée d’un profond sentiment de malaise social et d’injustice persiste fortement. Pour faire respecter ses droits, pourtant garantis par le Droit du travail, le travailleur doit franchir d’innombrables obstacles, notamment juridiques et financiers pour avoir gain de cause.
La transformation de la Guade-loupe en colonie départementalisée n’a rien changé fondamentalement à la structure du pouvoir économique, administratif et judiciaire. Nous vivons dans une société où la loi s’applique en Guadeloupe différemment qu’en France hexagonale. Il y aurait donc une application de la loi en fonction de son rang social.
Dans l’affaire Claude Jean-Pierre par exemple, à Deshaies, c’est la bouteille d’encre. Un gendarme tue un être humain dans des conditions obscures, jusqu’à ce jour c’est une affaire qui reste non élucidée. Nous pouvons parler encore de la responsabilité de ceux qui ont empoisonné les eaux et la terre des Guade-loupéens au chlordécone, avec la complicité de tous ceux qui ont bénéficié des taxes prélevées sur le produit entrant, pourtant interdit depuis 1992.
La loi n’est pas respectée à tous les niveaux. Le consommateur guadeloupéen subit l’arbitraire dans la fixation des prix des services publics comme privés.
En matière du respect des 50 pas géométriques sur le littoral, la loi n’est pas la même pour tous. Cela se vérifie encore en matière de construction de logements so-ciaux en zone rouge. C’est le cas à Goyave et les exemples sont loin d’être épuisés.
Pourtant, dans certains conflits, on entend les uns et les autres réclamer à cor et à cri l’application stricto sensu de la loi, par ceux-là même qui la bafoue en toute circonstance.
C’est l’origine du mal guadeloupéen. La Guadeloupe est un pays agréable où il fait bon vivre, qui s’écroule sous le poids des conflits sociaux en tous genres.
Il est temps que les Guadeloupéens qui ont encore la force et les moyens de le faire, se rassemblent, se mettent ensemble pour décider de sortir le pays de l’impasse. Le salut de la Guadeloupe ne dépend que des Guadeloupéens et non des autres.