Appel aux femmes de Guadeloupe

«Fanm gwadloup, manman zanfan, Jennès, annou sanblé pou nou fê fòs ansanm-ansanm é fè yo vwè kè nou doubout pou lité pou la vi an péyi an nou !».

Cet appel est celui d’une femme militante pour la vie, qui ne peut admettre que nous restions muets, inactifs, insouciants, face aux menaces ouvertes et violentes qui portent atteinte à la vie des hommes, des femmes, des enfants dans notre pays.
Je ne vais pas énumérer tout ce qui ne marche pas chez nous, mais juste saisir quelques aspects insupportables de notre vie :
• L’exploitation misérable, indigne, violente par le Gouvernement français, de la crise institutionnelle du covid, initiée par un pouvoir d’Etat corrompu, pour priver de leur emploi des centaines d’infirmiers, de médecins, de personnel du médico-social et les condamner à vivre dans une situation de non-droits.
• L’abandon de toutes poursuites judiciaires contre les ministres, les hauts dirigeants de l’appareil d’Etat, les gros producteurs de banane qui ont empoisonné en violation des lois de la «Répu-blique», pendant des dizaines d’années la terre et les hommes en Guadeloupe.
• Le démantèlement de notre économie de production au profit de l’import-consommation en organisant méthodiquement la faillite de nos petites et moyennes entreprises piégées par une politique fiscale et sociale inadaptée au marché des échanges et du travail chez nous et soumises aux règles draconiennes de l’Union européenne non compatibles au fonctionnement de notre économie.
• L’aggravation de la pauvreté et des discriminations dans une société caractérisée par les bas salaires, la hausse des prix des produits alimentaires, du gaz, des loyers, etc… Ce n’est pas le nouveau bouclier qualité prix (BQP+) qui apportera une quelconque inflexion significative et durable à cette tendance.
• L’exode des jeunes et moins jeunes guadeloupéens pour la plupart formés à la recherche d’un hypothétique emploi ou d’une plus grande qualification à, l’extérieur sans espoir de retour au pays.
• La souffrance d’entendre les prévisions statistiques sur la baisse effarante de notre population.
FEMMES DE GUADELOUPE !
N’est-il pas temps de comprendre que le pouvoir français à l’aide de mensonges, de «veglag», de promesses de millions souvent jamais arrivés, mène une offensive planifiée de domestication, de renforcement de sa domination sur la Guadeloupe ?
Alors, il est temps de prendre l’urgente décision de nous rassembler pour manifester notre colère, notre indignation face au mépris et à la volonté du pouvoir de priver nos enfants d’une vie décente et d’anéantir notre communauté constituée dans les violences de l’esclavage.
Femmes de Guadeloupe, Inspi-rons-nous de la vie de nos ancêtres, de toutes ces vaillantes femmes : Solitude, Gertrude, Toto, Archi-mède, Bajot… Toutes ces héroïnes qui, dans les périodes les plus sombres de notre histoire se sont dressées contre les abominations, les violences des soldats et des géreurs de plantation, la répression des gouverneurs, l’exploitation des pwofitan pour le respect de leurs droits, de leur humanité, «pou nou pè viv an Gwadloup. Fanm Gwa-dloup, an nou lévé, maré ren an nou, taché tèt an nou !».
Nous devons jeter toutes nos forces dans la bataille que livrent avec honneur les Guadeloupé-ennes et les Guadeloupéens mobilisés pour la justice, leur liberté et pour faire «kalbandé» le système.
Pointe-à-Pitre, le 28 novembre 2022
(*) Membre du Bureau politique du PCG
Vice-présidente de l’UFG