Un 1er congrès pour les indépendants

Début novembre, les travailleurs indépendants, réunis par Dominique Virassamy, président du syndicat national des entreprises de Guadeloupe (SNEG) et de l’association «Sauvons nos entreprises», se sont retrouvés pour une journée de bilan et de présentation de leurs activités respectives. Un moment cordial qui a aussi permis d’ouvrir les discussions sur la situation de chacun.

Comment s’est déroulée cette rencontre entre indépendants de Guadeloupe ?
Dominique
Virassamy :
Très bien ! Ce fut l’occasion d’échanger sur les diverses réflexions que nous souhaitons entamer par la suite avec le gouvernement. Le SNEG, créé depuis 2015, a la vocation d’accompagner tous les indépendants de Guadeloupe dans leurs évolutions et projections. Nous ne sommes que peu visibles dans l’espace économique guadeloupéen alors que nous sommes 15 à 20 000 dans l’archipel, soit près d’un tiers des TPE de l’île. Aujourd’hui, a le statut d’indépendant, une personne qui dirige seule une entreprise. Il peut être commerçant, artisan, industriel, agriculteur, marin-pêcheur ou avoir une profession libérale. Nous sommes bien présents sur le territoire mais malheureusement nous sommes noyés et englués dans des réglementations qui ne sont pas adaptées à nos activités. A titre d’exemple dans l’agriculture, la fiscalité en Outre-mer est indexée sur celle de l’Hexagone. Or, les surfaces et les volumes ne sont pas du tout similaires. Il faut remettre du sens dans tout ça !
Quels sont les sujets prioritaires ?
En 2006, le gouvernement a instauré le RSI (régime social des indépendants) avec l’ambition que les indépendants puissent cotiser à une seule caisse. Celui-ci a été dissous en 2018 et, depuis, nous avons été intégrés au régime général de la Sécurité sociale. Or, durant plus d’une décennie, il y a eu de nombreuses erreurs informatiques dans la gestion de nos comptes. Le logiciel n’était pas du tout performant et nous nous retrouvons aujourd’hui avec des conséquences désastreuses. En effet, le gouvernement réclame des sommes exorbitantes, envoie des relances de dettes voire même des courriers d’huissiers… Nous sommes complètement désarmés face à cela. Certains chefs d’entreprises sont encore en indélicatesse au niveau de leurs cotisations sociales, ce qui pose problème quant au calcul de leur retraite. D’autres, ayant eu une carrière en dent de scie, ne touchent quasiment rien. La crise du RSI est toujours palpable et non résolue. C’est une erreur administrative sans précédent qui met beaucoup d’entre nous dans le rouge financier…
A qui revient la faute ? Les indépendants n’auraient-ils pas dû sonner la sonnette d’alarme plus tôt ?
Je suis d’accord. La faute est double. Une poignée de personnes n’a pas été suffisamment réactive et rigoureuse dans la gestion de leur entreprise. Elles ont omis de payer certaines taxes et celles-ci leur reviennent maintenant de plein fouet. Mais une grande partie est aussi victime de grossières erreurs et se retrouve à gérer des erreurs d’immatriculation, des radiations abusives ou des saisies de leurs biens… Des indépendants se suicident. C’est un sujet tabou en Guadeloupe mais c’est un vrai fléau. Nous devons s’unir pour rétablir la véracité des choses.
Quelles sont les solutions
envisagées ?
Tout d’abord, il est important de rappeler que le SNEG est là pour aider tous les indépendants. Il ne faut pas hésiter à nous contacter et nous prenons le temps d’étudier chaque dossier. Nous souhaitons renforcer nos actions pour une meilleure durabilité. Notre mission est d’aller à la rencontre de nos politiques et nous avons d’ailleurs fait une demande de mission parlementaire dans le but de mettre en lumière les dysfonctionnements du RSI. De plus, nous insistons pour établir des textes de loi plus protecteurs. C’est ainsi que, désormais, il existe une séparation entre le patrimoine personnel et professionnel, ce qui interdira la saisie sur certains comptes bancaires. Nous avons également signé une con-vention de travail avec des fédérations d’entreprises pour avoir une cartographie de la situation des indépendants de Guadeloupe et faire le point sur le travail dissimulé, les coupures d’eau et les sargasses. Nous avons vocation à balayer un large pan des problématiques actuelles qui bousculent notre société et à offrir des réponses pertinentes.