Nous ne gagnerons que dans l’unité !

E t voilà que le temps de mai s'en est allé. Le temps des commémorations, le temps du souvenir, le temps pour se ressourcer dans notre histoire afin de mieux se projeter dans l'avenir.

Ce mai là fut celui de tous les patriotes gua- deloupéens, de tous ceux qui ne font pas dans le renoncement ou qui refusent de se mettre à plat ventre ; tous ceux qui veulent puiser dans le creuset laissé par les glorieux combat- tants d'hier, dont les noms ces derniers jours furent gravés sur nombre de lèvres, et résonnent encore dans nos oreilles, tellement ils imprègnent nos mémoires «…Ignace !… Delgrès !… Solitude !… Massoto !…, Marie- Rose Toto !… Jean-Louis !…».

Voilà venu aujourd'hui l'heure du concret. Que faisons-nous vraiment pour notre Guadeloupe afin d'assurer un meilleur devenir à la génération montante.

Cette interrogation, ne devrait-elle pas être la préoccupation première de tous ceux qui prétendent, et encore plus ces jours-ci, s'en - gager pour le pays.

Le constat est depuis longtemps fait sur notre situation catastrophe dans bien des domaines. T out le monde est unanime ou presque, à énumérer nombre de «freins» à notre développement ». Mais, malheureusement, pas assez nombreux sont ceux qui s'attachent à analyser la source, les causes réelles du mal qui gangrène la Guadeloupe. Faute d'une telle analyse, d'un ef fort de réflexion, nous nous contenterons de tour - ner en rond, en éclipsant la réalité.

C'est pour cela qu'il appartient à tous ceux qui, depuis longtemps, ont accédé à la connaissance des rouages qui animent notre société de persévérer et d'entraîner le plus grand nombre de Guadeloupéens à prendre conscience et à s'engager sur la voie de la lutte pour l'accession à plus deresponsabilités.

Mais, cette lutte émancipatrice doit être la plus organisée possible afin qu'elle atteigne l'objectif assigné. Cela passe inexorable - ment par la recherche permanente de l'unité de notre peuple qui doit être la préoccu - pation première de tout un chacun.

Car , c'est lorsque le plus grand nombre aura accédé à la compréhension que notre salut dépend de nous, de notre capacité à nous engager pour notre pays, que les bases réelles seront posées pour un meilleur devenir.

Cela ne sert à rien que certains se marginalisent en pensant d'emblée qu'ils sont «le peuple». Le peuple n'est pas simplement le nombre, il n'est pas non plus un ensemble hétéroclite mobilisé pour un objectif ponctuel. Il est d'abord une communauté de destin allant vers un même objectif, dans la durée.

C'est dire que le chantier qui attend les orga- nisations politiques engagées dans le combat pour la souveraineté est encore vaste.

On comprend donc que la démarche engagée par les Forces Patriotiques Anticolonialistes et Anticapitalistes (F.P.A.C.) a toute sa place à l'étape actuelle de l'évolution de la Guadeloupe, qui nécessite que des organisa- tions politiques qui pour certains ont longtemps lutté chacun de leur côté, parfois même, en s'opposant avec véhémence, se regroupent aujourd'hui pour atteindre ensemble l'objectif qu'ils se sont assignés depuis tantôt, et qui devient aujourd'huicommun.

Ces organisations ont compris que, nous ne gagnerons que dans l'unité !

Mais, l'unité est un combat permanent qui nécessite que chacun abandonne un peu du sien, sans avoir le sentiment de se renier , de se flageller même, en faisant un pas vers l'autre pour avancer , conscient que cette unité ne sau - rait être unicité. Nou pa ka san'm, mè nou ansanm, pou vansé adan on menm larel.C'est à force de travailler ensemble, d'échanger , de communiquer , que nous arriverons à éliminer les divergences ou dif- férences qui, souvent, sont futiles, pour pri - vilégier ce qui nous rassemble et qui nous permettra demain de nous rassembler.

Oui, il faut croire en nous, croire en notre capacité, comme tant d'autres peuples, à cheminer d'un même pas pour donner un «balan» au pays.

Nous n'avons pas le droit de rompre la chaine de l'émancipation transmise du haut de Matouba ou de la coulée de Baimbridge. Nous avons ledevoir , maintenant, de relever le flambeau, la face dressée vers l'avenir.