Brésil : Avec la victoire de Lula, un espoir renaît !

Depuis dimanche dernier, une page se tourne pour le Brésil. L’ancien président et candidat, Une page se tourne pour le Brésil. Dimanche soir, l’ancien président et candidat, Lula, a battu le président sortant Jair Bolsonaro dans les urnes. Avec 50,9% des voix, contre 49,1% pour son adversaire d’extrême droite, une nouvelle ère s’ouvre avec le prochain chef d’Etat brésilien.

Le «style Lula» c’est-à-dire, celui d’un président qui va respecter les institutions, l’Etat de droit, qui ne fera pas d’appel à la violence ni de déclarations racistes, homophobes ou pour la déforestation, permettra-t-il de sortir le Brésil de ces quatre dernières aux années ? dans quelle direction ? Que va changer cette accession au pouvoir pour le Brésil, mais aussi pour l’Amérique latine ?
UNE VICTOIRE DANS UN CONTEXTE DIFFICILE
La tâche sera d’autant plus ardue qu’au-delà de la présidentielle, les électeurs ont souvent voté pour des candidats conservateurs aux élections législatives du 2 octobre dernier. Elles se déroulaient en parallèle au premier tour de la présidentielle et ont accordé une majorité à la droite et au centre droit. À la Chambre des députés, le Parti libéral (PL) de Jair Bolsonaro a obtenu près de 100 sièges, contre 80 au Parti des travailleurs (PT) de Lula.
Ainsi, dans ce contexte aussi difficile, la marge de Lula est étroite. Il devrait s’accorder un court répit avant de se retrousser les manches et de s’attaquer à la formation de son gouvernement ; un gouvernement d’ouverture, comme il l’a déjà promis !
D’autre part, le contexte économique et politique n’est plus aussi favorable qu’au début des années 2000, quand il avait pris les rênes du pays. De plus, la dette publique a filé, pour des raisons conjoncturelles (coûts associés à la pandémie) mais également structurelles (déficits budgétaires récurrents). Le taux d’endettement du Brésil dépasse désormais la barre des 90% du PIB, contre 65% au début du siècle.
Lula arrive à la tête d’un pays violemment frappé par plusieurs années de croissance molle et de récession (0,8% de croissance annuelle moyenne entre 2011 et 2019) et par la pandémie. Avec un lourd coût social : 15% de la population vit aujourd’hui dans l’insécurité alimentaire, contre 4% quand Lula avait quitté le pouvoir. Et les perspectives économiques sont peu encourageantes : selon les prévisions du Fonds monétaire international, la croissance économique, après un fort rebond cette année (+ 2,8%), sortie de crise sanitaire oblige, ne devrait pas dépasser l’an prochain 1% (moyenne en Amérique du Sud : 1,6%).
Un bilan de ces dernières années a été accablant, marqué par une augmentation vertigineuse des violences, le retour de la faim et une déforestation record. De nos jours, plus de 33 millions de Brésiliens souffrent de la faim, soit plus que les populations du Portugal et de la Roumanie réunies.
Le retour de la faim, l’aggravation des inégalités sociales et la destruction de l’environnement y sont aussi analysés sous le prisme du démantèlement des institutions publiques promu par le gouvernement Bolso-naro. De nos jours, plus de 33 millions de Brésiliens souffrent de la faim, soit plus que les populations du Portugal et de la Roumanie réunies. Le gouvernement climatosceptique de Bolsonaro a par ailleurs accéléré la destruction de l’environnement : entre 2019 et 2021, l’équivalent de la surface de la Belgique a ainsi été rasée en Amazonie.
La culture et l’éducation ont été durablement attaquées, subissant une asphyxie budgétaire qui a eu pour principale conséquence de paralyser la création et d’entraver le bon fonctionnement des établissements scolaires et universitaires, ainsi que des institutions de recherche.
Ainsi, cette victoire dans ce con-texte va sans aucun doute obliger le leader brésilien à faire des compromis pour réconcilier une société brésilienne ; Tout d’abord en faisant un gouvernement qui sera composé des membres de la grande coalition avec la nomination de certainement Marina Silva, «femme, noire, et écologiste» , qui incarne la lutte pour la protection de l''environnement et la «déforestation zéro» en Amazonie ; ensuite à établir son programme social beaucoup moins ambitieux qu’en 2002.
LA VICTOIRE DE LULA,
UNE BONNE NOUVELLE
À L’INTERNATIONAL ?
Au vu des nombreuses réactions partout dans le monde, la victoire de Lula était fortement espérée. Une des principales raisons est la défaite du camp de l’extrême-droite. Un deuxième enjeu qui concerne la survie de la planète : la sauvegarde de l’Amazonie ! Mais dans le concert international, nous retenons :
• Le rétablissement de la relation avec le continent africain. Très attendu par de nombreux pays afin de mettre au coeur de la reprise des relations avec l’Afrique la coopération sur la question environnementale et sur les enjeux sanitaires.
• La lutte contre la crise climatique. La préservation de la forêt amazonienne est un enjeu mondial de taille cat c’est le «poumon vert de la planète» abritant entre près de 70% de la biodiversité mondiale. Sous le mandat du désormais ex-président brésilien, la déforestation de l''Ama-zonie s''est accélérée de 7%. Avec la victoire de Lula, la Norvège, un des principaux bailleurs de fonds de la protection de la forêt amazonienne, avec l''Allemagne, a décidé de dégeler l’aide qu’elle donnait pour lutter contre la déforestation.
• L’immense espoir d’une nouvelle ère dans l’histoire de l’Amérique latine. En effet, la droite a été très affaiblie par la crise et le covid-19. La tendance au «dégagisme» a commencé en 2018 au Mexique avec l''élection d''Andres Manuel Lopez-Obrador puis s''est poursuivie en Argentine, en Bolivie, au Pérou, au Honduras, au Chili puis enfin en Colombie en juin cette année avec l''élection du premier président de gauche dans l''Histoire du pays
LA VICTOIRE DE LULA,
UN TOURNANT NÉCESSAIRE POUR LE BRÉSIL ?
Ce changement de chef d’Etat est synonyme d’un «premier pas nécessaire» pour sauver les institutions brésiliennes, estime Juliette Du-mont, «mais pas suffisant». C’est un «président qui va parler à tous les habitants, pas seulement ses partisans, quelqu’un qui peut amener une reconsolidation des institutions démocratiques et non un discours de haine», insiste-t-elle. Lula a en effet promis, pendant son discours de victoire, de «gouverner 215 millions de Brésiliens, et pas seulement ceux qui ont voté pour [lui]. Il n’y a pas deux Brésil, nous sommes un seul peuple, une seule nation». Il a par ailleurs insisté sur l’importance de «l’unité» de son pays.
Lula a aussi plaidé pour «un Brésil égalitaire, un Brésil pour tous», dont la priorité est donnée aux personnes qui en ont le plus besoin. Il a ainsi décliné les priorités : la lutte contre la faim, inconcevable dans un pays qui produit tant de denrées alimentaires, la lutte contre la pauvreté et les inégalités.