Japon, 11 mars 2011… il est 5h46 la côte pacifique de Tohoku est frappée par un séisme d’une violence inouie

Ces lignes sont écrites samedi 11 mars 2023, date du 12e anniversaire du séisme dit de Sendai, ville située à 130 kilomètres de l’épicentre situé à l’Est, en mer du Pacifique.

Nous devons, nous Guade-loupéens, nous rappeler cet événement, car, par bien des aspects, le Japon fait penser à la Guadeloupe, d’abord parce que ces deux pays sont des îles, et ensuite, parce qu’ils sont placés tous les deux dans des zones de subduction et qu’enfin, ce sont deux îles volcaniques.
Haïti est bien une île de la Caraïbe, mais n’est pas issue comme la Guadeloupe des volcans qui n’existent d’ailleurs pas chez elle. Tout comme la Turquie, qui n’est pas une île, elle est concernée par un phénomène de cisaillement entre les plaques, ce qui exclut à priori tout risque de tsunami, sauf cas exceptionnel concernant la Turquie (Séisme d’IZMIT) en août 1999 où des éboulements de terrain dans la mer ont provoqué un tsunami modéré.
Nous qui sommes dans l’attente du prochain «big one» qui risque de dépasser en puissance (magnitude) le tremblement de terre du 8 février 1843 qui était d’une magnitude de 8.4 sur l’échelle de Richter et qui a provoqué la mort de 3000 personnes, devons nous préparer en ayant à l’esprit de ce qui s’est passé au Japon.
Le séisme de Sendai, ville située sur la côte Pacifique de Tohoku a atteint une magnitude de 9.1 sur l’échelle de Richter, ce qui est impressionnant et l’intensité sismique maximale, enregistrée à Kurihara s’est élevée à 7 sur l’échelle de Shindo (son grade le plus élevé a été atteint). Pour rappel l’intensité mesure les dégâts en un lieu donné.
Ce séisme a engendré la mort de 23.500 personnes, blessé des dizaines de milliers d’autres et détruit totalement ou partiellement de nombreuses villes et zones portuaires.
Il a aussi et surtout engendré un tsunami dont les vagues ont atteint par endroits plus de 30 mètres de hauteur, de véritables murs d’eau, parcourant jusqu’à 10 kms à l’intérieur des terres !
Dans les faits, le séisme lui-même n’a été directement responsable de la mort que de 10% des victimes, le tsunami lui est à l’origine de 90% des morts et des blessés, la plupart des constructions au Japon étant parasismiques, ce qui diffère de la réalité guadeloupéenne.
Ce séisme du siècle pour la Japon a provoqué l’accident nucléaire de Fukushima, et donc l’arrêt définitif de la Centrale et le déplacement forcé de milliers de salariés et habitants de la région menacés par la radioactivité.
Séisme du siècle aussi parce que le séisme de Sendai dont la reconstruction a coûté plus de 210 milliards de dollars est le plus onéreux de l’Histoire du Japon, loin devant Kobé en 1995 qui avait par ailleurs été-comme Pointe-à-Pitre en 1843- la proie des flammes.
Le Japon, tout comme la Guade-loupe, se situe dans une zone sismique et volcanique très active. Il est situé dans la fameuse «Ceinture de feu du Pacifique» à la jonction de 3 plaques tectoniques (plaque Pacifique, plaque Eurasienne et plaque des Philippines). Il faut savoir que 90% de l’énergie libérée à la surface de la Terre au cours de ce dernier siècle se concentre dans les zones de subduction, à l’interface de plaques en convergence. Chez nous les plaques en convergence sont la plaque Caraïbe sur laquelle repose la Guadeloupe et les Petites Antilles et la plaque Atlantique qui rentre sous la première à raison de 2 cm par an depuis des millénaires.
La Turquie et la Syrie avec plus de 51.000 morts depuis le séisme du 6 février 2023 font encore l’actualité. Haïti n’a pas fini de panser ses blessures dans un climat de totale insécurité, douze années après le terrible tremblement de terre qui a causé la mort de 250.000 personnes et laissé au moins autant de personnes sans abri.
Le 17 mars 2023, le Centre de préparation aux risques sismiques de la Guadeloupe- dont le président est Monsieur Robert Fontes- va initier à l’école Fribert Fessin de Petit-Bourg, le premier atelier de confection de kits de survie pour enfants. Ces kits, qui reviendront aux élèves, seront fabriqués par eux-mêmes qui auront reçu en amont une sensibilisation aux risques sismiques avec monsieur Christian Antenor-Habazac pour la partie théorique et le simulateur de séismes pour la partie pratique.
Nous ne considérons pas que notre population soit prête, même si le Centre de préparation aux risques sismiques forme ou sensibilise 2500 à 3000 personnes depuis 12 années consécutives. Mettons donc à profit chaque jour qui passe pour nous préparer à faire face à un événement qui touchera tout notre pays de façon certaine, sans que nous en sachions la date.
La culture du risque sismique reste un enjeu majeur en Guadeloupe, dans la mesure où c’est avant tout le citoyen qui est acteur de sa sécurité en cas de séisme. Pas l’Etat.