Le brouillard politique

La Guadeloupe traverse une crise politique sans précédent. Le sentiment dominant dans la population c’est que le pays marche sur la tête. Les Guadeloupéens se rendent compte que les alternances politiques au niveau de l’Etat français et des collectivités locales ne changent rien à la situation…

Que de temps s’est écoulée depuis 1958 avant que les élus politiques dans leur grande majorité décident de s’accorder sur la nécessité de faire évoluer le statut de la Guadeloupe.
Ce fut un temps où l’évolution statutaire était le «dada» des organisations anticolonialistes et nationalistes. Aujourd’hui, ils se voient voler la vedette par d’autres formations politiques, assimilationnistes, courroies de transmission du pouvoir français et qui ont des visées diamétralement opposées.
Avec tous les changements politiques opérés en France ces dix dernières années, la Guadeloupe qui ne fait que reproduire la copie de ce qui se passe dans l’hexagone, n’a pas été épargnée par tous ces bouleversements.
C’était le temps du «ni droite, ni gauche», puis le temps du slogan «mon Parti c’est la Guade-loupe», c’était aussi le temps du renouvellement de la classe politique avec l’arrivée de jeunes se réclamant comme étant incorruptibles en politique. Au fil des temps, beaucoup d’hommes politiques, élus ou non, ont tracé leur route en chassés-croisés sur l’échiquier politique dans le seul but est d’assurer leurs propres intérêts.
Aujourd’hui, ce n’est plus un sacrilège de parler de l’autonomie en Guadeloupe. C’est un mot qu’on essaie de disséquer, de vider de son contenu politique. C’est un mot devenu passe-partout qui est galvaudé, pour «noyer le poisson». Il est courant d’entendre parler de l’autonomie alimentaire, de l’autonomie énergétique, de l’autonomie financière sans jamais évoquer l’autonomie politique nécessaire au pays pour amorcer un changement qualitatif.
La Guadeloupe traverse une crise politique sans précédent. Le sentiment dominant dans la population c’est que le pays marche sur la tête. Les Gua-deloupéens se rendent compte que les alternances politiques au niveau de l’Etat français et des collectivités locales ne changent rien à la situation surtout avec la politique scélérate que mènent Emmanuel Macron et son gouvernement. Avec la crise du covid, la situation s’est empirée, les problèmes structurants demeurent et s’aggravent.
Tous ceux qui ne peuvent supporter les ravages de la politique d’assimilation à l’Etat français et d’intégration à l’Union européenne ont le devoir de se concerter, de réfléchir ensemble sur des propositions et des solutions pour donner à la Guadeloupe une autre direction, un autre «balan».
Les Guadeloupéens doivent sortir de ce brouillard politique permanent, cogiter un modèle de développement, une vraie réponse guadeloupéenne à la crise qui ronge le pays depuis des décennies.
La seule issue politique possible est celle d’un rassemblement, sans précipitation, de toutes les forces sociales autour d’objectifs clairs et défendus par tous.