«Faire de l''alimentation et de l''autonomie alimentaire un levier de développement économique de notre territoire «Guadeloupe»

C''était déjà en 1996, lors du Sommet mondial de l''alimentation destiné à éradiquer la malnutrition et la faim dans le monde, le Mouvement Paysan International, VIA Campesina, créait le concept de souveraineté alimentaire ; en réponse au modèle néoliberal de l''agriculture et aux dérives du système alimentaire mondiale. La souveraineté alimentaire est : «le droit des peuples et des états à déterminer eux-mêmes leurs politiques alimentaires et agricoles, sans porter atteinte à autrui». Dans l''article de presse qui suivra, et publié le 12 décembre 2022 dans le journal «Juventud Rebeldde» vous y découvrirez comment l''Etat cubain et son peuple ont voulu faire de cette autosuffisance alimentaire un axe prioritaire pour leur croissance économique, et in fine l''inscrire, très récemment, dans la Constitution de la République de Cuba.

PERSPECTIVES ET DÉFIS DE
LA TRANSFORMATION DES SYSTÈMES ALIMENTAIRES À CUBA
Avec la loi de souveraineté alimentaire et de sécurité alimentaire et nutritionnelle, la volonté politique du pays de continuer à développer son secteur agroalimentaire de manière durable, en garantissant la sécurité alimentaire et en améliorant la nutrition des Cubains est évidente.
Depuis octobre dernier, la loi sur la souveraineté alimentaire et la sécurité alimentaire et nutritionnelle est entrée en vigueur, un pas de plus sur la voie du renforcement du droit à une alimentation saine et adéquate de la population cubaine, reconnu par les articles 77 et 78(1) de la Cons-titution de la République.
La norme met en oeuvre légalement le Plan de souveraineté alimentaire et d''éducation nutritionnelle de Cuba, le premier du genre dans l''histoire nationale approuvé par le Conseil des Ministres en juillet 2020, et est le résultat d''un large processus participatif dans lequel divers acteurs liés à la production, transformation, commercialisation et consommation des aliments, gouvernements, entités de l''administration centrale de l''État et société civile.
Le Bureau de la FAO (Organisation des Nations-Unies pour l''alimentation et l''agriculture) à Cuba, à travers le projet de collaboration et renforcement des politiques pour une sécurité alimentaire durable à Cuba (POSAS), et le Programme Impact, Résilience et Transforma-tion pour une sécurité alimentaire durable (FIRST), tous deux financés par l''Union européenne, a fourni une assistance technique à son processus de construction et de mise en oeuvre, comme une impulsion à la nécessité de transformer les systèmes alimentaires pour qu''ils soient plus efficaces et inclusifs, et contribuent à la souveraineté alimentaire et au développement durable.
Cuba a mis en place un grand nombre de politiques qui contribuent à garantir la sécurité alimentaire de la population, mais le pays consacre environ 2 milliards de dollars par an aux importations alimentaires ; subit l''impact d''une dégradation progressive de ses ressources naturelles pour la production alimentaire (sol, eau et biodiversité), et fait face à des difficultés dans le contexte actuel pour la production, la transformation et la conservation des aliments.
Pour cette raison, il se concentre sur quatre défis majeurs : réduire la dépendance aux aliments et intrants importés, éliminer les pertes et le gaspillage, organiser les systèmes alimentaires locaux et mobiliser les systèmes éducatifs, culturels et de communication pour renforcer l''éducation, l''alimentation et la nutrition. Ces défis s''accompagnent d''un regard sur les approches genre et générationnelles, en réponse à des phénomènes tels que la faible attractivité de l''agriculture pour les jeunes et l''existence de difficultés qui limitent l''incorporation des femmes dans le domaine.
Le président de la République, Miguel Díaz-Canel Bermúdez, a placé trois questions centrales à l''ordre du jour du Plan SAN dans le pays : la nécessité de promouvoir l''intersectorialité comme condition essentielle pour atteindre la souveraineté alimentaire et l''éducation nutritionnelle ; mettre le savoir et la science au service de la production alimentaire ; ainsi que l''importance de renforcer la stratégie de développement territorial, en décentralisant et en donnant une plus grande autonomie aux municipalités, en tant que maillon essentiel pour l''avancement de la nation.
La loi SSAN réglementera l''organisation des systèmes alimentaires locaux qui articulent la production, la transformation, la commercialisation et la consommation des aliments, ainsi que les questions générales sur la garantie de la qualité et de la sécurité dans les chaînes alimentaires. De même, il établira les stratégies et mesures de prévention et de réduction des pertes et gaspillages aux stades de la récolte, de la post-récolte et de la commercialisation, et guidera les obligations des acteurs des systèmes alimentaires dans la commercialisation et la transformation des aliments.
La politique de développement territorial approuvée, son décret-loi 33 et la loi SSAN (article 20) constituent désormais les instruments à la disposition des gouverneurs pour promouvoir le développement local durable, et en particulier le développement de systèmes alimentaires locaux inclusifs et équitables, en ligne avec le Conseil Economique et Social. Stratégie de développement, les Objectifs de Développement Durable et la décentralisation dans le cadre constitutionnel.
C''est l''heure et le tour des municipalités(2), du développement local et faire des systèmes alimentaires durables une réalité dans chaque territoire nécessite un changement de vision de tous les acteurs impliqués dans ce processus, sous l''impulsion des gouvernements locaux et la participation citoyen-ne, avec un accent particulier sur les jeunes et les femmes.
Le grand défi est maintenant d''accompagner les maires avec des outils et des ressources pour formuler leurs plans d''action pour des systèmes alimentaires locaux souverains et durables et d''obtenir les ressources financières pour les mettre en oeuvre.
Dans des moments complexes tels que ceux que traverse l''île en raison de la pandémie de Covid-19, du conflit entre la Russie et l''Ukraine et du changement climatique, la mise en oeuvre de cette loi témoigne de la volonté politique du pays de continuer à développer son agroalimentaire de manière durable, garantir la sécurité alimentaire et améliorer la nutrition des hommes et des femmes cubains.
(1) Attendu que : La Constitution de la République de Cuba, dans sa articles 77 et 78, établit que toute personne a le droit de une alimentation saine et adéquate, pour consommer des biens et services de qualité qui ne nuisent pas à leur santé, d''accéder à des informations exactes et à leur sujet et de recevoir un traitement équitable et digne, conformément à la loi et, par conséquent, l''État crée les conditions pour renforcer la sécurité alimentaire de toute la population
(2) En 2022, les 15 provinces de la nation cubaine sont dirigées par des gouverneurs (m/f). Et elle compte 167 municipalités, et une municipalité spéciale L''île de la jeunesse.
(Sources : journal Juventud Rebelde de Cuba - Parution le 12 décembre 2022)