La solidarité au cœur de la fête de l’Etincelle

D ès son «Appel au peuple» lancé le 30 avril 1944, le Mouvement communiste guadeloupéen naissant, en saluant notamment à travers les Communistes martiniquais, le peu- ple de «l'île sœur», a clairement affirmé sa volonté de se tourner vers notre environnement immédiat : la Caraïbe.

A chaque fois que l'occasion lui était donnée, l'Etincelle qui, tout de suite, fut dans la foulée l'expression écrite des Communistes, n'a pas cessé, à travers le temps, de s'intéresser à la vie des peuples qui nous entourent : colonisés comme nous ou déjà libérés.

Plus tard, des contacts se sont tissés peu à peu, en particulier lors des rencontres internationales regroupant Communistes, mouvements de libération ou organisations progressistes, venus non seulement des autres régions du monde, mais aussi des Amériques, de la Caraïbe.

C'est dire que, depuis fort longtemps ,s'est déve- loppée une fraternité caribéenne avec les peuples qui nous entourent.

Il faut le reconnaître, la présence dans la région de Cuba socialiste au début des années 1960, a beaucoup contribué à nous permettre de ren- contrer tour à tour des représentants de pratiquement tous les pays de la Caraïbe et de l'Amérique latine.

La grande majorité de ces pays ont eu un destin tout autre que nous. Tour à tour, ils se sont libérés des chaines qui les liaient à la couronne britannique ou hollandaise, tout en conservant des rapports avec l'ancien colonisateur. Bien peu sont donc ceux qui ont maintenant une situation politique et économique, similaire à la nôtre.

Pire pour nous, et mieux pour eux, quelques-uns de «ces îles de la Caraïbe», que certains chez nous avaient pris l'habitude -et jusqu'à aujourd'hui encore pour beaucoup- de regarder d'en haut, allant jusqu'à dénigrer, nous ont déjà dépassés dans bien des domaines, ou sont en passe de l'être.

La Dominique, notre voisine commune avec la Martinique et Sainte-Lucie plus au Sud, sont des exemples édifiants, qui justifient nos propos.

Les tonnes de racines, de légumes, d'agrumes, d'avocats ou autres produits déversés chaque mardi sur le port de Pointe-à-Pitre, venant de la Dominique, sont là comme un pesant d'or pour donner un sens à nos propos.

Autant dire qu'au moment où certains n'ont d'yeux que pour l'Europe et ses prétendus «fonds salvateurs» agités telle une carotte, nous gagnerons à nous retourner beaucoup plus vers notre environnement naturel, à bien des égards, si nous voulons éviter le grand retour du bâton que nous préparent les chantres de l'assimila- tion parés de milles apparats et clinquants, fussent-ils roses.

Nous pourrons alors mieux comprendre pour- quoi plusieurs siècles de colonisation et soixantesix ans de départementalisation/assimilation n'ont toujours pas permis à notre peuple de voguer en toute quiétude. C'est que le grand océan dans lequel on nous impose de naviguer est truffé de courants contraires à notre évolution. Il nous appartient donc de changer de cap, pour espérer arriver à bon port : la décolonisa- tion totale de notre pays, et l'ouverture de perspectives nouvelles pour notre peuple.

Nouvelles Etincelles, sur le chemin tracé par l'Etincelle, poursuit cet objectif. C'est pourquoi, à l'occasion de sa fête les 23 et 24 juin, notre journal, dès l'ouverture le samedi soir, propose à notre peuple, et aux ressortissants des autres peuples environnants présents sur notre sol, un grand moment d'échanges et de solidarité des peuples de la Caraïbe.

Traditionnellement, la fête le samedi soir, a tou- jours été axée sur la culture guadeloupéenne, où d'autres pays voisins. On se rappelle par exemple ces prestations de groupes ou chan - teurs locaux tels Guy Conquet, «Les Viking» ou «Karibana»…, de la Caraïbe comme «Los Latinos» de Cuba, Kali de la Martinique ou les «Grammaks» de la Dominique.

Si la situation a bien changé, le contexte économique a empiré, les moyens dégra- dés.Cependant, aujourd'hui, la même volonté demeure de renforcer nos liens avec les peuples voisins.

Alors, avec Nouvelles Etincelles, ceignons nos tailles pour «danser avec la Caraïbe», à Galbas Sainte-Anne.

En effet, les ressortissants des différents pays de la Caraïbe présents sur notre sol, nous offri- ront, dans un même élan, l'occasion d'appré- cier leurs groupes et leurs musiques et de tracer quelques pas de danse.

De la Dominique, de Sainte-Lucie, de Saint- Domingue, d'Haïti, de Martinique, de Cuba…, les sonorités et danses viendront jusqu'au rivage de la plage des Galbas afin de nous permettre de faire corps à corps avec la Caraïbe, et ainsi de renforcer notre amitié, notre solidarité.

Alors, soyons nombreux à la fête, dès le samedi 23 au soir, pour «danser avec la Caraïbe».

Ainsi, plus à même nous serons armés pour échanger le lendemain dimanche 24, au cours du débat le matin, ayant pour thème : «l'économie sociale et solidaire, alternative à la crise du système de pwofitasyon».