100 000 arbres pour la Guadeloupe

On dit que celui qui plante un cocotier vivra longtemps. Cela est dû à la longévité du cocotier et à sa capacité à fournir des cocos toute l’année. C’est la mission que s’est assignée l’association Conseil environnement développement durable (ACED), fondé en 1999 par M. Félix Lurel.

Dans la stratégie de protection de la biodiversité et au regard du contexte de changement climatique et de recul des surfaces boisées, l’arbre a un rôle central au sein de l’environnement. Depuis plus de vingt ans l’ACED sensibilise les citoyens sur la nécessité du reboisement et des problèmes environnementaux. Pour nous en parler, nous avons interrogeé M. Félix Lurel, expert en écologie et du diagnostic agricole.
Combien êtes-vous dans
l’association ?
Félix Lurel : Nous sommes un peu plus de 80 membres. Nous avons un noyau actif qui tourne autour d’une dizaine de membres donc nous nous répartissons le travail.
Depuis quand avez-vous commencé le reboisement ?
L’association existe, il y a une vingtaine d’années. C’est pour cela que nous avons élaboré le projet des 100 000 arbres pour la Guadeloupe, cousu sur mesure par rapport à notre expérience. Notre démarche s’adresse en priorité aux particuliers qui visent l’adaptation au changement climatique mais aussi qui relèvent le défi alimentaire parce que nous sommes dans une transition alimentaire.
L’objectif des 100 000 arbres, c’est d’abord un objectif de résilience, c’est pour rendre le territoire moins vulnérable. La Guadeloupe est un territoire à risque donc, nous essayons de planter des arbres pour tous les bienfaits qu’ils nous procurent, comme l’ombre.
Nous allons dans les écoles car beaucoup d’entre elles ont leur cour très exposée au soleil. Ce qui nous permet d’ombrager les cours des écoles et cela nous permet aussi de sensibiliser sur l’alimentation. Nous voulons ramener les enfants au fruits, aux légumes que produit le pays pour avoir une meilleure alimentation compte tenu que toutes les maladies, toutes les pathologies sont liées à l’alimentation.
Ensuite, comme il y a une transition écologique et énergétique, cela nous permet de laisser plus de place à l’alimentation locale, d’avoir des jardins partagés pour des valeurs où on va partager les fruits, les récoltes.
Quel est le nombre d’arbres
avez-vous déjà plantés ?
Il faut compter plus de 6 000 arbres. Nous avons fait le lancement en plein confinement, exactement le 12 juillet 2020, depuis chez moi à Trois-Rivières. Je ne pouvais pas compter sur les institutions, les collectivités car tout le monde était en difficulté. Près de 500 plantes ont ainsi été distribuées.
D’où sortent les plantes ?
Je passe commande chez les trois principaux pépiniéristes car la demande est tellement importante et j’achète les plantes. Il faut savoir que j’ai obtenu un financement de Life 4Dest, c’est un financeur européen très sélectif. D’ailleurs, ils ont été séduits par le projet et m’ont demandé de le renouveler. Cela nous permet en même temps de soutenir la production agricole locale.
En combien d’années aller vous pouvoir atteindre votre objectif des 100 000 arbres plantés ?
100 000 arbres, c’est se fixer un objectif atteignable à long terme. On peut faire 5 000 ou 10 000 arbres par an, mais ce n’est pas là l’objectif. L’objectif c’est d’abord convaincre les gens, leur expliquer, d’agrandir le groupe, de transmettre le savoir ainsi que les techniques.
Quel message voulez-vous faire passer à la population ?
Je veux leur dire qu’il faut diminuer notre vulnérabilité ! Il faut diminuer notre dépendance, augmenter notre résilience, avoir une alimentation la plus diversifiée que possible et locale. Il faut faire une place à la nature à la maison, de plus en plus planter un arbre fruitier. Il faut enlever un peu le béton, déminéraliser, désartificialiser, enlever même le gazon pour mettre des plantes alimentaires. Il faut bannir l’utilisation des produits phytosanitaires et planter dans le respect de l‘environnement. Il faut s’adapter aux changements climatiques.
C’est une opportunité de permettre aux enfants de reconnaître les arbres fruitiers et les plantes. Un fruit qui est sur la table ne sort pas des grandes surfaces mais d’un arbre. Félix Lurel, regrette ne pas avoir assez de couverture médiatique par rapport aux enjeux que cela représente.