Appel pour les Assises de la presse

L’histoire de la presse guadeloupéenne commence depuis le 19e siècle, avec la publication des journaux officiels, mais très vite s’est créée, à l’initiative de leaders politiques ou d’associations diverses, une presse locale traitant de l’actualité, de l’histoire, de la politique, de la culture, avec des titres qui ont marqué cette période comme : «le Courrier de Guadeloupe», «le Progrès», «le Peuple».
Dès le début du 20e siècle, la presse guadeloupéenne d’information s’impose dans ce milieu, avec l’apparition de nouveaux titres tels : «le Miroir de Guadeloupe», «Match», «L’Etincelle», le «Progrès Social». Une floraison de titres s’en est suivi qui, pour la plupart, ont connu une existence éphémère, suivant en cela la trajectoire de leurs fondateurs.
De cette presse locale notamment écrite qui était un repère pour le fonctionnement de la société, pour l’éducation populaire, l’émergence d’une culture guadeloupéenne, la diffusion des idées politiques, il reste très peu de survivants.
Le paysage médiatique est composé, d’une part, de la presse audiovisuelle totalement dominée par la radio-télévision de l’Etat, un groupe de presse inter caribéen au capital privé et de quelques radios libres, majoritairement associatives et de quelques sites web ; d’autre part, de la presse écrite guadeloupéenne, dans laquelle survivent difficilement quatre titres à faible diffusion : Nouvelles-Etincelles, Nouvelles semaine, le Progrès Social, le Courrier de Guadeloupe : le quotidien France-Antilles en faillite a été sauvé par un plan de restructuration, financé en grande partie par les fonds publics. Certains de ces organes de presse, pour gagner un lectorat plus large, développent les services de la presse en ligne.
Le constat de la situation de la presse guadeloupéenne est implacable. Avec la baisse drastique de la diffusion, l’augmentation des coûts de fabrication et des charges, le point d’équilibre est impossible à trouver. La presse guadeloupéenne, libre et indépendante, est menacée dans son existence. Nous sommes ici face à un enjeu majeur pour une société de la liberté d’expression, de la connaissance et de la démocratie.
Il faut donc ouvrir le débat sur l’avenir de la presse en Guadeloupe et sur le modèle que nous voulons initier. Mais, il ne faut pas se tromper, la presse ce ne sont pas seulement les entreprises capitaliste ou privés, les associations qui en font un business.
Il est évident qu’il ne peut y avoir de bonnes ou mauvaises presses sans l’intervention des journalistes, dont le métier, est d’informer.
La fonction des journalistes, c’est de rechercher et de produire des informations de qualité et vraies, de diffuser les connaissances, de participer à la bataille des idées pour éveiller la conscience citoyenne et faire vivre l’espace démocratique.
A ce stade, la question se pose : Les journalistes guadeloupéens, exercent-ils leur profession dans le respect de ces missions ? En tout cas, la méfiance envers la presse et les journalistes qui n’a d’égale que la méfiance envers les politiques, interroge sur le rôle de la presse en Guadeloupe.
Les Guadeloupéens, se reconnaissent-ils dans ce que dit et montre la presse en Guadeloupe ? Autant de questions qui appellent à un débat ouvert, trans parent et constructif entre tous les acteurs des entreprises de presse, les journalistes, les communicants, les lecteurs.
La presse guadeloupéenne qui dans sa grande majorité s’est développée à partir des réalités sociales de notre pays a encore la chance d’échapper à la mainmise des capitaux. L’enjeu qui s’impose à tous les acteurs du secteur, c’est de renouer avec les vraies fonctions de la presse. Elle doit retrouver son pouvoir d’informer sans se censurer sur tout ce qui se fait dans le pays, dénoncer sans oeillères tous les abus qui gangrènent notre société.
Sans mettre un voile sur le pluralisme, elle doit devenir une presse citoyenne, un outil valorisant tout ce qui participe au développement économique, à la justice sociale, à l’épanouissement culturel en Guadeloupe.
Pour penser le renouvellement de la presse guadeloupéenne et élaborer un code moral et déontologique propre aux journalistes guadeloupéens, le journal Nouvelles-Etincelles, doyen de la presse en Guadeloupe, co-organisateur du premier congrès des journalistes de la Caraïbe en 1980 à Grenade, organisateur en 2009 du premier colloque des médias de la Caraïbe en Guadeloupe, enrichi par toutes ces expériences, lance un appel à tous les acteurs de la profession pour : L’organisation des Assises de la presse guadeloupéenne.